Premier livre d'une autrice américaine, qui se passe en Ecosse dans les années 30, ce roman est injustement classé dans le genre : cosy mystery, car d'enquête , il ne sera pas vraiment question. Certes, il y a une mort, mais c'est compliqué.... Il sera davantage question de secrets de famille, de réglements de compte, que de meurtriers.
La famille Inverkillen occupe une majestueuse propriété depuis six siècles. Aucune remise en question, aucune inquiétude pour l'argent qui vient à manquer alors que le train de vie est hallucinant, jusqu'à ce que la nounou de soixante dix-huit ans décéde d'une épidémie, qui bien sûr, ne les concerne pas, et que le comte meure dans un tragique accident de noyade (pour la police ). Mais la gouvernante n'est pas convaincue et commence à poser des questions tandis que la famille découvre l'ampleur de la ruine et que petit à petit, tous leurs priviléges sautent à cause de la pénurie de domestiques dûe à la pandémie.
Et c'est là que l'on comprend l'idée saugrenue de notre autrice, de s'inspirer de la série télévisée Dowtown Abbey et de la mixer avec une pandémie ....
Pourquoi ? Et bien, ça lui permet d'isoler cette demeure de
Loch Down Abbey, du reste du monde, du village, d'éliminer quelques domestiques, et commerçants du village d'à côté, ce qui fait que la famille doit se priver , se restreindre au niveau de la multiplicité de plats, des services, se remettre en question, faire les choses par elle-même. Avec ces privations, certains membres de cette illustre famille se sentent acculés, et cet état conduit bien souvent à des pétages de plombs, d'autant que ces chatelains, pour la plupart, sont odieux...
Dénonciation à travers cette fresque, de la condition aristocrate, de leurs privilèges, dont certains sont stupides, ces gens ne savent rien faire de leurs dix doigts.
Entre le caractère des uns et des autres, ce roman est comme une gigantesque farce, une fable où les gentils seront récompensés et les "méchants" punis. La fin sonne comme une claque, une revanche, c'est inattendu au possible, et du coup c'est marrant !
Je vous recommande de vous munir d'une feuille et d'un stylo, et de recopier grosso-modo, l'arbre généalogique de la famille, afin de ne pas toujours être obligés de revenir au début vérifier qui est qui... En effet, durant les cent premières pages, on se perd vraiment dans la multitude de personnages, les aristos, leur liens entre eux, le personnel, et ceux qui interviennent moins régulièrement... C'est un vrai casse-tête qui nuit un peu au plaisir, et cela est faciité, par le fait que l'autrice ne présente pas vraiment les uns et les autres. La gouvernante se détache du lot, mais finalement on ne sait rien sur elle. Il est donc impossible de s'attacher à l'un ou l'autre des personnages. On distingue seulement les odieux, les moins pires, les neutres, les futés et les gentils. Les membres de la famille sont assez caricaturaux.
Et pour finir, ce qui fait passer la pillule et avaler les pages, c'est l'extrème soin que l'autrice met à nous décrire la vie dans une grande demeure écossaise, il y a un vrai travail de recherches, des anecdotes savoureuses.
Alors si vous voulez tout connaître de la vie de château ... c'est un roman cosy mystery atypique qui vaut le détour, mais ne vous perdez pas dans les couloirs, les passages secrets, et les 125 pièces de
Loch Down Abbey !