Que l'on ne se méprenne pas sur l'intention du titre de ce livre : "La langue divine". Il ne s'agit aucunement de prétendre répéter "ce que Dieu dit" et qui aurait un caractère coercitif et univoque. Le littéralisme consiste à croire que le texte parle de lui-même et qu'il n'y a qu'à s'y soumettre par une écoute passive. Or le texte, si l'on prête fois à sa nature "divine", nous oblige au contraire à un effort d'interprétation infini. S'il est divin, cela veut dire qu'il recèle une infinité de sens (même si on ne peut pas non plus lui faire dire n'importe quoi), que ces sens n'existent pas indépendamment de l'effort que nous faisons pour les extraire de la lettre, et que cet effort provoque en nous une transformation spirituelle. Le premier effet de cette dernière est de nous révéler que ce que nous croyions être "le sens littéral" n'est souvent qu'un faux sens produit par une lecture trop rapide par laquelle nous avons projeté sur le texte nos préjugés concernant la "religion" au lieu de nous mettre à l'école patiente de la lettre. La racine du mal fondamentaliste est là : non pas dans le respect de la lettre du texte, mais au contraire dans une non-lecture qui substitue nos fantasmes étriqués à l'ouverture du texte.
pp. 8-9
Dans tous ces exercices de comparaison entre la version massorétique [rabbinique] du texte biblique et ses variantes grecque, syriaque, samaritaine, qumrânienne, etc ..., il est souvent tentant de vouloir préférer la leçon des variantes, qui est en général plus "logique", et de considérer la version massorétique comme "moins bonne", voire "corrompue". Or une réflexion plus poussée nous conduit plutôt aux conclusions inverses : le fait que les autres versions soient plus conformes à nos attentes doit plutôt être interprété comme le signe qu'elles étaient elles aussi confrontées à une "aspérité" du texte original qu'elles ont tenté de "lisser" pour qu'il soit conforme à nos attentes de lecteurs. Le principe, qui porte le nom latin de "lectio difficilior", énonce qu'une version "difficile à la lecture" a plus de chances d'être authentique qu'une version "facile", plus conforme à nos attentes, qui a sans doute été "éditée".
pp. 124-125
Le littéralisme consiste à croire que le texte parle de lui-même et qu'il n'y a qu'à s'y soumettre par une écoute passive. Or le texte, si l'on prête foi à sa nature divine, nous oblige au contraire à un effort d'interprétation Infini. S'il est divin, cela veut dire qu'il recèle une infinité de sens ( même si on ne peut pas non plus lui faire dire n'importe quoi), que ces sens n'existent pas indépendamment de l'effort que nous faisons pour les extraire de la lettre, et que cet effort provoque en nous une transformation spirituelle.
Le premier effet de cette dernière est de nous révéler que ce que nous croyions être le sens littéral n'est souvent qu'un faux sens produit par une lecture trop rapide par laquelle nous avons projeté sur le texte nos préjugés concernant la religion au lieu de nous mettre à l'école patiente de la lettre. La racine du mal fondamentaliste est là : non pas dans le respect de la lettre du texte, mais au contraire dans une non-lecture qui substitue nos fantasmes étriqués à l'ouverture du texte.
Julien Darmon vous présente son ouvrage "La loi du secret : la kabbale comme source d'inspiration de halakha chez r. Joseph Caro et les décisionnaires ultérieurs" aux éditions H. Champion.