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3,87

sur 331 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
l'Uttar Pradesh est un Etat du Nord de la République indienne, certainement l'un des états les plus pauvres du pays .Benarès,la ville la plus sacrée de l'hindouisme en est le plus beau joyau . Une petite ville encore plus pauvre, le quartier des prostituées et la Ruelle là où elles exercent le seul métier qui leur soit permis.. Veena est l'une d'entre elles. Chinti, sa fille, 10 ans, est pour elle un obstacle à sa survie ... jusqu'au jour un "homme saint " devient un client assidu. Shivnath, un swami, un homme de Dieu, fils de Brahmane, Brahmane lui-même, a su profiter de la naiveté de ses fidèles, amassant or et richesses à son seul bénéfice, cachant ses vices sous un voile de respectabilité jusqu'au moment où son monde bascule , le jour où il croise le regard de Chinti.
Ce roman servi par la très belle plume d'Ananda Devi, est un long chemin de violence, d'humiliation, de domination du phallus sans contrepartie. le rire des déesses peut-il se transformer en cris de rage et de victoire?
Ce roman militant, féministe, dénonce une société régie depuis des siècles par des codes précis. Ce message s'adresse, me semble t'il, d'avantage aux membres de cette société qu'au lecteur occidental peu ou pas apte à comprendre les faits rapportés ce qui mon cas. Je suis donc en grande partie restée dans un rôle de spectatrice attentive mais incompétente.
Merci aux éditions Grasset pour ce partage via netgalley #Leriredesdéesses #NetGalleyFrance !
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Dans une grande ville du nord de l'Inde, non loin de Bénarès, une rue concentre la misère et la tristesse, on la nomme la Ruelle, c'est là, dans de minuscules taudis, que vivent et travaillent les prostituées. Veena est l'une d'entre elles, elle est arrivée à la Ruelle enceinte et bien décidée à ne pas tenir compte de cet enfant à naître. La petite fille, à qui sa mère n'a pas donné de nom, apprend très vite à se cacher dans un coin, à ne pas faire de bruit. Mais alors qu'elle atteint dix ans, l'enfant, qui s'est baptisée elle-même Chinti, va attirer l'attention d'un client de Veena, un homme qui tire sa richesse d'une religion dévoyée. Dans la Ruelle vivent aussi les hijras, une communauté traditionnelle d'hommes devenus femmes. Voilà pour ce qui est de l'histoire, vous pouvez lire la quatrième de couverture sinon, qui en raconte beaucoup plus, et beaucoup trop.

Dès le début, la tension dramatique est bien réelle et on se prend, dans un univers bien sombre, à espérer une fin heureuse pour la petite Chinti.
Malheureusement, j'ai trouvé les descriptions de lieux et de personnages un peu trop fragmentaires, ou elliptiques, elles ont été un frein à l'imagination et à l'immersion dans ce monde. J'aurais aimé me représenter plus finement le cadre de vie de Veena, Chinti et les autres, ressentir davantage les couleurs, les bruits, les paysages. D'autre part, le texte au présent, les phrases qui sonnent comme des généralités, les redondances, m'ont parfois gênée. Je n'ai pas réussi à comprendre quel était le parti-pris de l'auteure : il semble qu'elle veuille coller au plus près à la réalité de la vie de ces femmes en Inde, et pourtant, l'ensemble, raconté par l'un des personnages, a quelque chose d'une fable.
Toutefois, je n'ai rien à redire à l'histoire et au message qu'elle porte. Les faits dénoncés tordent le coeur par leur cruauté, et par contraste, la solidarité féminine qui naît petit à petit, difficilement, est très poignante. Nul doute que l'écriture travaillée et poétique transportera d'autres lecteurs et lectrices là où mon imagination a refusé, par moments, de m'emmener.

