Le plaisir de lire un roman d'
Agatha Christie est, chez moi, une sensation particulère et plaisante, mais qui m'interroge.
La question s'était timidement présentée à moi après la lecture d' Ils étaient dix, mon premier
Agatha Christie (en tant qu'adulte en tout cas), et revient, cette fois s'imposer, après avoir fini
La maison biscornue.
Cette enquête, étonnemment menée par un civil dénommé Charles, nous fait pénetrer dans une famille aux liens et aux personnalités aussi biscornues que leur fameuse maison. Les personnages sont interessants et précurseurs (l'un d'entre eux est une vegan anti capitaliste par exemple) tout comme leurs zones d'ombre respectives, parfaitement propices à nous divertir. le choix de l'enquêteur, qui est le courtisan d'une proche de la vicitime, et son association avec la petite peste de 12 ans de la maison pour résoudre le crime est un angle qui m'a plu et que j'ai trouvé plutot moderne également. le dénouement, fidèle à la réputation de Mme "A.C." est brillant et m'a bel et bien surpris : job is done!
Bon ben alors c'est parfait non? 5 étoiles et au suivant ?!
Hmm, le truc, c'est que, une fois encore, j'ai pris un plaisir assez modéré à lire
La maison biscornue et que je n'avais pas trop de soucis à le reposer après quelques dizaines de pages. L'aspect globalement surrané et les legers mais réguliers flous dans certaines descriptions d'objet ou de comportements devenus obsolètes freinent un peu mon immmersion, j'imagine. le rythme choisi peut etre aussi, "à l'ancienne" ou l'on laisse mijoter des situations pour qu'elles explosent d'autant plus, au lieu de répartir les remous en vagues plus petites et régulières.
Oui mais ça tu le savais bien coco, tu t'attendais à ce que Charles recoive des résultats d'analyses ADN sur son iphone dans un roman de 1959 qui serait parsemé de suspens artificiel comme une série Netflix?
Calmons nous, loin de moi cette idée, seulement cela ne peut que me faire réflechir à l'impact qu'a notre environnement de lecteur, nos préjugés conscients ou inconscients, sur l'appréciation qu'on a d'un livre. Me demander si au fond, j'ai vraiment bien aimé ou si le nom et le prestige associé à ce roman, la renommée de son autrice, avaient déja fait le travail dans mon jugement? Une partie de la réponse m'était déja apparue après mon immense déception pour Lucia, de
Bernard Minier, qui m'a emmené à un ressenti très dur, d'un livre pourtant objectivement adoré par des profils similaires au mien qui eux, découvraient l'auteur. Encore plus clairement, on notait récemment avec un lecteur de Babélio (2Paul, que je salue) que malgré que nous tirions un bilan similaire sur le contenu de Dans son silence, lui qui avait eu connaissance avant lecture des nombreux éloges et autres prix reçus par l'ouvrage, l'avait trouvé relativement moyen. Pris au hasard complet dans une bibliothèque familiale sans me demander d'ou ce livre ni cet auteur sortaient, il m'avait au contraire paru brillant.
Pour en revenir à
La maison biscornue, en y reflechissant honnetement donc, oui je pense que je l'ai lu davantage pour sa notoriété que par envie, que j'avais bien plus "envie de l'avoir lu" qu'envie de le lire, et oui je pense que l'aura de l'autrice m'a probablement et automatiquement fais mettre certains petits détails que j'aimais moins dans la case mentale de "participe au charme de l'ouvrage" au lieu de celle des "défauts à mes yeux".
Au final, je pense que la note de 14/20 represente le mieux mon avis global qui, plus trivialement et sans vous embeter avec toutes mes reflexions à voix haute aurait pu être "Polar anglais à l'ancienne bien ficelé, assez original pour être marquant, mais pas toujours très prenant."