Une lecture qui se lit d'une traite, d'un souffle. Ne pas perdre un mot de cette "lettre" d'un fils à son père. Ce père qui ne veut pas d'un fils chochotte, d'un fils faible. Mais sait-il vraiment ce qu'il se passe dans la cour de récréation? Non. le jeune héros ne dit rien, c'est trop dur, trop honteux et tellement difficile de sortir les mots "Pourquoi je peux pas te regarder en face et te dire que ouais, papa, ton fils est pédé".
Alors la peur au ventre, il se rend à l'école où les coups pleuvront parce qu'il est "différent". Les baffes, les moqueries, les intimidations de Vincent et ses potes l'atteignent sans qu'il puisse se défendre. Seul. Quoique, Sarah est là, elle. Sa seule amie, celle avec qui il est lui-même et avec qui il n'a pas de besoin de se cacher. Si tout le monde pouvait être comme elle. Si son père pouvait être comme Sarah et l'accepter. Mais c'est impensable pour ce jeune garçon de 13 ans. Son père ne pourra pas comprendre, il ne l'acceptera pas.
Être différent à 12-13 ans, c'est impensable. On veut se fondre dans le moule et ne pas se faire voir. Et quand on sort du lot, il faut être fort et pouvoir se défendre.
Ce texte m'a touché avec une force folle, en 56 pages. Sous cette mignonne couverture. l'écriture d'Antoine Dole atteint sa cible, le lecteur, avec une douloureuse précision: la violence décrite est réelle, les paroles de ces ados nous bouleversent, comme si nous étions les victimes. On est seul car autour, rien ne bouge, pas d'adultes, juste des bourreaux.
Mais ce qui est encore plus saisissant, c'est tout cet amour que ce garçon porte pour son père. Cet amour qu'il cherche, qu'il attend et qu'il recevra.
À faire lire dès 13 ans. Une littérature jeunesse percutante. Importante. Indispensable.
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