#Leriredesdéesses #NetGalleyFrance
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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"Le sexe est le moteur de notre monde et du monde. Et la sainteté des hommes (et des femmes) est toute relative". Cette phrase de ce livre résume pour moi toute l'histoire de ces femmes, qui par leur condition, sont contraintes à n'être que des corps livrés aux hommes, à la pauvreté, à la fange, à la misère. Des femmes, qui dans leur absolu malheur trouvent parfois une lumière, une aide bienveillante pour lutter et garder espoir, une solidarité toute relative mais qui peut sauver une vie, une enfance. Je découvre avec bonheur l'auteur qui livre un texte remarquablement bien écrit et qui raconte l'absolu horreur du comportement d'un homme, qui tel un serpent, rode autour de sa proie pour la dévorer toute entière et uniquement pour son plaisir et sa déviance. Un roman puissant, un texte rude et qui interpelle, bouleverse, dérange, révolte mais qui est le récit tragique et réaliste d'une Inde soumise au poids de la religion et au fonctionnement des castes.
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Mauvaise passe, je viens de commencer puis d'abandonner coup sur coup trois livres : un que j'avais déjà lu. Delta blues (Julien Delmaire) et ses personnages exclus, paumés mais grandioses d'humanité. Et le dernier Tarantino. Alors, le rire des déesses, j'ai eu dès le début la ferme intention de le terminer. Et je me suis accrochée. L'Inde éternelle et inconnue, le pouvoir malfaisant du désir masculin qui prend sans jamais respecter l'autre, la beauté de la danse et des fleurs, la grandeur et la naïveté de la foi des foules ; depuis les bas fonds de leur misère, la puissance des femmes, des mères et des parias, le tragique et la désespérance de l'existence... stop !! Je crois que je fais une overdose de revendication identitaire, d'affirmation des voix exclues. Non que je sois contre, évidemment. Mais j'ai atteint un point de saturation et je voudrais m'évader de ce seul prisme. La question des singularités est essentielle, s'interroger sur la manière de tricoter du social en associant les identités de chacun sans verser dans un communautarisme excluant est fondamental. Dénoncer le scandale des laissés pour compte, des destins déjà tracés de famine, de viols et de mort est salutaire. Planter cette problématique au coeur de l'Inde, de ses castes, de ses connexions à la mondialisation et à des traditions séculaires est une bonne idée. L'exotisme décentre, le pittoresque divertit (même si là j'ai trouvé que c'était souvent assez artificiel et que les personnages étaient davantage taillés à la hache que ciselés dans le marbre). Mais toutes mes lectures contemporaines ne tournent qu'autour de cela ! Et quand elles ne le font pas, le dernier Tarantino par exemple, elles me paraissent tellement hors sol et gratuites qu'elles me semblent violentes dans leur négation même de cette dimension. Alors voilà, je n'en peux plus de lire toujours les mêmes fils tissés entre eux mais je ne supporte pas qu'on puisse raconter aujourd'hui des histoires qui excluent ces réalités. Je m'en vais me replonger dans les Trois mousquetaires, Croc blanc ou quoi que ce soit d'autre de divertissant et d'assez antérieur pour ne pas être suspect d'aborder ou non l'exclusion des singularités dans le fonctionnement de nos sociétés. Ca me fera des vacances, tiens. Vous avez des suggestions à me faire ?
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Est-il possible de parler de l'Inde sans évoquer ses injustes, sa misère, sa pauvreté, son système de castes, ses bas-fonds et sa puanteur? Est-il possible de parler de l'Inde sans écrire tous ses malheurs? Je ne sais pas. Peut être pas. Et c'est cette Inde que l'on retrouve, de nouveau, dans ce roman qui écrit tout ce que l'on sait déjà quand on s'est intéressé ou s'intéresse encore à ce grand pays. le sujet étant largement traité dans la littérature, j'espérais un "plus". Quoi? Un regard neuf, une émotion, une plume, un style... ce petit "quelque chose" propre à l'auteure qui me fasse sortir de ma léthargie. Mais malheureusement, c'est raté. Je n'ai pas trouvé de "plus" mais du "moins" car, en effet, il a manqué "quelque chose" dans ce roman. Quoi? Une émotion, une âme. Comment dire. C'était un peu froid, pour moi. Un peu trop évident et facile. C'était agréable à lire, certes, mais c'était insuffisant. Dénoncer la barbarie des hommes qui font des femmes leurs objets, leur "rien" ne suffit pas en littérature. Il en faut davantage. Et il n'y était pas. Dommage.
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Une ruelle sale résonne de bruits de femmes. Ce village pauvre et oublié des recoins de l'Inde, voit naître la petite Chinti, fille de Veena, une prostituée qui a échoué comme tant d'autres par trop de beauté, d'envie de liberté et de solitude, au coeur de ces ruines. La petite est cachée dans un recoin lorsque sa mère reçoit ses clients, jusqu'au jour où Shivnath, prêtre corrompu, la découvre sur des couvertures sales. Il tombe sous le charme de la fillette, qui lui insuffle enfin des sentiments, lui qui vit sans depuis longtemps. Mais lorsqu'il l'emmène avec lui dans son palais, c'est toute la communauté de femmes qui se disloque.

Sur un air de conte oriental, le rire des déesses, dépeint misère et violence, mais aussi et surtout une puissante sororité derrière la façade de laideur. La Ruelle est faite d'entraide pour celles qui n'ont rien. Une famille quand les liens de sang n'ont pas suffi.

Une écriture forte et puissante qui donne à cette histoire une allure de rêve qui résisterait au réveil. Une plume gracieuse mais sale, qui reste accrochée à notre peau. Un roman atypique comme on en lit peu.

Je remercie vivement la maison d'édition pour l'envoi de ce livre.
Lien : https://topobiblioteca.fr/
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Petite fable sympathique à l'intrigue légère qui tient par sa délocalisation indienne et ses couleurs locales.
Lecture agréable pour l'été. Les thèmes abordés sont... juste abordés et à mon sens le titre choisi par l'auteur (ou l'éditeur) est original mais ne colle pas bien au contenu.
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Il faut dire que le sujet des transsexuels est à la mode mais, le rire des déesses de Ananda Devi se lit bien et donne envie de découvrir d'autres ouvrages de cette romancière, poète, ethnologue et traductrice née à l'île Maurice.

