La mère d'Hermann ne possède pas de téléviseur; elle écoute la radio avec des écouteurs tout en lisant, en lisant sans arrêt. Un jour elle a pris une feuille de papier sur laquelle elle a écrit au feutre bleu en lettres majuscules : "Je ne veux plus souffrir, je ne veux plus que survivre", et elle a fixé le papier au mur avec quatre punaises à côté de son lit. Quelques semaines plus tard, elle l'a enlevé et en a mis un autre sur lequel était écrit : "Je suis un être humain, en chair et en os." Mais celui-ci aussi elle l'a jeté. Elle a acheté des livres à l'héritier d'une librairie d'occasion; ils étaient stockés dans un garage d'où Hermann et sa mère les ont transportés dans l'appartement à l'aide d'une brouette. Tous les samedis, ils s'acquittaient de ce travail fastidieux jusqu'au moment où les nombreux cartons contenant les livres poussiéreux ont obstrué un tiers de la salle de séjour. Hermann et sa mère sont à présent enfermés dans un wagon de marchandises relégué sur une voie de garage parce qu'on a oublié de l'accrocher à la locomotive; derrière les fenêtres, les façades des maisons sont immobiles, mais dans la tête de la mère, le monde entier passe en dansant. Hermann reste seul; ça le pique sur tout le visage - cela vient de la poussière des livres. (La photo)
La jeune mère est sèche avec les gens et peu loquace. Souvent elle ne s'en rend compte qu'après, mais elle ne fait jamais rien pour y remédier. Elle voudrait établir le contact uniquement à l'aide de quelques mots-clés. elle voudrait suivre toute seule et en silence le cheminement sinueux de ses pensées et seulement après, sauter dans l'eau froide où sont les autres, les requins et les poissons inoffensifs. Elle se dit qu'elle devrait apprendre à être gentille avec les poissons, à bavarder avec eux pour gagner leur amitié. (La jeune mère)
Troublé comme quelqu’un qui a vu de ses propres yeux une fleur boire l’eau d’un verre en quelque secondes, il se leva et quitta la femme pour prendre le bateau et retourner sur son île. Là, il dit à son perroquet : « J’ai fait un détour ».
Mais il se passe à présent quelque chose d’inattendu : des phrases qui affluent se soulèvent des mots qui, deux par deux, s’élancent vers le ciel où ils s’immobilisent sous formes de lettres de feu.
Mes désirs ou mes appréhensions, par exemple, se dissimulent en un rien de temps dans les objets et les animent.