Les gnostiques enseignent que ce voyage dure de nombreuses vies. Tout comme chaque soir nous allons dormir pour nous réveiller le lendemain revigoré, à la fin d'une vie, nous mourons, puis nous nous réincarnons en qualité de nouveau corps devenant de plus en plus sage après les multiples expériences passées. De la sorte, vie après vie, nous avançons progressivement sur la route de l'accomplissement.
Le chemin gnostique de la connaissance de soi nous fait faire la découverte que l’eidolon n'est pas notre vrai soi et, progressivement, que la Conscience est notre nature essentielle. On peut imaginer cela comme un processus consistant à déplacer le point de notre identification à partir de la circonférence des « moi » tout au long du rayon, jusqu’au centre où nous finissons par comprendre ce que nous sommes : la Conscience.
En nous identifiant au corps, nous essayons de satisfaire et de protéger la personne que nous prenons faussement pour nous-même. Nous cherchons ce qui est bon pour l'idée limitée de notre « moi », sans tenir compte des conséquences pour les autres et tout l'ensemble. Et c'est ainsi que la présence impersonnelle, sage et aimante qu'est le Mystère de Dieu, se transforme en une entité individuelle, égoïste et ignorante.
En tant que nouveau-né, nous n'avons aucune idée de qui nous sommes. Nous arrivons donc à nous concevoir nous-même tel que tout le monde dit que nous sommes : un corps visible. Nous nous identifions à la façon dont nous paraissons aux yeux des autres, plutôt qu'a celle dont nous sommes pour nous-même. Les gnostiques appellent eidolon notre identité apparente, mot qui veut dire « image ».
Telle est la tragi-comédie de la condition humaine. Nous sommes tous Dieu, mais en général nous nous prenons pour des individus quelconques. Nous nous identifions complètement au corps, qui n'est qu'une apparence sur la circonférence du cercle des « moi », et n'avons aucune connaissance de notre nature fondamentale en tant que Conscience centrale.