- Ecoutez, j'ai l'intention d'ouvrir ici un atelier de reliure, organisé selon les principes rationnels de l'association. Puisque vous vivez ici, qu'en pensez-vous ? Cela marchera-t-il ou non ?
- Eh ! Maria, chez nous on ne lit pas de livres et il n'y en a même pas. Et est-ce qu'il irait faire relier des livres ?
- Qui, il ?
- Le lecteur d'ici et l'habitant d'ici en général, Maria.
- Eh bien, vous n'avez qu'à parler plus clairement, au lieu de dire 《 il 》, et qui est cet 《 il 》, on n'en sait rien. Vous ignorez la grammaire.
- C'est conforme au génie de la langue, Maria, bredouilla Chatov.
- Ah, laissez-moi tranquille avec votre génie, vous m'ennuyez. Pourquoi l'habitant ou le lecteur d'ici ne ferait-il pas relier ses livres ?
- Parce que lire un livre et le faire relier sont deux stades tout à fait différents de l'évolution. D'abord il s'habitue petit à petit à lire, pendant des siècles bien entendu, mais il abîme le livre et le laisse traîner, ne le considérant pas comme une chose sérieuse. Or la reliure implique déjà le respect du livre, cela implique que non seulement il a appris à aimer la lecture mais qu'il l'a reconnue pour une chose sérieuse. La Russie n'en est pas encore toute à ce stade. L'Europe relie les livres depuis longtemps.
Ecoutez, nous déclencherons d’abord des troubles, disait Verkhovenski avec une hâte fébrile, saisissant à tout instant Stavroguine par la manche gauche. Je vous l’ai déjà dit: nous pénétrerons jusqu’au cœur du peuple. Savez-vous que dès maintenant nous sommes terriblement forts? Les nôtres ne sont pas seulement ceux qui égorgent et incendient, et ceux qui font le coup de feu classique et qui mordent. Ceux-là ne font que gêner. Sans discipline je ne comprends rien. C’est que je suis un escroc et non un socialiste, ha, ha! Ecoutez, je les ai tous comptés: l’instituteur qui rit avec les enfants de leur Dieu et de leur berceau est déjà à nous. L’avocat qui défend l’assassin instruit en alléguant qu’il est plus évolué que ses victimes et que, pour se procurer de l’argent, il ne pouvait pas ne pas tuer, est déjà à nous. Les écoliers qui tuent un paysan pour éprouver des sensations sont à nous. Les jurés qui acquittent tous les criminels sans exception sont à nous. Le procureur qui tremble à l’audience de ne pas être assez libéral est à nous, à nous. Les administrateurs, les littérateurs, oh, les nôtres sont nombreux, extrêmement nombreux, et ils ne le savent pas eux-mêmes. D’un autre côté, l’obéissance des écoliers et des nigauds a atteint son comble; les pédagogues sont un épanchement de bile; partout une vanité incommensurable, un appétit féroce, inouï. Savez-vous, savez-vous combien nous en gagnerons avec les seules petites idées toutes faites? Quand je suis parti, la thèse de Littré sévissait, qui veut que le crime soit une forme de la démence. Je rentre et déjà le crime n’est plus une folie mais c’est lui précisément le vrai bon sens, presque un devoir, du moins une noble protestation. « Comment un assassin instruit ne tuerait-il pas s’il a besoin d’argent! » Mais ce ne sont que des fleurs. Le Dieu russe a déjà baissé pavillon devant la « camelote ». Le peuple est ivre, les mères sont ivres, les enfants sont ivres, les églises vides, et dans les tribunaux: « deux cents coups de verges ou amène une barrique ». Oh, laissez seulement la génération grandir. Dommage seulement qu’on ne puisse plus attendre, sans quoi ils auraient été encore plus ivres! Ah, quel dommage qu’il n’y ait pas de prolétaires! Mais il y en aura, il y en aura, nous en prenons le chemin….
Le bon Dieu en créant la femme savait à quoi il s'exposait,mais je suis sûr que c 'est elle qui l'a gêné et l'a forcé à la créer sous cet aspect et...avec de pareils attributs;car qui voudrait se préparer de tels ennuis sans nécessité?
Pour rendre la vérité plus vraisemblable,il faut absolument y mêler du mensonge .
Le temps n 'est pas un objet mais une idée.Il s'éteindra dans la raison .
Celui qui n'est pas orthodoxe ne peut être russe
Il faut vraiment être un grand homme pour savoir résister même au bon sens .
Le mariage est la mort morale de toute indépendance .
Chacun est digne d'un parapluie.
L’homme n’a fait qu’inventer Dieu, pour vivre sans se tuer.