Tout d'abord, je souhaite remercier Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Même s'il change carrément de mes habitudes de lecture, ça a été une découverte très intéressante.
Soyons honnêtes, si ce livre était apparu en face de moi dans une librairie, je n'aurais sans doute pas mis la main dessus. le sujet m'intéresse peu, le résumé me paraissait un peu curieux et c'est donc avec de bonnes surprises que j'ai terminé ce livre en quelques heures, le jour même de sa réception.
De très bons points, mais aussi des choses qui m'ont dérangées.
Commençons par ce qui m'a gênée, pour finir ensuite sur la note positive.
Les personnages. C'est mon problème majeur avec ce livre, tant ils me paraissent caricaturaux au pire, un peu agaçants au mieux. Haiko, jeune (et belle bien sûr) femme engagée qui suit les traces de sa mère, passé tragique, grande gueule et finalement fragile sur les bords. Lars, militaire bourru revenant d'Afghanistan, accroc à l'alcool et à une certaine drogue, passé trouble, syndrome de stress post-traumatique. Dimitri, frère de la jeune Haiko, artiste-hipster narcissique et cynique, forcément drogué. Etc.
Ces personnages, qui m'ont fait lever les yeux au ciel sur le début du roman, se sont améliorés finalement au cours de leur construction dans la temporalité de la narration. Ceci dit, je reste très sceptique quand à beaucoup d
e choses. C'est difficile pour moi de l'expliquer, mais je n'ai pas accroché à ces personnages, car j'avais l'impression d'avoir devant moi des personnages à moitié construits, ni complètement assumés dans leurs écarts (drogues, corruption, peurs etc), ni réellement nuancés. Un entre-deux un peu gênant, renforcé par les explications brèves d'un passé torturé qui mériterait vraiment à être soit réellement dilué, soit renforcé.
Je m'explique. Dans le cas de Lars, le récit des événements atroces qui sont les fondations de ce qu'il est dans le roman est tombé pour moi comme un cheveu dans la soupe. Pas assez annoncé. le leitmotiv du "fauve" n'arrive vraiment qu'à la fin, ce qui est dommage. Avec cette idée de sauvagerie enfermée en cage, on aurait pu doucement apporter les raisons qui poussent les personnages à tourner en rond, avec subtilité.
Bref, pour moi des personnages qui manquaient un peu de profondeur, d'humanité (dans le sens où parfois les répliques ont l'air réellement cliché, presque automatiques, pour moi, je pense notamment à la scène où Lars "s'explique" avec Dimitri), pour que j'accroche réellement au livre. Livre dont l'intérêt est vraiment au delà des personnages.
-Le second point qui m'a gênée, c'était ce double retournement de situation. Dans la culture populaire, on s'est mis à attendre ce genre d
e choses, surtout avec les séries et films. le double retournement de situation est devenu un lieu commun de la culture populaire, surtout dans les séries à suspense (il suffit de regarder une série policière pour se rendre compte que c'est un ressort narratif très utilisé). Là, je l'ai vu venir à vingt kilomètres. Ce n'est pas un mal en soi, mais le plaisir de la lecture aurait pu être plus fort si l'auteur avait tenté de brouiller les pistes en utilisant la paranoïa des personnages par exemple, en glissant beaucoup plus de fausses pistes. Ici, dans le dernier tiers du roman, tout se passe en quelques pages, sans vraiment d'explication et hop, c'est plié. Un dénouement qui m'a donc laissé sur ma faim.
Cependant, j'ai finalement relativement apprécié la forme du texte, les incises issues d'articles avant chaque chapitre, si elles annonçaient la couleur de celui-ci, étaient particulièrement bien vues. Un gigantesque bonus pour la nuance du propos, l'idée de symétrie de la guerre, tout ça est traité avec justesse et j'apprécie vraiment le fait que l'auteur analyse la situation avec finesse sans tomber dans le manichéisme.
Le rythme du roman est appréciable. On démarre lentement, puis les pages se succèdent. C'est un livre facile à lire, qui ne tombe pas trop dans le lyrisme. Les phrases sont concises, la syntaxe claire et efficace. Ce sont des points qui méritent d'être soulignés, car ils rendent la lecture agréable, surtout si vous appréciez les thrillers psychologiques sur fond de recherche bien menée.
Je vais donc conclure mon pavé avec un petit résumé de ce que j'ai pensé du livre.
En soi, le genre et les thèmes abordés dans ce livre me laissent froide, tout comme les personnages qui sont dans un entre-deux assez désagréable entre la surenchère et le manque de construction. S'ils sont efficaces pour présenter brièvement la situation qu'analyse l'auteur, on finit vite par se lasser de leurs réflexions et un peu moins de clichés dans leur construction aurait permis de s'y attacher beaucoup plus. Si le double-retournement de situation était attendu, le rythme permet tout de même un certain suspense, accentué par le travail de documentation et une narration concise et sans artifices.
Un avis mitigé, donc, probablement renforcé par mon indifférence face aux thèmes et genre du récit.
Si vous avez d'autres axes et pistes de lecture à me proposer qui pourraient me faire apprécier plus les subtilités du genre, je suis donc toute ouïe ;)