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3,87

sur 331 notes
L'histoire se déroule en Inde, tous les commentaires commencent par là. L'histoire se déroule en Inde ? L'histoire concrète, certes. Mais elle a une valeur universelle pour dénoncer le sort général des femmes, filles ou fillettes, laminées par la toute-puissance masculine – qu'elles soient prostituées ou épouses-objets jolies embijoutées, faire-valoir de leur partenaire, ainsi que l'omnipotence hypocrite de toutes les religions où le masculin est maître, et les femmes glorifiées à balayer, fleurir les édifices religieux et chanter des cantiques.
Lectrices et lecteurs occidentaux, réveillez-vous ! Si cette histoire se déroule en Inde, où les castes supérieures peuvent éventuellement piétiner sans vergogne les parias, elle se passe aussi, sous d'autres formes, bien dissimulée sous le manteau, à votre porte.
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J'ai choisi cette lecture parce qu'elle a reçu un Prix des lycéens dont j'apprécie généralement le choix.
Et Je n'ai pas été déçue !
C'est une histoire très forte, très intense, de femmes dans les bas-fonds de l'Inde et de l'espoir donné par une petite fille innocente.
Le tableau du monde indien est très dur, mais hélas réaliste si j'en crois mon expérience de 3 semaines dans le pays, et ce que je lis et apprends sur le pays, qui est paradoxalement un des pays émergents les plus dynamiques et bientôt le premier foyer mondial de peuplement.
Destin et fatalité marquent si fort le pays que c'est difficile d'être optimiste, sauf à s'accrocher à l'espoir que l'avenir peut être meilleur pour les plus jeunes si leurs aînés s'allient pour leur donner un avenir plus radieux ! Et c'est le message de ce livre !
J'ai une pensée pour notre chauffeur de taxi qui nous expliquait collecter le moindre sou pour les études de médecine et d'avocate de ses deux soeurs.
L'écriture est assez poétique, imagée, même quand elle décrit l'horreur, la dureté de ce monde, et le contraste entre le message et le medium est d'autant plus marquant je trouve.
Il y a quand même quelques longueurs dans le défilé des sentiments et des réflexions des différents personnages; le changement de narrateur et l'usage du discours indirect libre m'ont parfois perturbée.
Mais je vais rester marquée par cette lecture, comme pour le film Slumdog millionnaire, par exemple.
A lire !
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Ananda Devi, d'origine indienne, ayant une formation d'anthropologue, nous emmène parcourir les ruelles des bas-fonds d'une ville indienne. On y découvre les conditions de vie atroces des prostituées et celles non moins épouvantables des hijras, transsexuelles souvent violentées par la société. Plus tard, l'auteure nous fera suivre le pèlerinage à Bénarès sur les pas de Shiynath, homme pieux dépravé. L'écriture est très imagée. Féminisme, transsexualité, pédophilie sont les sujets forts de cet ouvrage dans l'Inde actuelle où les anciennes croyances sont toujours vives.
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Le rire des déesses est mon premier roman de l'écrivaine mauricienne Ananda Devi. Anthropologue sociale de formation, ses différents ouvrages offrent aux lecteurs une vison de l'île Maurice moins idyllique que la vision officielle transmise aux touristes.

Le rire des déesses est un ouvrage clairement féministe : dur, percutant et dérangeant. L'autrice s'intéresse au travers de ce roman aux personnes oubliées de la société indienne : les femmes prostituées et les hijras, qui désignent les personnes transgenres.

