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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne saurais dire si Colette sera une écrivaine qui marquera à jamais la littérature française, je ne la place pas dans mon panthéon littéraire, mais il se trouve qu'à chaque fois que je la lis je suis épaté par l'art qu'elle possède pour choisir et placer les mots au bon endroit, décrire un personnage, un paysage, une situation et qui fait mouche...
Ici encore, sur un court récit dont le thème a priori aurait dû me laisser sur le bas-côté de la route, j'ai été séduit par sa langue et sa manière de peindre un très beau personnage féminin.
J'ai imaginé que cette Julie de Carneilhan avait en elle quelque chose de Colette, une rage exquise et vacharde, un amour de la vie pour vouloir la croquer à belles dents malgré les rebuffades, la mesquinerie des hommes, le désespoir, peut-être le chagrin aussi.
Tremper sa plume dans le cyanure des mots...
Et puis se relever, continuer de vivre, tendre son visage au soleil et s'en délecter comme si c'était du miel.
C'est un peu l'image que je me fais naïvement de cette écrivaine qu'il m'aurait plu d'avoir comme amie.
Le personnage de Julie de Carneilhan incarne ici un très beau portrait de femme qui ouvre et clôt le récit ramassé sur une courte période d'une quinzaine de jours.
Nous faisons sa connaissance dans son studio d'un quartier populaire de Paris, où elle vit désormais, tout en étant comtesse, - une comtesse ruinée sans le sou, continuant de vouloir donner le change par sa beauté, son orgueil, ses quarante-cinq ans qu'elle porte allégrement. Se croyant guérie de l'amour et de ses blessures, elle se drape d'une sorte de légèreté désinvolte pour camoufler sa situation devenue précaire, la solitude...
Financièrement, les choses ne vont pas fort pour Julie de Carneilhan d'autant plus qu'elle tente d'ignorer son sort, faire la fête, continuer de tenir peut-être son rang de comtesse. Aimer la vie...
Justement, est-elle guérie de ses amours contrariées ? Elle se console auprès d'une jeunesse insouciante à laquelle elle voudrait continuer de ressembler, des jeunes hommes tournent autour d'elle, affolés comme des guêpes.
Il ne se passe pas grand-chose dans ce récit, sauf au moment où Julie de Carneilhan va retomber sous le charme de son dernier mari le comte d'Espivant, lorsqu'il l'appelle à son chevet, à la suite d'une crise cardiaque. Sans doute elle l'aime encore... Il va jouer la comédie, c'est un homme politique... Elle accepte sans scrupule d'être mêlée à une déloyale opération d'argent...
On voudrait tant lui dire non, n'y va pas ma chère Julie... Ne te fais pas avoir par la bassesse de cet homme une seconde fois...
Colette nous décrit ici un personnage féminin haut en couleurs qui assume ses choix de femme, ses goûts, ses erreurs aussi, sa liberté. Même bafouée par l'homme ingrat qu'elle a aimé, elle renonce à être une victime, elle agit, jouissant pleinement de la vie telle qu'elle se présente...
La fin de l'histoire donne à voir une femme meurtrie une nouvelle fois, qui se console auprès de son amour indéfectible pour les chevaux.
L'amitié de cette femme avec son frère est belle et touchante aussi. Elle nourrit la respiration de ce récit.
Tout est fin ici, délicat, triste, cruel, cynique, beau, jubilatoire. La vie, quoi !
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Ce livre fit l'objet, à sa parution, l'objet d'un feuilleton dans Gringoire journal de droite, puis d'extrême droite, pendant l'occupation.

Julie de Carneilhan, aristocrate ruinée, divorcée, habite, dans un quartier populaire, un petit studio où la cuisine est séparée en 2 par un rideau pour accueillir la baignoire, accessoire indispensable dans sa vie. Elle y mène une vie légère en compagnie de jeunes personnes pour fuir le souvenir du conte d'Espivant dont elle est divorcée mais….
Son ex-mari l'entraînera une fois de plus dans une manoeuvre sordide et limite frauduleuse, manoeuvre percée à jour par l'actuelle femme d'Espivant. Humiliée une nouvelle fois, mais fière, elle se retournera vers sa maison natale, retrouver les chevaux, son frère, oublier la bassesse masculine….
Dans ce livre, Colette règle ses comptes avec Jouvenel ou les miasmes accrochés à ce passé et retrouve ses racines paysannes pour mieux se guérir et retrouver des valeurs authentiques.

Quel plaisir de vous retrouver Colette… il y avait si longtemps, trop longtemps. Vous êtes ma Madeleine. Vous lire dans ces vieux bouquins que je déniche chez les bouquinistes ajoute à mon plaisir.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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paru en 1941

Merveilleuse Julie sensuelle, aristocrate aux quarante-cinq ans solides et terriens. il y a une résonance de Claudine en elle et une résonance de Colette elle-même. Désargentée, elle vit dans un petit studio sis dans une rue commerçante de Paris. Elle se repose d'un amour difficile à guérir, celui qu'elle éprouva pour le comte Herbert d'Espivant dont elle est divorcée (ne serait-ce pas un roman à clé?). Il l'a quittée pour une femme riche, utile à sa carrière. Il fera de nouveau appel à la belle et fidèle Julie qui ne refusera pas de l'entendre et se retrouvera une fois de plus manipulée par cet homme égoïste et charismatique. Humiliée mais fière, elle partira vers l'endroit où elle peut, sans danger, être elle-même : son pays natal. un frère aimant et droit, des chevaux et Julie tournera définitivement le dos à l'amour destructeur.

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Qui lit aujourd'hui Colette, l'auteur des « Claudine » ? On se dit (avec des titres comme « Chéri » ou « Gigi ») que cela va être complètement gnangnan. Au hasard, je suis allé prendre « Julie de Carneilhan » dans la bibliothèque de mon père. Ce court ouvrage est inclassable, très original. La plume est vive, alerte, légère, aérienne. le ton, sémillant, est malicieux. C'est sublimement féminin. Oui, je sais : peut-on encore dire cela aujourd'hui ? Mais j'assume. le mâle que je suis affirme que Colette, c'est l'intelligence littéraire au féminin. Visuelle, sensitive, primesautière, elle procède ici (tel un peintre) par petites touches pour faire pressentir un contexte, permettre petit à petit de resituer une scène. C'est du Proust au féminin. Cela demande de la part du lecteur une vigilance, une acuité de tous les instants. On se sent même (surtout au départ) un peu balourd devant cette impertinence littéraire. On est déconcerté devant tant d'espièglerie savante. Mais c'est une délicieuse surprise, comme un baiser délicat que vous ferait une jeune fille sur le coin de la bouche sans vous embrasser tout à fait. Colette, c'est le (bon) Champagne de la littérature française.
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