Même en vacances, Hercule Poirot ne peut s empêcher de résoudre des enquêtes. Surtout lorsque la victime de tentatives de meurtres est une jolie jeune fille.
Poirot prend sous son aile la délicate Nick, alors que la jeune femme manque de peu être tuée par balle. Or, ce n est pas le premier incident : le tableau au dessus de son lit qui tombe, un rocher qui manque de l écraser, des freins qui ne fonctionnent plus... Qui peut bien en vouloir à la jolie Nick? Poirot et son fidèle Hastings mènent pour notre plus grand régal l enquête. Jusqu' à la mise en scène finale. Coup de théâtre, rebondissements , mobiles, mensonges. Tout y est. Les dialogues entre Poirot et Hastings sont succulents, Poirot un brin prétentieux, un humour british.
Bref, je n avais rien vu venir. Jusqu' au bout, je me suis laissée balader.
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— M. Poirot est… euh… était un… grand détective, débutai-je.
— Ah ! mon cher ami ! s’écria Poirot, est-ce là tout ce que vous trouvez à dire ? Allons, dites à Mademoiselle que je suis un détective unique, inégalé et inégalable.
— Eh bien ! à présent, c’est chose faite, déclarai-je froidement, vous l’avez renseignée vous-même !
— Oui, mais il est toujours plus agréable de ménager sa propre modestie et de laisser aux autres le soin de chanter vos louanges.
— À quoi bon posséder un chien s’il faut aboyer à sa place ? jeta Nick en plaisantant. À propos, qui est le chien ? Le docteur Watson, sans doute ?
— Mon nom est Hastings, rectifiai-je, légèrement vexé.
Je ne crois pas qu’il existe, sur la côte méridionale de l’Angleterre, de ville balnéaire aussi attrayante que Saint-Loo, baptisée, à juste titre, « la Reine des Plages », tant elle évoque la Riviera française. À mon avis, la corniche de Saint-Loo peut bel et bien rivaliser avec celle du Midi de la France.
Je faisais part de ces réflexions à mon ami, le détective Hercule Poirot.
— Vous ne m’apprenez rien, mon cher, me dit-il. J’en ai déjà lu tout autant, hier, sur la publicité du wagon-restaurant.
— D’accord ! Mais cette vogue ne vous paraît-elle pas amplement justifiée ?
Dissimulant mal un sourire, il ne me répondit pas immédiatement et je dus répéter ma question.
— Je vous demande mille pardons, Hastings. À la vérité, je rêvassais de ce délicieux paradis auquel vous venez de faire allusion.
— Le midi de la France ?
— Oui, je songeais aux événements qui s’y produisirent au cours du dernier hiver que j’y ai passé.
Je me souvins, en effet, du crime survenu dans le Train Bleu et dont le mystère, aussi compliqué que déconcertant, avait été élucidé par Poirot, grâce à son habituel et infaillible jugement.
— Que j’aurais aimé être près de vous ! m’exclamai-je.
— Votre expérience m’eût été précieuse, me répondit Poirot.
Je le regardai avec méfiance. Depuis longtemps, je suis fixé sur la sincérité des compliments de Poirot. Cependant, cette fois, mon ami me parut sérieux. Après tout, pourquoi pas ? Je connais à fond les méthodes employées par lui avec succès.
— C’est votre vive imagination qui me fit le plus défaut, Hastings, poursuivit-il comme se parlant à lui-même. J’ai parfois besoin de petits conseils. George, mon valet de chambre, est un homme sensé avec qui je discute de certains points, mais il manque de fantaisie.
— Franchement, Poirot, n’êtes-vous pas tenté de reprendre du service ? Cette vie inactive…
— … me convient à merveille. Quoi de plus agréable que de se prélasser au soleil ? Connaissez-vous un geste plus noble que de descendre du piédestal après avoir atteint les sommets de la célébrité ? J’entends murmurer autour de moi : « Voilà Hercule Poirot… Le grand, l’unique !… Personne ne l’a égalé et ne l’égalera jamais… » Ces réflexions me sonnent agréablement à l’oreille : je n’en demande pas davantage. Il est vrai que je suis si modeste, savez-vous ?