L'action du livre se situe en Inde et rend compte de l'hypocrisie de ceux qui conspuent les prostituées et les transsexuels tout en ayant recours à leurs services.

Différentes vidéos sont accessibles sur Internet où l'on peut voir des hijras bénir des naissances et des mariages tout en expliquant le rejet et le harcèlement auxquelles elles sont confrontées.



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Les castes sont une constante en Inde, malgré les évolutions, les décrets divers et les pressions internationales. La condition féminine y est très dégradée, et derrière celle-ci, le comble de l'indignité, la prostitution y revêt un caractère abject. L'animalité de l'homme y prend une forme consciente que l'on ne croit pas de ce monde, juste du domaine du fantasme inavouable. le roman dont il est question ici est-il un fantasme inavouable ? Ou une rélité inavouée. La question mérite d'être posée tant les images insoutenables, les descriptions à la limite du supportable revêtent par moments les habits de la complaisance malsaine. Les plus bas instincts y sont exposées, l'enfance bafouée, la toute puissance de l'argent, le fatalisme outrancier y sont étalés comme autant de signes distinctifs, fruit de siècles de traditions, version dévoyée de rites religieux, dégénérescence absolue.
La marche vers Bénarès, catharsis d'une violence extrême, aboutira à ce que l'on attend, à ce que l'on espère depuis le début, fin ultime du voyage vers l'innommable. Trop facile conclusion qui ne peut éluder le pourquoi d'un tel étalage. La vengeance n'efface pas le pêché originel.
Même si je sais que ceci peut être de mon monde, sur la même planète, je me pince pour ne pas me réveiller d'un cauchemar.
Je suis, il est un homme et d'autres qui ne savent pas s'ils ou elles sont des hommes ou des femmes sont aussi des êtres de chair et de sang, qui peuvent souffrir, méritent un minimum de respect.
A lire avec précaution.
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Ce récit de fiction est né d'une visite en Inde de l'auteure, au cours de laquelle elle réalise que, pendant les pèlerinages, une troupe de prostituées accompagne les pèlerins partis se purifier, pour satisfaire, même à ce moment-là, leurs besoins sexuels. Quel paradoxe !

L'histoire met en scène Veena, une prostituée battante, mais perpétuellement en colère, sa fille Chinti, fine et secrète, ignorée par sa mère, dont la grâce séduit les autres prostituées, et Sadhana, une transexuelle, qui fait partie de la société traditionnelle des hijras, méprisées, craintes et révérées tout à la fois. Celle-ci aussi est tombée sous le charme de la petite fille et c'est elle la narratrice de cette histoire. Tout ce monde vit (ou plutôt survit) dans la Ruelle, quartier sordide d'une ville du nord de l'Inde.
Shivnath, un swami manipulateur et mégalomane, client régulier des prostituées qu'il prétend racheter et en particulier de Veena, découvre un beau jour qu'elle cache une fille et est littéralement envoûté par Chinti. Pour se l'approprier, il décide d'en faire une déesse, « fille » de Kali, au cours d'une cérémonie dans la ville sacrée de Bénarès.
Tandis qu'il s'y rend en voiture avec Chinti, une foule de pèlerins et de fidèles se met en marche pour l'y rejoindre et, parmi eux, Veena, Sadhana ainsi que d'autres prostituées et hijras, décidées à reprendre Chinti et à se venger de Shivnath.



Je trouve aussi que les personnages manquent de profondeur, sauf Sadhana, qui nous conte son histoire. Ils sont juste esquissés, ainsi que les relations entre maître et serviteurs (« Il croise dans le rétroviseur le regard du chauffeur et s'étonne de la fureur qu'il y lit. » p. 198)

Les phrases sont courtes et souvent percutantes.
Le récit est un flash-back pour l'essentiel, en forme de boucle narrative, et possède un grand réalisme, mais également des traits du conte, et prend par moments un souffle épique.
Il s'ancre dans notre époque et est à ce titre réaliste, bien qu'infiniment exotique pour nous. « L'époque est moins tolérante que jadis. […] Il suffirait qu'une foutue féministe ait vent de lui pour que les médias se précipitent. […] Ces foutus médias nous exposent sans cesse au regard des Occidentaux, qui, du moins en apparence, disent respecter les femmes et s'opposer à toute forme d'injustice sociale. » (p. 199-200). Notons par ailleurs l'ironie fine de l'auteure à l'égard de notre société. L'humour est présent tout au long du roman et c'est une de ses qualités, se mettre grâce à cela une distance avec les horreurs relatées.
Du conte, on retrouve l'enfant misérable élevée au rang de princesse, ainsi que les rapports de l'ogre à l'enfant (avec Shivnath et la maquerelle).
Quant à la marche des pèlerins, puis la ruée des femmes vers le temple de Shivnath, elle relève de l'épopée, allant parfois jusqu'à la grandiloquence.
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