Tous sont malheureux parce que tous ont peur d'affirmer leur volonté. Si l'homme a été jusqu'à présent si malheureux et pauvre, c'est justement parce qu'il avait peur d'affirmer le point capital de sa volonté et qu'il en usait furtivement, comme un écolier. Je suis terriblement malheureux car j'ai terriblement peur. La peur est la malédiction de l'homme... Mais j'affirmerai ma volonté, j'ai le devoir de croire que je ne crois pas. Je commencerai, et je finirai, et j'ouvrirai la porte. Et je sauverai. Cela seul sauvera tous les hommes et, dans la génération suivante, les transformera physiquement ; car dans l'état physique actuel, j'y ai longtemps réfléchi, l'homme ne peut en aucun cas se passer de l'ancien Dieu. J'ai cherché trois ans l'attribut de ma divinité et j'ai trouvé : l'attribut de ma divinité est ma volonté ! C'est tout ce par quoi je puis manifester sur le point capital mon insoumission et ma terrible liberté nouvelle. Car elle est terrible. Je me tue pour manifester mon insoumission et ma terrible liberté nouvelle.
Il est des amitiés étranges : deux amis ont presque envie de s'entredévorer, passent toute leur vie, et cependant ne peuvent se séparer.
Je ne vous souhaite pas beaucoup de bonheur : vous vous ennuieriez. Je ne vous souhaite pas non plus de malheur ; mais à la suite de la philosophie populaire, je répète simplement "vivez davantage" et tâchez de ne pas trop vous ennuyer ; ce vain souhait je l'ajouterai cette fois de ma part. Eh bien, adieu, et adieu pour de bon. Et ne restez pas devant ma porte, je n'ouvrirai pas.
- Vous aimez les enfants ?
- Oui...
- Par conséquent, vous aimez aussi la vie ?
- Oui, j'aime la vie, pourquoi ?
- Mais vous êtes décidé à vous brûler la cervelle ?
- Eh bien ? Quel rapport y a-t-il ? la vie est une chose, la mort en est une autre. La vie existe, la mort n'existe pas.
- Vous croyez donc maintenant à la vie future éternelle ?
- Non, pas à la vie future éternelle, mais à la vie éternelle ici même. Il est des instants, vous arrivez à des instants, où le temps s'arrête soudain et le présent devient éternité.
Une idée traversa comme un éclair l'esprit de Lipoutine : "Je vais faire demi-tour et rebrousser chemin ; si je ne fais pas demi-tour maintenant, jamais je ne rebrousserai chemin." Ainsi pensa-t-il exactement le temps de faire dix pas, mais au onzième une idée nouvelle et désespérée s'alluma dans son esprit : il ne fit pas demi-tour et ne rebroussa pas chemin.
Trad. Elisabeth Guertik
- Il y avait deux êtres et tout à coup il y en a un troisième , un nouvel esprit , complet , achevé, comme il n'en sort pas des mains humaines ; une nouvelles pensée et un nouvel amour , c'est même effrayant .......Et il n'est rien de plus grand au monde !
Pour moi, il n'y a rien de plus haut que l'idée que Dieu n'existe pas. J'ai pour moi l'histoire de l'humanité. L'homme n'a fait qu'inventer Dieu pour vivre sans se tuer ; toute l'histore universelle est là. Moi seul pour la premère fois dans l'histoire universelle, je n'ai pas voulu inventer Dieu. Qu'on le sache une fois pour toutes. p. 513 Kirilov
L’Homme n’a fait qu’inventer Dieu pour ne pas se tuer. Voilà le résumé de l’histoire universelle jusqu’à ce moment.
Le sort de la femme russe est affreux, Varvara Pétrovna!
Il faut croire qu'il est vrai que toute la seconde moitié de la vie humaine n 'est faite d'ordinaire que des habitudes contractées pendant la première .