Qui lit aujourd'hui
Colette, l'auteur des « Claudine » ? On se dit (avec des titres comme «
Chéri » ou «
Gigi ») que cela va être complètement gnangnan. Au hasard, je suis allé prendre «
Julie de Carneilhan » dans la bibliothèque de mon père. Ce court ouvrage est inclassable, très original. La plume est vive, alerte, légère, aérienne. le ton, sémillant, est malicieux. C'est sublimement féminin. Oui, je sais : peut-on encore dire cela aujourd'hui ? Mais j'assume. le mâle que je suis affirme que
Colette, c'est l'intelligence littéraire au féminin. Visuelle, sensitive, primesautière, elle procède ici (tel un peintre) par petites touches pour faire pressentir un contexte, permettre petit à petit de resituer une scène. C'est du
Proust au féminin. Cela demande de la part du lecteur une vigilance, une acuité de tous les instants. On se sent même (surtout au départ) un peu balourd devant cette impertinence littéraire. On est déconcerté devant tant d'espièglerie savante. Mais c'est une délicieuse surprise, comme un baiser délicat que vous ferait une jeune fille sur le coin de la bouche sans vous embrasser tout à fait.
Colette, c'est le (bon) Champagne de la littérature française.
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