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EAN : 9782081296305
368 pages
Flammarion (28/11/2013)
3.65/5   24 notes
Résumé :
À travers un récit littéraire, nostalgique et émouvant, Jacques Chancel, dans La nuit attendra, raconte pour la première fois ses souvenirs inédits d'Indochine.
Avec le charme et l'élégance qu'on lui connaît, il nous entraîne dans le Saigon des années des 50, entre fumeries d'opium et violences d'une guerre qui ne fait que commencer, c'est tout une époque, tout un monde, qu'il ressuscite.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Face cachée
On se souvent (enfin peut-être pas toutes les générations) de cet infatigable journaliste, présentateur du Grand échiquier, d'Apostrophe ( Ah, le Premier concerto de Rachmaninov ! ) et à la radio de Radioscopie (magnifique générique de Delerue). Une époque, hélas révolue, où l'on pouvait voir à 21h30 et pour un long moment Raymond Aron, Albert Cohen, Rubinstein...La liste serait interminable.
Mais c'est ici l'écrivain-journaliste qui retrace ses souvenirs de la guerre d'Indochine. C'est bien écrit, efficacement, cela n'est pas dénué de qualités littéraires. Chancel fait revivre cette période avec son ambiance, ses drames, ses personnages parfois hauts en couleurs. C'est toute l'ambiguïté de cette période, épouvantable (Pierre Lemaitre en parle fort bien dans son dernier livre) mais en même temps charriant une mythologie parfois fascinante (Hotel Métropole Saigon..).
Pourtant ce qui m'a plu dans ce livre (outre le fait qu'il présente la guerre vue du mauvais côté, le nôtre, celui des perdants, mais avec des individus souvent remarquables) c'est qu'il montre à quel point l'image lisse de Chancel ne rendait pas justice à la totalité de sa personnalité. On découvre ici un journaliste courageux, séducteur, volontiers macho, courant les scènes de guerre...
Bien loin des plateaux télés qui feront plus tard sa gloire. Et on comprend mieux à voir cette ambiance coloniale et martiale pourquoi il faisait montre dans ses interviews d'une telle misogynie, d'un tel sexisme...Toute une époque ! Un livre donc réellement intéressant pour contribuer à voir la réalité non pas en noir et blanc mais dans une teinte grise à déterminer.
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La nuit attendra/Jacques Chancel
Jacques Chancel né en 1928 part en Indochine en 1945 en qualité d'attaché aux transmissions pour l'armée, seulement âgé de 17 ans, en ayant triché sur sa date de naissance. Pour lui, sa patrie, c'est l'aventure.
Faisant des rencontres favorables, notamment celle de l'écrivain et journaliste Lucien Bodard, qui lui permettent de devenir correspondant de guerre, il nous raconte cette aventure d'un jeune homme audacieux et ouvert.
Pendant 10 ans il va parcourir le sud-est asiatique en cette qualité et celle d'animateur à Radio France Asie et même musicien au sein d'un groupe et rencontrer à la terrasse du Continental, nid d'espions, là où s'ancrent toutes les curiosités et où les honnêtes gens et les salauds se côtoient et se confondent, des personnages charismatiques tels que Graham Greene, Jean Hougron, Jean Lartéguy, Raymond Cartier, Pierre Schoendoerffer, etc…
On y capte toutes les informations les plus précieuses ainsi que les échos des dernières vilenies. Au cours de ses émissions, de ses reportages, de sa fréquentation des cercles de presse et des réunions de correspondants de guerre, il va se tisser un réseau de connaissances extraordinaire.
Le jeune Chancel n'est pas un idéaliste convaincu penchant pour un camp ou l'autre dans cette guerre qui a commencé contre le communisme. Quoiqu'il pense que c'est une quête que de vouloir être soldat, il songe à l'instar de son entourage que le déshonneur est une possibilité qu'il faut envisager. Les militaires du corps expéditionnaire qu'il va côtoyer sont souvent sans illusions et n'hésitent pas à le dire : « Nous sommes des bêtes promises à l'abattoir ! » Il émane de cette armée résignée et sans espoir une dignité suicidaire qui ne voit comme seule alternative que le départ plutôt que la fuite. Hélas, le gouvernement français restera sourd et obstiné dans son incurie.
La description que nous offre Chancel d'une société saïgonnaise corrompue est précise et sans concession. Nous sommes autour des années 50 et la guerre s'étend du Nord vers le Sud, mais Saïgon fait la fête tous les soirs.
Sa rencontre avec l'empereur Bao Daï lui laissera découvrir un personnage sans charisme, sans pouvoir. D'empereur, il n'a que le titre et il n'a même pas le goût du pouvoir. Il charme les salons et s'honore d'avoir la réputation d'être un bon fusil. Sa délicieuse épouse Nam Phuong est délaissée sans vergogne au profit d'une blonde vulgaire.
Quittant temporairement la Cochinchine, Chancel part au Tonkin, car c'est là que va se jouer le sort de l'Indochine, dans la cuvette indéfendable de Diên Biên Phu plus précisément. Nous sommes alors en novembre 1953.
