Lorsqu’un auteur écrit ce qu’il pense d’un personnage historique, il néglige rarement d’affirmer à ses lecteurs, dès le début, qu’il s’est efforcé de demeurer libre de tout parti pris ou préjugé, qu’il a travaillé sine ira et studio, comme l’exprime la belle phrase classique. Pour ma part, je dois commencer ma contribution à cette étude psychologique de Thomas Woodrow Wilson par l’aveu que la personne du Président américain, telle qu’elle s’est élevée à l’horizon de l’Europe, m’a été, dès le début, antipathique, et que cette aversion a augmenté avec les années à mesure que j’en savais davantage sur lui et que nous souffrions plus profondément des conséquences de son intrusion dans notre destinée.
La psychologie moderne ne peux rien ajouter à la formule classique selon laquelle le bonheur est "la modération en tout" ; elle peut seulement ajouter que la modération dans les exigences du surmoi est aussi essentielle que la modération dans toutes les autres choses.
Difficile de savoir ce que Freud aimait dans ce diplomate élégant et charmeur, personnage clef des premières relations soviéto-américaines, dont Will Brownell et Richard N. Billing viennent tout juste d’écrire la biographie : So Close to Greatness. Mais il appréciait sa compagnie. Avec la chanteuse Yvette Guilbert et le romancier H.G. Wells, Bullitt était même la seule personne à appeler Freud par son nom de famille sans le faire précéder d’aucun titre…
Bien qu’il fût « l’enfant chéri de sa mère » dont on se moquait et qu’il s’accrochât à elle, il ne la citait jamais, pas plus qu’il ne racontait ses faits et gestes. Il regrettait d’avoir hérité son corps chétif, ses yeux faibles et sa timidité. Il voulait ressembler à son père, non à sa mère – être un Wilson, non un Woodrow. Cependant il demeurait physiquement un Woodrow.
Ce livre ne ressemble à aucun autre livre de Freud. La communauté psychanalytique aurait pu s’en réjouir. Ce ne fut pas le cas. C’est même l’ouvrage qui fait le plus souvent défaut dans les meilleures bibliothèques freudiennes et la référence la moins citée de la littérature analytique. Pour tout dire, ce livre n’a jamais eu bonne réputation.
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Quand une situation semble désespérée, quand il n'y a plus d'espoir, quand on est en guerre, une chose qui peut aider : la culture. Ce n'est pas moi qui le dit, mais un célèbre psychanalyste. Savez-vous qui ?
« Malaise dans la culture » de Sigmund Freud, c'est à lire en poche chez GF.