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EAN : 9782358730891
180 pages
Le Bruit du Temps (23/10/2015)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Qu'est-ce que le bolchevisme ? réunit les rares écrits de Léon Chestov (1866-1938) qui renvoient directement à une actualité politique. Le plus important d'entre eux, qui donne son titre au recueil, est rédigé en 1920 à Genève où le philosophe exilé venait de trouver refuge, et très vite publié en traduction française dans un numéro du Mercure de France. Il s'inscrit ainsi dans toute une série de textes consacrés alors en France à l'« énigme russe », dont l'historie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le Bolchevisme se veut un mouvement révolutionnaire marxiste né en Russie en 1903, ce parti anti-tsariste, désire propager des idées révolutionnaires, installer « la dictature du prolétariat », sous la houlette de Lénine. Après la révolution de 1917 ils prennent le pouvoir et constituent le parti communisme russe.

En 1920 Chestov philosophe et écrivain d'origine juive nous dit en préambule de cet essai : « Depuis que je suis arrivé en Europe, tout le monde — et mes compatriotes comme les étrangers — me pose invariablement la même question : « Qu'est-ce que le bolchévisme ? Que se passe-t-il en Russie ? Vous qui avez vu de vos propres yeux, racontez ; nous ne savons rien, nous ne comprenons rien. Dites-nous tout et dites-le autant que possible d'une façon calme et impartiale. » Quelques lignes plus loin Chestov écrit : « Ce qui se passe en Russie est bien pire que la guerre ».
Ainsi Chestov va tenter de comprendre ce qui s'est passé avec cette révolution bolchevique. Il désire le faire en toute objectivité, selon lui une révolution doit être faite au nom et pour le progrès et non aboutir à la destruction et au pillage des biens et au final affamer la population.
Une révolution ne doit pas faire régner anarchie et despotisme, les bolchéviks, dit-il « ne croient qu'au bâton, à la force physique brutale » et nient tout besoin de Liberté : « le Français ou l'Anglais sait parfaitement qu'il ne saurait y avoir rien de bon dans un pays où il n'y a pas de liberté. Mais les Bolchéviks russes, éduqués par le régime tsariste d'asservissement, n'ont parlé de liberté que tant que le pouvoir était entre les mains de leurs adversaires. Mais lorsque le pouvoir eût passé entre leurs mains à eux, ils renoncèrent sans aucun débat de conscience à toutes les libertés et déclarèrent de la façon la plus désinvolte l'idée même de la liberté bourgeoise, bonne pour la vieille Europe convertie, mais n'ayant aucune valeur pour la Russie ».
Il est clair selon Chestov que si le Bolchevisme met fin au « despotisme » tsariste il met aussi en place un « despotisme ignorant » accompagné de surcroît d'exactions sur toute la population. Il est sûrement le terreau pour le Stalinisme …
le Bolchevisme pour Chestov est un mouvement « réactionnaire ; il est impuissant à rien créer ; il prend ce qu'il trouve sous sa main, ce que d'autres ont fait sans lui. Bref, les Bolcheviks sont des parasites, dans leur essence même ».
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Court brûlot anti bolcheviste écrit à chaud en 1920. Un travail sociologique et philosophique contestable sur bien des points. Mais une vision claire et profonde de la structure économique et des forces idéologiques et politiques de son pays. Chestov met en évidence, qu'Octobre 1917 n'est pas la victoire de la révolution, mais sa mort. Sa confiscation par un groupe plus au fait des contradictions de la société russe que des subtilités de la pensée de Marx. La fin de la révolution voit donc le retour de la violence et du contrôle d'état. Et le Capital servira de papier d'emballage pour le camouflage.

Le livre comprend deux autres articles. Les oiseaux de feu de 1918, brève analyse de l'âme russe à la sauce Dostoïevski. Et les menaces des barbares d'aujourd'hui de 1934, non dénué d'intérêt bien que très confus.

