encore une trouvaille de boîte à livres, merci au lecteur-partageur!!!
le sous-titre "les volontaires de 92" ne figure pas sur mon livre, dont la couverture, à peine plus épaisse que les pages, en est du même papier.
un morceau d'Histoire, vu par les yeux d'un enfant, enfin... un vieil homme qui se rappelle le temps de son enfance.
le village est paisible, mais un jour arrivent les Français, puis les Croates.
plus rien ne sera comme avant, mais de ce malheur naîtra un bonheur familial, on se console comme on peut.
le roi de Prusse devra laisser la place à la République, et les villageois hostiles se verront finalement heureux du changement.
la description du mode de vie et celle de la situation "politique" sont intéressantes, comme une révision du cours d'Histoire, avec le regard plus adulte du lecteur que celui de l'écolier.
c'était toujours mieux avant... ce n'était pas plus facile :)
Commenter  J’apprécie         21
Nous vivions dans une paix profonde au village d’Anstatt, au milieu des
Vosges allemandes, mon oncle le docteur Jacob Wagner, sa vieille servante Lisbeth et moi.
Depuis la mort de sa soeur Christine, l'oncle Jacob m'avait Recueilli chez lui. J'approchais de mes dix ans ; j'étais blond, rose et frais comme un chérubin. J'avais un bonnet de coton, une petite veste de velours brun, provenant d'une ancienne culotte de mon oncle, des pantalons de toile grise et des sabots garnis au dessus d'un flocon de laine. On m'appelait le petit Fritzel au village, et chaque soir, en rentrant de ses courses, l'oncle jacob me faisait assoir sur ses genoux pour m'apprendre à lire en Français dans l'Histoire naturelle de M. de Buffon.
Le père Schmitt regardait Scipio d'un air attendri; on voyait qu'il lui rappelait le bon temps de son régiment.
- Oui, fit-il au bout de quelques instants, c'est un vrai chien de soldat. Mais reste à savoir s'il connaît la politique, car beaucoup de chiens ne savent pas la politique.
En même temps, il prit un bâton derrière la porte et le mit en travers, en criant :
- Attention au mot d'ordre!
Scipio se tenait déjà prêt.
- Saute pour la République! cria le vieux soldat. Et Scipio sauta par-dessus le bâton, comme un cerf.
- Saute pour le général Hoche!
Scipio sauta.
- Saute pour le ri de Prusse!
Mais alors Scipio s'assit sur sa queue d'un air très ferme, et le vieux bonhomme se mit à sourire tout bas, les yeux plissés, en disant :
- Oui, il connaît la politique... hé! hé! hé! Allons... arrive!
Il lui passa la main sur la tête et Scipio eut l'air très content.
- Fritzl, me dit alors le père Schmitt, vous avez un chien qui vaut son pesant d'or; c'est un vrai chien de soldat.
Erckmann et Chatrian :
Gens d'Alsace et de LorraineOlivier BARROT signale la publication aux Presses de la Cité (collection Omnibus) de "
Gens d'Alsace et de Lorraine" d'
ERCKMANN-CHATRIAN. Ce gros ouvrage rassemble six des Romans et Contes des deux célèbres Alsaciens.