Voici un thriller psychologique qui a éveillé mon intérêt avec ce couple de tueurs en série. J'aimais beaucoup l'idée de personnages principaux mauvais, peu recommandables et comploteurs. Pour une fois, on est du point de vue des coupables ! Cela changeait des polars habituels avec des personnages gentils, d'autres trop fous/borderline ou des policiers chargés d'une enquête. On a un tandem qui enlève, séquestre et tue des femmes pour le plaisir. Millicent et son mari ont pleinement conscience de leurs actes et agissent sous les yeux de tous… Tels des serpents attendant leur proie, ils oeuvrent dans le secret et frappent lorsque l'heure est venue ! Bien sûr, il n'est pas possible de s'attacher à ce duo de psychopathes cependant, on se demande où va mener le scénario, ce qui rend la lecture aussi malfaisante qu'addictive.
Samantha Downing a réussi à susciter ma curiosité avec Millicent, cette mère de famille terrifiante, froide, méticuleuse, ordonnée, calme, dirigiste et renfermée. Je me demandais à quel point elle aimait faire le mal et jusqu'où elle irait. Je la sentais très mystérieuse, bien plus que le narrateur, ce qui m'amenait à me poser une multitude de questions. Finalement, j'ai globalement apprécié ses interventions néanmoins, j'ai regretté d'avoir directement compris son secret familial. C'était, à mon sens, trop évident.
Le héros, que l'on nommera « Tobias » sera le seul point de vue que l'on aura. Il n'y aura donc pas de narration multiple se plaçant du côté de sa famille ou des victimes. de ce fait, le lecteur se met facilement à douter de tout le monde. C'est une qualité de ce point de vue-là toutefois, je reconnais que j'avais voulu être dans la peau de Millicent pour mieux la comprendre… D'ailleurs, comme c'est elle qui dirige le couple, son époux fait vraiment pâle figure à côté d'elle… La personnalité de Tobias m'a semblé étrange : à la fois simple et complexe, je trouvais qu'il pouvait correspondre à un « Monsieur tout le monde », en plus retors. J'avais du mal à le cerner. Parfois, je le trouvais peu intéressant, voire banal… Puis, son attitude changeait : il devenait calculateur et menteur, ce qui m'intriguait. J'ai surtout été étonnée par le fait que l'on ne connaisse pas son véritable nom. Cela m'a travaillée tout au long de la lecture : jamais un personnage va le nommer. C'est très perturbant ! Je me suis d'ailleurs demandé si cette absence d'identité allait jouer un rôle dans l'intrigue… Mais apparemment non. de ce fait, je ne sais toujours pas pourquoi
Samantha Downing a fait ce choix. le reste des personnages est assez peu développé. Que ce soit Rory (le fils qui fait du chantage à son père lorsque ce dernier fait le mur), Jenna (l'ado populaire paranoïaque) ou les connaissances du couple, tout ce petit monde semble assez lisse et caricatural… C'est regrettable mais, il me semble que c'est une décision volontaire de l'auteure, bien décidée à uniquement mettre en avant son tandem digne de la série « Dexter » !
L'ouvrage souffre d'un rythme particulièrement lent, afin d'amener doucement mais sûrement une ambiance oppressante. Cela permet également de comprendre le stratagème bien rodé de Millicent et de Tobias. J'ai trouvé l'idée de se faire passer pour un sourd aussi glaçante que brillante. le coeur battant, j'ai assisté à leurs sinistres machinations pour capturer des victimes innocentes. En outre (attention, petit spoil, mais j'y tiens, car c'est LA chose qui m'a finalement le plus séduite dans l'histoire !), j'ai adoré la couverture des tueurs ! En effet, au début du roman, on apprend que les deux assassins cherchent à imiter Owen Oliver Riley, un ancien tueur en série. Ils se mettent alors à procéder comme lui. Je me suis demandé si cela allait fonctionner, si le véritable Owen allait débarquer et si Tobias n'était pas de la même famille qu'Owen. Je me suis fait une multitude de films autour d'Owen. Sans ce concept, j'avoue que j'aurais eu tendance à décrocher, car le rythme est vraiment trop calme ! Les actions sont assez répétitives, on se concentre sur la psychologie du couple et on se contente de scènes quotidiennes dans lesquelles se glissent des conversations morbides. Seules les cent dernières pages vont se montrer haletantes ! Sur un total de 410, je trouve ça assez maigre. J'ai eu l'impression de tourner en rond ! «
Pas de secrets entre nous » aurait gagné en fluidité avec une centaine de pages en moins… On aurait pu également éviter les passages rébarbatifs qui n'apportaient rien à l'intrigue principale. Par ailleurs, le dénouement s'est révélé trop brutal, attendu et facile. J'en attendais davantage, surtout après ce dernier quart immersif ! Je referme donc ce thriller psychologique avec un sentiment mitigé. Dommage, car le concept du couple d'assassins était alléchant !
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