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Silvia Federici (Autre)Veronica Gago (Autre)
EAN : 9782369355106
288 pages
Le Passager Clandestin (05/05/2022)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Dettes et féminismes : deux mots qui déclenchent des réactions presque allergiques chez de nombreuses personnes. Deux mots qui, pour d’autres, ne suscitent rien du tout. Pourtant dettes et féminismes constituent deux des plus grands défis croisés de notre temps.

Partout dans le monde, les femmes subissent les décisions sexistes et colonialistes d’États et d’institutions se préoccupant plus du remboursement des dettes que du sort des humain·es et de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cet ouvrage, reçu dans le cadre de Masse Critique du mois de juin (merci à Babelio 😉) explore les politiques d'austérité et leurs effets sur les femmes, avec une vision intersectionnelle prenant en compte les races et les classes sociales . D'un abord un peu difficile car imprégné de notions économiques et politiques, ce livre permet de mieux comprendre les effets des politiques économiques mondiales en terme d'augmentation des inégalités, dont les femmes et encore plus celles issues de l'immigration sont les premières victimes. Il s'attarde plus spécifiquement sur la dette, qu'elle soit publique ou privée, sur les inégalités liées au travail (les politiques incitant les femmes à accepter des postes plus flexibles, moins bien payés, moins bien valorisés socialement...) et plus largement, le fait que les finances régissent le monde et favorisent l'homme blanc occidental, tout en augmentant encore plus les inégalités qui pèsent sur les femmes dans la société.

Les autrices retracent partiellement l'histoire des droits des femmes et s'attardent sur le fait que ceux-ci ont plutôt diminué qu'augmenté au cours des siècles (ce que certaines autrices comme Titiou Lecoq ont démontré dans d'autres ouvrages). On y apprend également que les colonisations ont eu des effets plutôt néfastes, et particulièrement sur les femmes, puisque dans certains pays, celles-ci ont perdu des droits et de l'autonomie alors que leur société était plus égalitaire, sous prétexte que le développement nécessitait que chaque genre reprenne sa place (les hommes pourvoyeurs de revenus et les femmes à la maison).

Elles s'attardent aussi sur le fait que le "care" (le travail consistant à prendre soin des autres) n'est pas valorisé alors que porté majoritairement par les femmes, n'a pas de "valeur économique" dans la société capitaliste alors que celle-ci s'effondrerait si les femmes arrêtaient de s'en charger. La santé est l'un des premiers secteurs impacté. Bien sûr, le remboursement des dettes pousse aussi à des coupes drastiques dans les politiques sociales (chômage, retraite mais aussi aide aux associations féministes). Et les femmes restent les 1ères victimes de ces dettes car elles souscrivent des emprunts privés pour subvenir aux besoins de leurs enfants (souvent des besoins primaires). Enfin, les autrices lancent des idées pour sortir du système dette via l'écoféminisme, estimant que les dominants sont redevables vis-à-vis des femmes mais aussi de la nature, et qu'un système circulaire plutôt que pyramidal, intégrant la notion d'écologie serait une solution à de nombreux problèmes de la société actuelle.

Cette lecture très complète, pas toujours facile mais très riche, permet d'ouvrir les yeux sur le fait que le patriarcat est vraiment partout dans nos sociétés et que tout part de ce système, notamment le capitalisme mondial. On se rend compte de l'injustice totale de ce système et du fait que les organismes tels que le FMI ou la Banque Mondiale ne font qu'augmenter les inégalités, à la fois entre les hommes et les femmes, mais également entre les pauvres et les riches et entre les pays du nord et les pays du sud. C'est une vraie prise de conscience de l'injustice de notre système et de la nécessité que les choses changent.

Un ouvrage féministe que je conseille vraiment de lire !
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Il y a beaucoup de choses dans ce livre que je savais déjà ; mais sans en connaître les tenants et les aboutissants.
Par exemple, je savais bien que la principale cause de la mort chez les agriculteurs était le suicide, mais je ne connaissais pas toutes les raisons qui amenaient à ces drames. Je n'en connaissais seulement les symptômes.

Ce livre est fabuleux car il explique très clairement des choses très complexes : comme la dette internationale, ses enjeux, ses problématiques, et cela d'un point de vue mondial. Moi qui ne comprends rien à la finance, ça m'a quand même permis d'avoir une porte ouverte sur le sujet et de bien comprendre de quoi il est réellement question. Et surtout, à l'international ! C'est-à-dire que les études de cas parlent aussi bien de l'Allemagne que du Bénin ou de l'Inde etc. Et ça, c'est fabuleux, personne n'est oublié ou laissé pour compte. Puisqu'on est tous et toutes embarqués dans cette grande galère mondiale, le livre prend en compte et englobe toutes les différences et ressemblances entre les individus. Il montre brillamment l'exploitation de tous les humains sur terre, et d'autant plus les discriminations systémiques des populations racisées, homosexuelles, ou encore féminines. Montrant également que quelqu'un appartenant à plusieurs de ces populations cumule les désavantages dans ce fameux système mondial de société.