Un siècle après, le plus frappant n'est pas la justesse des propos de Chestov mais la capacité à l'ignorer de ses contemporains. Les événements ne sont jamais vus pour ce qu'ils sont, mais pour ce qu'on veut qu'ils soient. La dégradation dramatique de notre environnement et notre acharnement à l'ignorer démontre amplement de notre constance dans l'aveuglement.
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critiques presse (1)
Telerama
16 décembre 2015
Ces textes de Chestov témoignent de la clairvoyance d'un philosophe ancré dans le réel de l'histoire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Là-bas, des hommes tuent, non seulement des hommes, mais leur pays, sans même soupçonner ce qu’ils font. Les uns s’imaginent accomplir une grande œuvre et croient qu’ils sauvent l’humanité. Les autres ne pensent à rien et s’adaptent simplement aux nouvelles conditions d’existence, ne tenant compte que de leurs intérêts quotidiens. Que se passera-t-il demain ? Pour ces derniers, la question les laisse indifférents. Ils ne croient pas en ce lendemain, de même qu’ils ne se rappellent pas ce qu’il y avait hier. Les gens de cette espèce forment en Russie, comme partout, la majorité écrasante. Et, si bizarre que cela paraisse au premier abord, ce sont ces hommes-là, les hommes de l’au jour le jour, entièrement absorbés par leurs petits intérêts, qui créent l’histoire. C’est entre leurs mains que se trouve l’avenir de la Russie, l’avenir de l’humanité, l’avenir du monde.
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... « Il est évident, dis-je, que bien qu'on parle ici de la dictature du prolétariat, ce qu'on cherche à établir, dans ce domaine comme dans d'autres, n'est qu'une dictature sur le prolétariat. » (page 77)
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Il va sans dire que Marx ne reconnaîtrait pas ses disciples ni ses partisans dans les hommes qui ont formulé un tel programme. (page 54)
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Video de Léon Chestov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léon Chestov
« […] Chestov (1866-1938) de son côté, tout le long d'une oeuvre à l'admirable monotonie, tendu sans cesse vers les mêmes vérités, démontre sans trêve que le système le plus serré, le rationalisme le plus universel finit toujours par buter sur l'irrationnel de la pensée humaine. Aucune des évidences ironiques, des contradictions dérisoires qui déprécient la raison ne lui échappe. Une seule chose l'intéresse et c'est l'exception, qu'elle soit de l'histoire du coeur ou de l'esprit. […] il dépiste, éclaire et magnifie la révolte humaine contre l'irrémédiable. Il refuse ses raisons à la raison et ne commence à diriger ses pas avec quelque décision qu'au milieu de ce désert sans couleurs où toutes les certitudes sont devenues pierres. […] »  […] pour Chestov l'acceptation de l'absurde est contemporaine de l'absurde lui-même. le constater, c'est l'accepter et tout l'effort logique de sa pensée est de le mettre à jour pour faire jaillir du même coup l'espoir immense qu'il entraîne. […] » (Albert Camus, le mythe de Sisyphe, Editions Gallimard, 1985)
« […] On trouve ainsi dans sa [Emil Cioran] correspondance : « Léon Chestov m'a rendu un service considérable : il m'a délivré de l'idolâtrie de la “philosophie”. Je devrais ajouter : de toutes les idolâtries. » (Lettre du 2 avril 1989 à Mme Alice L., in Les cahiers de l'Herne, Emil Cioran, Champs classiques, Éditions Flammartion, 2015)
« Les philosophes aspirent à expliquer le monde, de façon à ce que tout devienne clair et transparent et que la vie ne recèle plus rien (ou le moins possible) de problématique, de mystérieux. Ne faudrait-il pas au contraire s'attacher à montrer que cela même qui paraît aux hommes clair et compréhensible est étrange, énigmatique et mystérieux ? Ne faudrait-il pas s'efforcer de se délivrer et de délivrer les autres du pouvoir des concepts dont la netteté tue le mystère ? Les sources de l'être sont en effet dans ce qui est caché et non dans ce qui est découvert. » (Léon Chestov, Athènes et Jérusalem, in Marc-Alain Ouaknin, Les Mystères de la kabbale, Assouline, 2003)
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Référence bibliographique : Léon Chestov, Les grandes veilles, préface : 10 aphorismes, traduction anonyme, texte établi par la Bibliothèque russe et slave, 2012.
https://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Chestov%20-%2010%20aphorismes.htm
Image d'illustration : https://www.amazon.com/Le%CC%81on-Chestov-philosophe-Cultures-socie%CC%81te%CC%81s/dp/2720403229
Bande sonore originale : The OO-Ray - The Warm Before The Storm The Warm Before the Storm by The OO-Ray is licensed under an Attribution-NonCommercial 3.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/The_OO-Ray/The_Force_of_Water/The_OO-Ray_-_The_Force_of_Water_-_05_The_Warm_Before_the_Storm
#LéonChestov #LesGrandesVeilles #PhilosophieRusse
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