"On pousse tordu sans l'amour d'une mère .
On grandit de traviole ".
Mais chez moi, les mots, les larmes, rien ne sortait. Je n’osais jamais…Je n’ai jamais osé. J’étais de ceux qui emmagasinaient (…)
J'avais parlé de petites tensions dans notre couple. Un besoin d'air. C'est normal après une naissance, m'avait-on répondu. Laisse le temps au temps. Un couple ça se réinvente chaque jour.
Des âneries à la pelle.
Les femmes ne livrent jamais tout au premier regard. Elles gardent des provisions. (p.63)
il faut être deux blessés pour se rencontrer, deux errances, sinon l'un écrase l’autre, finit par l'achever.
... il ne m'a pas répondu. Il était sans trop occupé dans sa tête, ou ma question revenait à mendier de l'amour ; et ça le terrifiait.
Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros. […] Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser. Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant. Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies. Combien valurent les nôtres ?
J'aimais cet instant très doux. Nous n'avions pas de passé. Pas de futur. Juste l'étourdissement d'un instant de grâce. Qui ne demandait rien. N'attendait rien.
Je me suis dit que le bonheur on ne le sait qu'après ; on ne sait jamais qu'on est en train de le vivre, contrairement à la douleur.
Il ne reste de ceux qui nous manquent que le manque justement que nous avons d'eux. (p261)