Victor de
Claudie GallayActes Sud
« 80% de ce que nous sommes vient de nos gènes, le reste c'est de la liberté (...) 20% c'est peu. Peu ne veut pas dire rien. Une marge de liberté étroite donc, mais si on utilise bien ces 20%, c'est déjà pas mal. C'est même beaucoup. le problème, c'est l'utilisation.
Il en découle qu'on ne vient pas au monde tout seul, on est porté par quelques autres, les vivants d'avant, des disparus, qu'on se choisit, à tort ou à raison, dans la généalogie funèbre, pour se sentir moins seuls, moins tristes, et qui nous font poursuivre ce qu'ils n'ont pas pu faire ou pas achevé, par manque de temps, par manque de force, par lassitude aussi. Et nous devons continuer pour ne pas les trahir. »
C'est un récit intimiste que nous propose
Claudie Gallay, c'est le livre de sa recherche des origines, l'histoire d'un fil presque invisible, familial et intrinsèquement lié à son arrière-grand-père
Victor, l'artiste, un personnage.
Son grand-père n'a pas été élevé par ses parents, abandonné il a été recueilli par Philomène qui lui a offert le gite, le couvert, l'éducation, l'amour d'une mère et un frère de lait. Néanmoins, son père biologique n'était pas un inconnu. « Son vieux » disait-il avec pudeur pour parler de ce papa, il gravite autour de sa nouvelle famille, toujours en périphérie, plus copain que père.
Grand-mère ne veut pas remuer le passé pour préserver son époux. Les petites filles se permettent parfois de bousculer l'ordre des choses. Claudie va poser les questions au grand-père taiseux, celui-ci va répondre avec parcimonie, rares et précieuses paroles qui permettront de dévider les fils des origines, de vieux papiers en photos fatiguées, d'archives en cimetières, souvenirs fragiles et mémoires trouées.
« Ce que la mémoire retient. Parfois, des détails. Et ce qu'elle oublie. Parfois l'oubli troue la mémoire, il n'en reste que des fragments ».
Un texte personnel et sensible, une histoire qui m'a impressionnée tant elle fait écho à mes propres recherches. Cette histoire au final surprenant permet de comprendre l'importance de remettre chaque chose à sa bonne place et de comprendre enfin...réparer peut-être.
« Je viens d'eux. Mes gestes, mes forces, mes manques, mes ténacités. »