Il parlait de sa modestie !… J’en conclus qu’en dépit des années, la vanité de mon ami belge était demeurée intacte. Renversé dans son fauteuil, il caressait ses moustaches et ronronnait presque de satisfaction.
Nous étions installés sur une des terrasses du Majestic, l’hôtel le plus important de Saint-Loo, juché au faîte d’une falaise qui surplombe la mer. Les jardins de l’hôtel plantés de palmiers s’étageaient à nos pieds. L’océan était du bleu le plus profond, sous un ciel clair, illuminé d’un vrai soleil estival, chose rare en Angleterre. Tout concourait à l’idéale beauté de l’endroit.
Arrivés la veille au soir, nous savourions cette première matinée de notre séjour. Nous avions projeté de demeurer une semaine à Saint-Loo et nous souhaitions ardemment de jouir jusqu’au bout d’un temps aussi délicieux.
Ramassant le journal qui m’avait glissé des mains, je repris ma lecture. Bien que peu brillante, la situation politique était dépourvue d’intérêt. En Chine, une escroquerie d’importance venait d’être découverte à Pékin, mais, dans l’ensemble, les nouvelles n’offraient rien de particulièrement émouvant.
— Cette épidémie de psittacose ne vous semble-t-elle pas curieuse ? observai-je en tournant la feuille de mon journal.
— Oui, c’est bizarre.
— On signale deux nouveaux décès à Leeds.
— Je le déplore.
— On reste toujours sans nouvelles de l’aviateur Seton qui effectue le tour du monde, continuai-je. Ces...
- La providence, murmurai-je.
- Ah, mon bon ami ! Ne rendez pas le bon Dieu responsable des mauvaises actions des hommes. Vous le louez comme si vous étiez à l'office du dimanche, sans comprendre que c'est le même bon Dieu qui a tué Maggie Buckley !
- Poirot, voyons !
- Mais oui, mon bon ami ! Eh bien moi, je refuse de rester assis en disant : ce brave bon Dieu s'occupe de tout, laissons-Le faire. Et je suis convaincu qu'il a crée Hercule Poirot pour qu'il se mêle de ces affaires ! C'est mon métier, voyez-vous.
Moi, Hercule Poirot, je me suis laissé aller aux suppositions les plus extravagantes, abaissé aux élucubrations les plus ignominieuses. J'ai raisonné comme dans les romans à quatre sous. Le "Vieux Nick" par exemple, ce grand-père qui aurait perdu toute sa fortune au jeu, eh bien je me suis demandé si c'était vrai ! Ne l'aurait-il pas au contraire cachée? Enterrée dans un coin de la propriété? C'est dans cet esprit, j'ai honte de vous l'avouer, que j'ai demandé à Miss Nick si on lui avait fait des propositions pour acheter la maison.
- Mais, Poirot ! C'est peut-être une excellente idée.
- Ça ne m'étonne pas que cela séduise votre esprit romanesque et un tantinet vulgaire ! grogna Poirot. Un trésor enfoui ! J'étais sûr que cela vous plairait !
J'avais oublié, vous êtes si jeune qu'il est normal que vous n'ayez jamais entendu parler de moi. La célébrité n'a qu'un temps. Mon ami va vous dire qui je suis.
Nick se tourna vers moi et, un peu gêné, je m'éclaircis la voix.
- M.Poirot est... euh... était un grand détective.
- C'est tout ce que vous trouvez à dire, mon bon ami ! s'exclama Poirot. Mais voyons donc ! Expliquez à Mademoiselle que je suis l'unique, le meilleur, le plus grand détective qui ait jamais existé !
"Une histoire de chambre close qui commence à la façon d'Agatha Christie et qui d'un coup bascule dans le thriller psychologique. du très grand Valentin Musso !" - Gérard Collard
À retrouver à La Griffe Noire et sur notre librairie en ligne :
https://www.lagriffenoire.com/le-mystere-de-la-maison-aux-trois-ormes.html