Au coeur de la Ruelle, quartier très pauvre ou vivent les prostituées, Chinti est une enfant pleine de vie. Il faut dire qu'elle a été élevée à la dure par sa mère qui ne s'intéresse pas à elle, Cette mère, Veena, ne parvient pas à créer un lien avec elle, à l'aimer, elle ne se l'autorise pas de peur de fendiller sa carapace faîte de colère et de rage. A la Ruelle, la résignation, la tristesse et la colère règnent. L'enfant est le seul rayon de soleil qui subsiste dans ce monde où tout est noirceur. Chinti grandit, cherche de l'affection ailleurs, auprès des autres femmes de la Ruelle et des Hijras, elle s'épanouit et attire malheureusement le regard de Shivnath, homme tout puissant, vénéré tel un Dieu. Cet homme est prêt à tout pour obtenir Chinti, et assouvir ses désirs pervers. Il la kidnappe et l'entraîne à Bénarès pour en faire une déesse, la sienne. Et là Veena se met à redevenir mère, ne voulant pas que sa fille tombe dans les mains. Elle se découvre un amour caché pour sa fille, pour ce qu'elle représente : l'espoir que sa fille pourra sortir de ce quartier, échapper au destin terrible qui les attend toutes. Pour cela, elle s'appuie sur la cohorte des habitantes de la Ruelle, une armée d'ombres transparentes qui iront jusqu'au bout de son chemin, pour préserver Chinti.


Vous l'aurez compris le rire des déesses est un roman fort. Il bouscule, tant par la description de la vie de ces femmes, que par la révélation des pensées les plus intimes, les plus viles de certains personnages. On est emporté dans le tourbillon de rage et de colère que représente Veena, cette mère qui réalise au moment où sa fille est l'objet des délires d'un homme.

On est bouleversé par Chinti, petite lumière, boule d'énergie qui tente d'alléger le quotidien de son entourage, qui prend de la distance avec sa mère par peur du rejet et tristesse, et qui de par l'innocence de son âge, reconnaît en Shivnath, un sauveur, un ange gardien qui peut la sortir de son environnement crasseux. On est en admiration devant le personnage de Sadhana, hijra, belle, forte, lumineuse, qui va devenir la véritable ange gardien de Chinti.

Et on est dégoûté par les pensées obscènes et tordues de Shivnath, personnage mégalomane, qui se considère comme un surhomme, comme un homme de Dieu, qu'aucune loi, aucun être humain ne peut stopper.

Ananda Devi décrit très bien la situation des femmes dans ce pays, avec une écriture imagée, on sent les odeurs, l'encens, les fruits autant que les ordures, on perçoit la ferveur lors du pèlerinage vers Bénarès , ville la plus sacrée de l'Inde, Joyau de l'Hindouisme où l'on brûle les corps de défunts et on se purifie dans le Gange.

Je ne peux que vous conseiller la lecture de ce roman. Il aborde différents sujets tels que la sororité entre femmes, la religion, la folie de la foi, la pédophilie, la place de la femme et des hijras dans la société indienne, et surtout la difficulté d'aimer son enfant, le développement d'un lien mère-fille qui ne se fait pas naturellement.

Un roman sous forme d'étude anthropologique en quelque sorte.

Lien : https://www.au-plaisir-de-li..
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Dans les bas-fonds d'une ville indienne vivent des prostituées. Parmi elles, Veena, une femme toujours en colère, même contre sa fille à laquelle elle n'a même pas donné de prénom. C'est l'enfant qui va décider de s'appeler Chinti, la fourmi. Parce qu'elle peut se glisser partout pour observer le monde qui l'entoure, parce qu'elle veut être libre pour ne pas sentir « le poids d'un homme ».
Ce monde, il est laid, sale et figé tant la société indienne est sclérosée par le système des castes, pourtant aboli en 1947, et la religion hindouiste.
Pourtant, dans ce cloaque, il y a quelques lueurs d'espoir : la sororité qui unit toutes ces femmes de peu. Non loin de là, vivent les hijras, une communauté de transsexuels, qui subsistent grâce à leur talent de danseuse et de chanteuse. C'est Sadhana, l'une d'entre elles, qui raconte le destin de leurs soeurs et, surtout, de la petite Chinti, donneuse de joie.
Toutes vont s'unir contre Shivnath, homme de Dieu manipulateur, qui, contrairement à ses congénères juste venus assouvir auprès des prostituées leurs besoins sexuels, veut jouir de l'innocence de l'enfance pour la souiller.
Entre crudité et poésie, Ananda Devi nous livre le portrait saisissant d'un pays, difficile à saisir pour un occidental individualiste, qui navigue entre fatalisme et démesure.

