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Editions Il est Midi (Autre)
EAN : 9782494282490
244 pages
AFNIL (13/05/2024)
5/5   2 notes
Résumé :
Un vieil homme qui égrène les heures dans un couloir des urgences, des trop bienveillants qui suivent un stage de méchanceté, une vierge enfantant à près de 40 ans, une famille d’un pays en guerre s’amourachant d’un mulot ou bien encore une Japonaise qui veille sur un sakura en fleur, à moins que ce ne soit l’inverse...
La plupart des personnages de ce recueil de nouvelles ont en commun le fait de ne pas marcher droit, sans rébellion ni volonté particulière à... >Voir plus
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• Regarde, Nana, cette jolie robe verte... elle t’irait parfaitement !

Nana, pour Anne, je déteste, et du vert, juste parce que j’ai les cheveux roux, auburn, disait ma mère en faisant ses mines, poil de carotte point barre, arrêtez vos conneries, aurait glapi pour sa part, le père biologique de ma fille qui, lui, en connaissait un rayon, question conneries.
Je regarde la robe, un long tube avec des sequins sur le devant. Ce n’est même pas la peine d’essayer ce machin, c’est moche à crever, je ne comprends pas qu’on puisse même avoir l’idée d’imaginer un tel vêtement, il faut avoir l’esprit franchement dérangé, limite psychotique ou pervers. La personne qui l’a inventée devrait être jetée en prison.
J’éprouve presque une rage intense à regarder ce vêtement.
ꖿ ꖿ ꖿ
Me voilà pourtant dans ladite robe. J’ai l’air d’un poireau, ou d’une endive, avec une mine de pensionnaire de sanatorium.
• Oh elle te va à ravir !
Madeleine bat des mains, l’air sincèrement admiratif.
• Je ne sais pas...
Mais si je sais, elle est immonde, et en plus, elle coûte 650 € !
• Mais Anne, elle est d’un tel chic, et tellement bien coupée...
Madeleine n’a généralement guère d’opinion sur les choses, docile, elle attend généralement que je lui livre la mienne, quant à son goût en matière de vêtement, je ne vais pas me répéter... et voilà que là, elle se met soudain en demeure de me persuader que cette horreur est chic et bien coupée, insistant pour que je l’achète, j’éprouve une furieuse envie de hurler, je vais les envoyer valdinguer, et la robe, et Madeleine, cela ne va pas tarder, vous allez voir ce que vous allez v.
• Je vais la prendre.
Je m’entends dire alors, à mon grand désarroi.
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C’est la nuit, 1 heure du matin. J’entends quelqu’un qui chante, doucement, je cligne des yeux dans la lumière crue du couloir. Je vois comme une ombre, un fantôme, allant et venant dans le couloir, en chantonnant.
J’ai peur, et à défaut de draps, je serre les bords de mon brancard.
Je fais une dépression nerveuse, me renseigne le fantôme qui s’est rapproché de moi. C’est une femme ni vieille, ni jeune, mais plutôt vieille, si je devais choisir.
Personnellement, j’ai horreur des dépressifs, la dépression n’est pas une maladie, ou si cela en est une, le meilleur des médicaments c’est quand même un bon coup de pied au cul. La mère de Jackie nous a fait le coup de la dépression toute sa vie, comme si c’était un don des cieux, mais elle a quand même fini par réussir à se suicider.
Je me suis suicidée il y a quelques années de cela, dans ce couloir, m’informe justement le fantôme, au bout de 24 heures d’attente, j’ai décidé d’en finir, et depuis, je cherche la sortie, inlassablement, inlassablement... La femme se penche sur moi, sauf que ce n’est plus une tête de femme mais celle d’un zombie, comme dans les films que regarde mon petit-fils travelo (non binaire, Papy, Benjamin est non binaire, pas travelo).
Je pousse un cri perçant, et me redresse, avec peine.
Je dormais, je suis seul, dans ce couloir, comme dans la vie, remarquez bien. J’ai peur, soudain, j’ai vraiment peur de mourir ici, quand je pense que chez moi, en plus, j’ai investi dans un matelas à ressorts ensachés. (...)
Mon bras me fait toujours mal, cela me semble même gagner le thorax. Combien de temps encore à attendre ? Combien de temps, encore, à vivre…
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La réunion avec Barbie se passe mal, forcément. Il me menace à mi-voix de licenciement si je persiste dans « cette attitude désinvolte ».
Je regagne mon bureau en vacillant, en proie à un véritable vertige. Que se passe-t-il pour que la machine si impeccable de ma vie se détraque d’un coup sans aucun motif tangible ? Depuis lundi tout va de travers et de façon parfaitement inexplicable puisque vendredi encore, Barbie me tapait sur l’épaule en m’appelant, mes deux bras droits.
Quelqu’un a-t-il ce pouvoir-là, de détraquer ma vie pourtant si solide et si réussie ? Est-ce ce Martin Durand ? Peut-il vraiment avoir ce pouvoir-là ? Est-ce seulement possible ?
Je chasse aussitôt cette stupide idée. Il faut quand même garder raison.
(...)
Je dois me battre, toujours et encore, puisque même parvenu près du sommet, visiblement, c’est ainsi, on doit continuer de se battre, même mort, aurait ajouté mon père en ricanant s’il avait encore ses facultés, tu devras te battre pour te faire une place au paradis.
Mon père qui aurait vendu des écrans plats à des aveugles, des jets privés à Greta Bidule, et qui finit sa vie, dans une maison pour vieux riches, devenu avec son Parkinson, aussi ratatiné et minable qu’un petit vieux ordinaire, qui traverse la vie comme une goutte de pluie sur un pare-brise.
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J’ai essayé de lui parler à la fin des cours. Essayé de comprendre les raisons de son apathie, de son refus de tout. Elle ne me regarde jamais dans les yeux, au mieux, elle émet de petits rires gênés sans que jamais, jamais un signe de vie ne filtre de ses yeux.
(…) J’en ai parlé aux autres professeurs, tous ont le même sentiment, c’est une fille sans intérêt, au sens où elle n’a d’intérêt pour rien. Ses notes sont médiocres, mais pas catastrophiques.
• Franchement, Youssef, tu devrais arrêter de te prendre la tête avec cette fille, c’est juste une ado comme les autres !
Rachel est une ado mais pas comme les autres. Son absence au monde atteint un niveau que j’ai rarement rencontré. C’est une énigme à la Vie. Une équation à 10 chiffres mais tous à somme nulle. Je l’observe dans la cour, quand elle est avec les autres filles. Elle est à peine moins ectoplasmique.
J’ignore si elle a des amis, de vraies copines avec qui, chose si improbable, elle existerait.
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Moussa a marché tout le matin sans but. Du Mali à la France, il en avait un, de but, mais parvenu à cette ville cernée par les montagnes, tout s’est comme dissous, sa boussole a cessé de l’orienter. Il n’a plus aucun endroit où aller.

Devant lui, une jeune femme blonde vient de jeter dans une poubelle un sandwich à moitié mangé, il se jette dessus et le dévore, à même la place, devant les yeux choqués d’une dame d’un certain âge, qui s’en arrête net.

Il a marché jusqu’ici, le nez en l’air, parce qu’un Sénégalais lui avait dit, un jour, de bien regarder les façades. En faisant attention, on pouvait voir un enfant, laissé seul par ses parents, tomber d’un balcon comme une petite pierre, précieuse. En le sauvant, on obtenait la nationalité française, avec même une petite somme rondelette, si on avait vraiment de la chance.

Moussa s’est tordu le cou, toute la matinée, à regarder les façades mais aucun enfant n’en est tombé.
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