Ma première rencontre avec cet auteur et ce fut toute une rencontre! La jeune fille de l'histoire se sauve de chez elle pour aller vivre chez un homme qu'elle trouve beau et charmant et qui lui propose de faire la grande vie avec lui. Mais l'histoire qui promets d'être idyllique s'avère plutôt être une histoire d'horreur. Car, cet homme est entouré de personne qui travaille pour lui, qui sont masqués et ne font que grogné. A force de gentillesse et de bons arguments, la jeune fille réussie à convaincre l'un de ces employés de lui expliqué d'où viennent ces étranges masques et grognements. Les explications reçues font vraiment peur et a partir de ce moment elle fera tout pour se sauver de cette maison qui est devenue, ni plus ni moins qu'une prison dorée! Si cette lecture est faite à l'age adulte, elle vous donnera surement l'envie de lire "Ainsi parlait Zarathoustra"...
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Denis Côté a le tour de ficeler des intrigues étranges, épeurantes, intrigantes. le texte, composé de phrases courtes, possède un style direct et un rythme enlevant. Des références au nazisme apportent une dimension historique intéressante.
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Cette idée a fait grandir ma peur. Stupidement, j’ai imaginé un groupe de gens venus exprès pour moi : les membres de la secte à laquelle M’ling appartient ! Leurs visages étaient cachés derrière un masque identique au sien. Ils étaient tous gros, ils portaient une robe et ils ne se parlaient pas.
Dans mon rêve éveillé, je les voyais escalader le mur extérieur en s’agrippant à la pierre, puis entrer un à un par la fenêtre de ma chambre. Tandis qu’ils m’entouraient, j’étais incapable de faire le moindre geste ! Les gros hommes à la face sans expression tendaient leurs mains vers moi ! Et ils s’approchaient petit à petit, ils s’approchaient jusqu’à me toucher !
Ébranlée par ces images, je me suis levée et je suis allée à la fenêtre. Ma nausée du souper était en train de réapparaître.
Le ciel était sans nuages, et la lune éclatante me permettait de distinguer presque autant de détails qu’en plein jour. Un mouvement a attiré mon attention sur un bouquet d’arbres situé à une trentaine de mètres de la maison. Cette partie des jardins était toutefois dans la pénombre.
Au milieu d’une petite clairière, j’ai vu un marcheur. Puis un deuxième est arrivé, et un troisième. Quand ils se sont arrêtés, j’en ai compté cinq. Les arbres jetaient trop d’ombre pour que je les voie distinctement.
Un homme assez grand se trouvait à leur tête, et j’ai cru reconnaître la silhouette d’Antoine ! Les quatre autres étaient trapus. Ils se tenaient le dos courbé en balançant les bras d’une manière bizarre.
On aurait dit des singes ! Oui, c’est ça, des gorilles peut-être !
12 juillet
1h50 du matin
Il vient de se produire quelque chose.
Cela a commencé par un simple bruit. Léger. Tellement que je n’aurais pas dû l’entendre, puisque je dormais. C’était un froissement. La fenêtre de ma chambre étant ouverte, j’ai compris que ça venait de l’extérieur.
Puis le son s’est précisé. Il était semblable à celui que l’on fait en marchant dans l’herbe. Quelqu’un se promenait au milieu des jardins.
Je me suis assise au bord du lit, mal réveillée, en proie à une vague inquiétude. Je ne courais aucun danger pourtant. La personne qui marchait n’avait aucun moyen d’atteindre ma fenêtre. Et puis, pourquoi serait-on monté jusqu’ici?
Seule dans cette chambre, je me sens menacée. Mon mal de cœur va en empirant. J’aurais voulu verrouiller la porte, mais elle n’a pas de serrure. Je l’ai bloquée en poussant la petite commode devant. C’est idiot, enfantin. Cependant, je me sens davantage en sécurité de cette façon.
Même si ma lampe de chevet combat à peine l’obscurité, je n’ose pas allumer le plafonnier. Antoine s’apercevrait peut-être que je ne dors pas, et alors que penserait-il? Que ferait-il?
Oh ! Je me déteste ! On dirait que mon intelligence fonctionne à l’envers, qu’elle ne produit que des idées capricieuses.
C’est comme au sujet des rides sur son visage. L’explication est facile : je ne les avais pas remarquées avant, bien entendu ! J’avais cru Antoine plus jeune qu’il ne l’est en réalité !
Comment ne pas croire qu’il se passe ici des choses mystérieuses? Des choses dont Antoine ne m’a pas parlé, n’a pas voulu me parler. Qu’il ne révélerait pas à une étrangère parce qu’elles sont trop inattendues.
Entrevue télé par Denise Bombardier, émission L’envers de la médaille, Radio-Canada, 1991.