EXTRAIT
Ce pays a parfait l'art de l'indifférence grâce aux mythes qui disent que tout est écrit.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Le récit est hallucinant de cruauté mais de réalité pour les femmes indiennes : la fiction nous fait entrer dans la vie de Veena une prostituée des bas fonds de la Ruelle, une femme qui tente de survivre dans la misère, la crasse, la merde, dans la violence des hommes et de la société indienne pour qui ces femmes, pauvres, miséreuses ne sont rien. Une femme tellement malmenée qu'elle fait tout pour ne plus souffrir, pour ne plus ressentir, pour ne plus aimer. Pour cette raison, elle laisse sa fille vivre ou plutôt survivre au milieu de cette maison de passe, de ces minuscules cellules où les autres femmes survivent et travaillent, à l'intérieur des murs, cachées aux yeux de tous , comme une fourmi. La petite très vite est laissée seule, doit vivre, s'occuper et grandir ...A tel point qu'elle doit elle même se trouver un nom, se nommer pour exister et elle choisit le nom de Chinti, qui signifie Fourmi, celle qu'elle est au sein de sa maison. 
En grandissant elle est appréciée par les comparses de sa mère, elles aiment son naturel, sa beauté, sa grâce, sa joie de vivre, Chinti se révêle une enfant lumineuse. Elle est aimée des femmes de la ruelle mais se lie aussi avec les Hijras, classe en marge, ces femmes-hommes et découvre en Sadhana et sa compagne Réhane plus que des amies, des mères de substitution. Lumineuse au point d'être repérée par le client le plus important de sa mère, un swami, un homme saint et puissant qui se dédouane de ses actes, loin d'être vertueux en cotôyant ces femmes des bas fonds, qui tombe en admiration devant cet enfant pur et innocente, lumineuse dans cette crasse, qui en devient fou, comme envoûté, comme amoureux, avec l'intention de la posséder. En homme de pouvoir il s' empare de son nouveau jouet, l'emmenant contre le gré de Veena dans son temple. 
L'auteure sait décrire ces deux mondes totalement différents, opposés en tout. Seuls les rapprochent la bassesse. Elle n'hésite pas à plonger le lecteur dans la réalité affreuse des femmes ,elle utilise les mots vrais et crus qui disent l"horreur des corps, des coeurs et elle nous plonge aussi dans la société indienne qui ne cautionne pas la vie des femmes. L'inde est un pays d'hommes, on honore le lingam, la puissance masculine. L'homme saint retrouve sa véritable place d'homme, humain. Lui même démonte cette religiosité si naîve et innocente des croyants. Il est la figure même de l'anti sainteté, manipulateur des foules et créateur de mystères et de mensonges.
La 4ème de couverture de Grasset ou de NetGalley qui m'a permis de découvrir ce roman (citée ci-dessus) dévoile trop l'intrigue à mon sens et va jusqu'à résumer plus de la moitié du roman. Mais heureusement elle ne rend pas la langue, le style de l'auteure : lucide, acide et critique. Ce style ouvre les yeux des lecteurs tout en ouvrant ceux des personnages sur cette société injuste, monstrueuse pour les femmes et les miséreux. 
C'est un roman réaliste cru qui raconte une quête haletante, un combat désespéré de ces femmes. Les personnages principaux à l'opposé de la réalité sont des héroïnes qui s'élèvent dans les sentiments, les valeurs d'amour, de sacrifice, de courage, de résistance, de force...et d'espoir.  #Leriredesdéesses #NetGalleyFrance !
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Roman d'une grande force. Il montre l'Inde, la misère et un obscurantisme religieux puissant. Des prostituées et des trans, misérables parmi les misérables. Un gourou qui se croit tout permis et pourtant, l'espoir qui naît grace à une petite fille. Un joli conte pour les déesses que nous sommes toutes !!!
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Dans « le rire des déesses », Ananda Devi, nous transporte dans les bas-fonds de cet immense pays très patriarcal qu'est l'Inde pour nous faire découvrir la misère, la détresse, la pauvreté, la malnutrition dans lesquelles vivent ces femmes rejetées de la société et, qui, pour pouvoir manger et donner à manger à leur enfant, sont obligées de se prostituer. Elles vivent dans des quartiers insalubres sous l'autorité d'une mère maquerelle. L'une des prostituées, Veena, a une fille de dix ans , Chinti, qu'elle délaisse jusqu'au jour où l'un des clients, un homme d'église corrompu, tombe amoureuse de sa fille ; il veut la faire déesse et l'emmène à Bénarès pour la consacrer.
Mais, sera-t-il assez fort pour résister au courage et à la force des prostituées du quartier ?…
Dans un pays très conservateur et à la religion très présente, l'auteur nous invite à réfléchir sur la place des femmes dans cette société, le rôle puissant des hommes et des religieux. Un roman qui fait écho dans nos sociétés occidentales où certains combats sont loin d'être terminés, même s'il faut rester optimiste et croire sur l'intelligence de tous !
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J'ai découvert cette auteure lors d'un festival littéraire à Genève. je l''avais écoutée parler de ce roman lors d'une table ronde et je savais la thématique forte. La place de la femme en Inde, ce pays surpeuplé, fonctionnant sur le système archaïque des castes.