Parole de soldats gradés enregistrées par Chancel : « Nous avons été trahis par les mollassons du gouvernement français et de leurs vassaux, les chefs de notre armée : la bataille est perdue depuis le premier jour, on nous a envoyé au massacre, il y aura des milliers de morts parmi les nôtres. » Mais cet entretien sera censuré par Radio France Asie. Et le cauchemar ne faisait que commencer qui va durer jusqu'au 7 mai 1954 : la fin de tout, le massacre, trois mille morts….et onze mille prisonniers pour une « longue marche »…
Un récit autobiographique qui a valeur de document et qui intéressera particulièrement tous ceux qui aiment le Vietnam après avoir aimé l'Indochine.
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Je n'avais encore rien lu de ce célèbre animateur de radio avec Radioscopie et de télévision avec le Grand Echiquier. Je suis tombée sur un récit autobiographique où il narre ses années passées au Vietnam en tant que présentateur de l'émission de la station française Radio-France-Asie au milieu du siècle dernier en pleine guerre. Il passe très rapidement sur son enfance dans le Sud-Ouest à Bigorre et puis, sa formation rapide à l'Ecole des Transmissions de Montargis, mais en même temps il nous cite des réflexions de son père sur la vie qui l'ont énormément marqué. Il a sa vision personnelle de ce qui s'est passé en Indochine et il termine par Dien Bien Phu : pour celui qui a une passion pour l'histoire et la guerre coloniale, cela peut être intéressant. Moi, je préfère sa description de la ville balnéaire de Dalat que j'ai connue toute jeune, de Hué et sa rivière des parfums, des animaux étranges qui sont son quotidien, tel le gaur. "Près d'un étang, un troupeau de gaurs se rassemblait. J'admirais, immobile, cette curieuse race de buffles dangereusement cornés". Il a côtoyé des femmes superbes telle l'impératrice Nam Phuong, l'épouse de l'empereur Bao Dai. Il parle du problème des Eurasiens qui sont rejetés à la fois du pays où ils sont nés et de la France. Pour qui est passionné de l'Asiate, ce livre est à lire.
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Un ouvrage remarquable fait des souvenirs de jeunesse de Jacques CHANCEL. Sa soif de vivre l'aventure nous transporte dans une Indochine qui relève d'un monde perdu et aujourd'hui oublié. "La nuit attendra" éveille chez le lecteur un ensemble de sentiments qui font regretter de ne pas avoir vécu cette époque. Les fantômes des grands journalistes (Jean-Lartéguy, Lucien Bodard, Pierre Schoendoerffer), outre celui de l'auteur, sont omniprésents et nous accompagne au fil des pages en mettant en exergue un ensemble de valeurs hélas disparues: l'amour des gens, l'attachement à d'autres peuples, le courage au-delà des souffrances, l'intériorisation de la Patrie et de ses principes essentiels, le sens de l'honneur. Bref, que du bonheur !
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Avec toute sa douceur, son charme, son calme, Jacques Chancel nous raconte l'Indochine, Saïgon. Toute une époque ! Un paradis, un enfer. Il nous fait part de ses découvertes, des gens de ce pays aussi multiples que les paysages. Il manipule les mots avec élégance et même les plus sombres tableaux ne deviennent pas horreur. Il a su nous montrer la lucidité, le courage de ces soldats, de ses amis, sa propre force de caractère et sa pudeur. En lisant ce livre, on a l'impression de faire le voyage avec lui.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
-J'ai eu ma longue nuit.
Je ne veux plus parler de cette période noire. J'ai été éprouvé, c'est tout. Je songe plutôt aux camarades qui hantent maintenant les rizières du Sud, les collines du Nord, sépultures improbables. Ils se voulaient héros d'une cause perdue, je me souviens de nos aubes de prince, nous savions rire et aimer.
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Daniel pensa faire signe à un membre du personnel mais aucun ne traversa la salle à cet instant. François Mitterrand a oublié son chapeau. La phrase prenait corps dans son esprit. C'est le chapeau de Mitterrand. Il est là, à côté de toi. C'est le témoignage de la réalité de cette soirée, la preuve absolue qu'elle a bien eu lieu.
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Nous sommes tous, du moins les gradés, conscients qu'il faut déposséder ce pays du communisme, mais dans le même temps très lucides. Nous ne pouvons pas résister à l'immense armée que le général Giap est en train de constituer. Chaque soir, à vingt heures, les hauts parleurs d'en face nous engagent à cesser le combat... avant le désastre inéluctable.Nos généraux ne comprennent rien à cette guerre. Pardon de l'annoncer aussi brutalement : nous sommes des bêtes promises à l'abattoir. (p.81)
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J'ai oublié les tricheries de la politique métropolitaine, je ne sais plus rien des battements du cœur français, je suis, ici, presque asiate, le Vietnam a changé ma jeune existence, ce pays m'apprend à me préoccuper de l'autre. (p. 234)
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L'évasion est une promesse de bonheur. Je laissais entendre à mon père qu'il me faudrait partir un jour. Il avait réponse à tout : Pourquoi courir le monde alors que le ciel, la montagne, la mer nous les avons en nous. Hèlas, pour lui, c'est un peu de folie que j'ai en moi, une nostalgie de l'absolu. Le plus dur, en ce moment de ma vie d'ado, n'est pas la bataille à venir, c'est l'attente.
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Videos de Jacques Chancel (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Chancel
Hommage à Jacques Chancel, rediffusion de 'L'Invité' du 30/07/2013 (Patrick Simonin, TV5 Monde).
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