Autre-Monde, titre éponyme du récit fantastique de
Maxime Chattam, en sept volumes, dont les trois premiers tomes, pouvant être lus sans les autres, pour ma part à l'époque je pensais qu'il y avait qu'une trilogie, et non une saga en sept volumes, où Ambre Héroïne féminine est au coeur de l'intrigue. Me replonger dans ce récit à travers Ambre fût un retour dans le passé, ma mémoire cherchant dans les méandres de mes diverses lectures, plonger dans cet univers fantastique pour adolescent, les héros le sont, mais aussi revivre dans une inconscience certaine, abandonnée par lâcheté sociétale, un passé perdu, une liberté de s'ouvrir dans cette lecture de jeunesse.
Maxime Chattam désirant écrire pour l'Unicef, s'offrit le bonheur de cette petite mise en bouche, à l'Autre monde, un préambule savoureux mettant en scène Ambre et son passé, cette personnalité complexe, cette jeune fille est l'héroïne parfaite pour cette oeuvre humanitaire, ce roman est intégralement au bénéfice de l'Unicef, une charité bien heureuse pour
Maxime Chattam, de son métier, un plaisir, écrire encore et encore, s'amuser à créer des vies, des intrigues, de tout âge entre ses thrillers, comme la trilogie du mal, L'âme du mal, 2002,
In Tenebris, 2003 et
Maléfices, 2004 et les autres nombreux puis ses romans fantastiques pour tout public, plus particulièrement, les adolescents avec le Cinquième Règne, prix du Roman Fantastic'Arts du Festival de Gérardmer 2003 et sa saga Autre Monde. J'ai beaucoup apprécié et lu à mes débuts de lecteur, les romans de
Maxime Chattam, puis petit à petit le temps et mes envies ont changé, mes lectures se sont minutées sur des romans différents, j'aime me diversifier et sortir d'un cercle pour un autre et revenir à mes premiers amours, comme une renaissance, Ambre fût un geste de grâce, ce roman posé sur l'étal en avant, avec cette notion charitable de tout reverser à l'Unicef, un clin d'oeil du destin pour relire du
Maxime Chattam et enfin finir cette saga d'Autre monde.
Le livre trace avec beaucoup de minutie le caractère et l'environnement d'Ambre, juste avant sa rencontre avec Matt et Tobias dans le chaos qui submerge la terre. Cette jeune fille, fraîchement menstruée, dans son grand désarroi moral, cherchant à vouloir au fond d'elle rester une enfant, gardant cette fraîcheur d'âme. Vivant avec sa mère et son beau-père dans un mobile home, Ambre végète de sa nature dans cette vie nomade et solitaire pour s'échapper dans ses livres aux multiples vies. Ambre, au contraire des autres, lit, n'a pas de téléphone, ne surfe rarement sur internet, préfère l'odeur et le bruit du papier pour ses recherches scolaires, Ambre est belle, bonne élève, au détriment de ses camarades jaloux du pouvoir de cette fille alliant la beauté et l'intelligence, dans cette région assez rurale, à l'étroitesse d'esprit.
Maxime Chattam façonne sa jeune héroïne avec beaucoup de modernité écologique, un appel subliminal à un monde nouveau, au changement de comportement, comme la primauté du commerce de proximité, elle aime acheter chez la petite épicerie de quartier, évitant les grandes surfaces. La connectivité des médias, Ambre n'a pas de téléphone portable, ni d'ordinateur, elle est naturelle avec ses livres, sa manière de travailler avec des livres, elle s'échappe de tous les codes des jeunes, ces filles de bonne famille, puis se transformant au lycée, devenant une jeune femme à la perversité voyante, comme les tenues provocantes, le maquillage et la provocation transpirante sexuelle. Ambre est une jeune prisonnière de ses héroïnes et héros rencontré dans ses livres.
Le contexte aussi est propice à une trame subjective, son beau-père, au surnom moqueur, Gouttière, est un homme mauvais, frappant la maman de la jeune fille, poltron pour oser sans prendre physiquement à Ambre, mais verbalement, la provoque, l'humilie, cet homme est fourbe, avec une forme perverse dans sa manière d'être, alcoolique, misogyne, raciste, dominant les plus faibles, c'est un déchet humain. Ambre aime vivre de ses lectures, elle voyage, elle s'illusionne quelquefois de la nature humaine. Les événements semblent être le trouble des lectures d'Ambre, elle devient sa lecture, tout ce qui se passe dans le réel lui échappe en quelque sorte, Ambre a ce manque de confiance de son âge, l'inexpérience de son adolescence, mais la sagesse intime de son âme, la curiosité aventureuse et la folie de sa jeunesse.
Si Ambre n'était pas dans le cycle Autre-monde, nous aurions pu avoir ce doute du beau-père, devenu le prédateur de la jeune fille, comme un inceste malsain de cet homme violeur de sa belle-fille, cette jeune innocente, qui sans avoir vraiment vécu cette atroce acte, subira la violence de la folie alcoolique de ce fou, lui faisant peur en l'agressant physiquement et verbalement, alors qu'au-dehors rôde une créature inhumaine et que le monde glisse petit à petit dans un Autre-monde.
Sans trop parler de l'intrigue en elle-même, Ambre est un roman facile à lire, une petite bouffée de fraîcheur, pour s'introduire petit à petit dans les interstices de la saga Autre monde. Merci de ce cadeau,
Maxime Chattam, pour l'UNICEF et nous, les lecteurs. L'écriture est un art incomparable, l'art ultime faisant titiller tous les sens, c'est vivre de nouvelles vies, comme Ambre aime le faire, j'aimerais que mon fils puisse aimer lire aussi… Mais nous sommes tous différents, hélas.
Bonne lecture à vous et soutenez l'Unicef en achetant ce livre pour le lire, l'offrir, le donner, le dévorer.