Dans la chambre des enfants tout est simple, et poignant. La fenêtre est ouverte. Elle bat, elle respire. L'eau de la pluie ruisselle sur les marches. Il faudrait d'autres paroles pour éponger une eau-mère si amère. D'autres musiques pour danser. Devant la fenêtre ouverte, transportée.
Vague plus silencieuse que le reflux
qui assure la main pour une subversion
des signes, sur un entablement
d'étoiles
que tu es le dernier à réduire
à leurs traces dans l'air spiral
L’énergie disloquante de la mise à nu, de la mise à mort, un travail de tension, d’attention, d’ouverture en chaque point du passage, un bleu solaire, [..], une préhension consciente, ultime, du courbement de la terre et de la pensée... Sa puissance négative et fondatrice, augurale, lance et fortifie sur des pilotis éphémères un rapport essentiel entre la parole et la terreur. Un rapport de violence, un nœud d’effraction, une atteinte par défaut, un éclat qui exclut celui dont la main sans pouvoir l’écrire, le revendiquer, trace à l’infini. Une main dont les lignes vont se dissiper dans l’air.
Le perpétuel du retour
d’une adhérence aux choses, à la vie
le toucher du vivant dans l’éclair
suppose une mort liminaire, un
arrêt du cœur
et chaque seconde
chaque gorgée de vin chaque
bouchée de terre et de nuit
une implosion transparente
qui va
désagrégeant l’opacité
ensemençant le corps
et la toile
afin que la parole
se recompose dans la terre, s’ouvre
un passage dans l’air acide
et la reconstruction du souffle au-delà
une très lente incorporation du feu
une chimérique
expatriation du feu intérieur
aux bords extrêmes de la peinture, de la voix
Est-ce l’étranglement d’une bête d’eau noire qui se débat en dormant ? Qui ne se défend, ne cherche à fuir qu’en s’enfonçant plus loin dans le sommeil, [..]
Je suis loin d’avoir étanché l’énorme énergie de sa soif de sommeil. D’ébranler la furieuse organisation d’une intelligence obstruant les issues, éteignant les fissures. De brûler tous les mots échangés. [..]
Une bête à l’innocence sanguinaire. Suppliante et suppliciante. Dormant dans mes veines comme une fleur de pavot. Pour me convaincre de ne plus cesser de dormir, de nager dans ses songes de mort
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
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