Bref, ce livre doit être absolument mis dans toutes les mains, car en effet il explique bien dans quel monde on vit et, surtout, la manière dont il fonctionne.

Les solutions apportées par ce livre sont féministes, antiracistes et inclusives et pensent à l'échelle mondiale.
En effet, le monde est décortiqué et expliqué, mais au-delà de ça, des vraies solutions sont proposées, ce n'est pas seulement un grand pamphlet, c'est également une ouverture des possibles. L'ouvrage montre que les choses peuvent encore peut-être changer, qu'il existe un système viable et différent : un système qui ne met pas en danger la nature, où la condition des individus est respectée et ne se fait pas en fonction de l'argent ou de la couleur de peau.
Ce n'est pas utopiste, car bien sûr ça ne sera pas évident du tout. Surtout avec tout le mal déjà fait. le livre explique bien que le système est à repenser dans son entièreté. Mais en tout cas, les choses sont posées et démontrées.

Les autrices prennent le temps de bien analyser comment on pense actuellement et comment fonctionne et est gérée la dette en ce moment, puis comment on pourrait penser autrement. le livre est d'ailleurs très argumenté, utilisant de nombreuses ressources scientifiques, économiques, sociales de différents experts à travers le monde.
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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cet essai mêle les dettes économiques mondiales et le féminisme, montre à quel point les dettes asservissent les femmes, les enferment dans la pauvreté, ne leur donne pas les ressources nécessaires pour vivre correctement.

un essai très dense et complexe ! je ne l'ai pas lu jusqu'au bout. Je prendrais le temps de le lire petit à petit pour tout assimiler et reviendrai compléter ma critique par la suite.

je tiens à remercier Babelio et les Editions le Passager Clandestin pour l'envoie de ce Service Presse.
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Arrivé dans ma boîte aux lettres grâce à la Masse Critique (merci d'ailleurs !), j'ai embarqué cet ouvrage dans mes valises. La plage et les vacances n'étaient peut être pas le meilleur endroit pour me pencher sur cet essai abordant une question peu réjouissante de l'économie. Mais je me suis accrochée et me voilà arrivée au bout !

Tout d'abord, une mention plus qu'honorable pour la façon claire et fluide qu'ont les autrices d'exposer leurs idées. On est loin du jargon parfois utilisé dans ce t
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
INTRODUCTION
Les dettes déterminent nos choix, enferment nos possibles,
Toi, comme moi, on en connait.
La dette, C'est celle qui justifie la fermeture de la creche ou un licenciement odieux.
Cest celle qui donne la boule au ventre à la fin du mois, qui hante nos nuits.
C'est celle qui est source d'une honte toujours plus répandue, normalisée.
Celle qui a payé des études pour au final accepter un boulot qui ne suffit pas à la rembourser.
Celle qui fait qu'on ne parte pas, qu'on ne se sépare pas, qu'on accepte l'intolérable.
En fermant les maternités, en sous-finançant la santé, la dette nous fait mourir. Nous empêche d'avorter. De nous soigner.
Elle tue, tous les jours.
La dette, c'est celle qui t'expulse violemment de ton logement.
Celle qui fait qu'on s'empoisonne aux pesticides brevetés Monsanto ou Bayer.
La dette, cest celle qui decide qui a du pouvoir et qui n'en a pas. C'est celle qui les enrichit alors qu'ils ont pille.
C'est celle, aussi, qui nous donne la rage.
c'est celle qui nous donne de la force quand on prend conscience de tout ce qu'ils nous doivent !
c'est celle qui dit due au vivant, à la Terre.

La dette, c'est celle qui est au centre d'enjeux globaux autant que de nos intimité, de nos quotidiens, de nos peurs, de nos désirs.
c'est celle qui nous empêche de nous concentrer sur ce qui compte vraiment, celle dont nos luttes doivent s'emparer.

Et c'est aussi celle qu'on peut décider de ne pas payer.
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Au Canada par exemple, d'après les données de 2011 de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), la seule situation dans laquelle le partage est égal, au sein du couple hétérosexuel, est quand la femme travaille à temps plein et que l'homme est à la maison.
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Si cette privatisation de la reproduction sociale est sans cout pour le capitalisme patriarcal, on ne peut en dire autant pour les femmes, qui suppléent à «cette privatisation des effets économiques de l'ajustement». Cette augmentation sans cesse plus exigeante de leurs efforts pour assurer la prise en charge du bien-être de la collectivité se fait souvent au prix d'un épuisement physique et mental sans appel : les femmes n'ont plus de temps pour elles, pour souffler, se reposer, se repenser, se former, se divertir, se rêver...
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La dette est un outil persistant du colonialisme: elle est désormais le principal moyen pour le capitalisme international de produire de nouvelles formes d'esclavage.
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Dans de nombreux pays, notamment africains, alors que la part du budget public allouée aux services sociaux de base (la santé, l'éducation, les infrastructures routières et hydrauliques, l'électricité, etc.) se situe entre 4 et 20 %, celle allouée au service de la dette oscille entre I5 et 45 %.
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