Cette lecture n'est pas tendre. Ananda Devi s'intéresse à l'étage inférieur au système social de l'Inde. Elle nous présente deux groupes de femmes : les prostituées de la Ruelle ainsi que les Hijras, des transexuelles qui vivent en communauté, rejetées et en même temps mystifiées, invitées à danser dans les mariages par exemple pour porter chance.
Veena est l'une de ces prostituées. Elle a une fille qu'elle élève à peine, qu'elle cache derrière une paroi pendant qu'elle travaille, à laquelle elle ne peut s'attacher et à qui elle n'a jamais donné de prénom. La petite s'est elle-même nommée Chinti, la fourmi. Cette enfant est solaire, elle attire la sympathie des autres femmes de la Ruelle ainsi que des Hijras qui habitent en face. Seulement un jour, Shivnath, un "saint homme" qui visite les prostituées tombe amoureux de Chinti, la kidnappe et veut en faire sa déesse.

Une plongée dans les bas fonds de l'Inde, dans la boue du Gange, dans des croyances aux milles dieux, dans la vénération des hommes, dans le triste destin des femmes. Ce roman est à la fois terrible et passionnant !
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Est-il possible de parler de l'Inde sans évoquer ses injustes, sa misère, sa pauvreté, son système de castes, ses bas-fonds et sa puanteur? Est-il possible de parler de l'Inde sans écrire tous ses malheurs? Je ne sais pas. Peut être pas. Et c'est cette Inde que l'on retrouve, de nouveau, dans ce roman qui écrit tout ce que l'on sait déjà quand on s'est intéressé ou s'intéresse encore à ce grand pays. le sujet étant largement traité dans la littérature, j'espérais un "plus". Quoi? Un regard neuf, une émotion, une plume, un style... ce petit "quelque chose" propre à l'auteure qui me fasse sortir de ma léthargie. Mais malheureusement, c'est raté. Je n'ai pas trouvé de "plus" mais du "moins" car, en effet, il a manqué "quelque chose" dans ce roman. Quoi? Une émotion, une âme. Comment dire. C'était un peu froid, pour moi. Un peu trop évident et facile. C'était agréable à lire, certes, mais c'était insuffisant. Dénoncer la barbarie des hommes qui font des femmes leurs objets, leur "rien" ne suffit pas en littérature. Il en faut davantage. Et il n'y était pas. Dommage.
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