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J'ai eu du mal, au début à rentrer complètement dans ce dernier livre de Sorj Chalandon, auteur que j'estime infiniment, autant pour ses livres que pour ses écrits dans le palmipède.
Je ne vais pas vous faire un énième pitch, l'enragé est 15e dans le top 20 des ventes 2023, et je suis la 450e à rédiger un billet dessus sur Babelio. Si néanmoins vous n'avez pas entendu parler de ce livre, (re)lisez la Chasse à l'enfant de Jacques Prévert.
Ce livre est violent, percutant, cruel et enragé. La Teigne, le personnage principal, est tout à tour révoltant, et admirable. Je n'ai pas envie de vous dévoiler ce qui l'attend, à l'aube de sa majorité (21 ans à l'époque), lisez ce livre, accrochez vous et admirez le style et la force de Mr Chalandon, saluez au passage l'emprunt de deux lignes à Jacques Brel, et passez sur le côté peut-être un peu caricatural des personnages de la deuxième partie du récit. Personnellement, Ronan, Sophie et Alain m'ont reconfortée, chamboulée que j'étais par les 150 premières pages.
Un gros choc, en résumé.

Challenge des 50 objets 2024-2025
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Sorj CHALANDON. l'enragé.

COUP DE COEUR.

Décidément je me complais dans la misère qui plane ou à planer sur nos têtes. A peine ai-je refermé le livre de Anne PLANTAGENET «  La disparition inquiétante d'une femme de 56 ans » que je m'empare du livre de Sorj «  l'enragé » et à nouveau la colère se réveille et les larmes coulent… Trop de sensiblerie, non seulement de l'empathie, de la compassion, de l'émotion.... de façon magistrale, l'auteur, à partir d'un faits divers nous dresse un état des lieux de ces « maisons de détention et de déportation », construites sous Napoléon III. Ces bâtiments étaient destinés, à l'origine à accueillir les Insurgés de la commune de Paris. Ils ont ensuite reçus des enfants, abandonnés, orphelins, délinquants, tous mineurs dès l'âge de six ans et jusqu'à leur majorité vingt et un ans à l'époque. Ces maisons sont devenues des « institutions d'éducation surveillée «  et doivent délivrer à leurs pensionnaires une autonomie leur permettant, à leur levée d'écrou, oui c'est bien le terme à utiliser vu les conditions sordides de leur enfermement, de s'insérer dans la vie sociale, nanti de bases pour accéder à un emploi. Ils servent d'ouvriers agricoles dans les fermes environnantes... Mais les conditions à l'éducation ou la rééducation de ces malheureux enfants, déjà privés d'un foyer aimant, ne peuvent que devenir « enragés ». Les conditions de détention sont extrêmes et ne peuvent que révéler de la violence : malnutrition, maltraitance, viols, insalubrité des locaux et discipline militaire…. Et ces établissements n'ont fermés leurs portes qu'au cours des années 1970... Quelle honte !

Sur l'île de Belle-île-en-mer, au large de Quiberon, la colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne, riche de 56 enfants, est soumise à une mutinerie émanant de ses pensionnaires, le 27 août 1934. Aussitôt une chasse à l'enfant est décrétée : 20 francs offert par tête. La majorité des habitants se lancent à la poursuite des fuyards, alléchée par la prime, y compris les estivants.. Sorj nous décrit ces battues organisées pour retrouver les chenapans, les vauriens, les exclus de la société. Un seul enfant, notre héros, Jules Bonneau parvient à réussir son évasion. Il sera recueilli par un pêcheur, Ronan Kadarn. Ce dernier va le prendre parmi ses marins, pêcheurs.

Sur la Sainte-Sophie, il sera mousse. Alain le Goff, Pantxo un basque, Perig le novice, le patron Ronan, Jules voici l'équipage de la chaloupe. Jules va-t-il réussir à s'intégrer aux matelots ? Lui qui a perdu toute notion de sociabilisation pourra-t-il enfin gagner la confiance de ceux qui l'entoure, l'encadre et lui offre la liberté. L'île est petite et le danger s'infiltre. Chacun doit défendre son territoire. Ronan, un homme au grand coeur, fait toute confiance à cet oiseau tombé du nid. Il lui offre du travail le couvert et le gîte. Jules sera même hébergé chez son patron, reçu par l'épouse de ce dernier, qu'il connaît bien. Au sein de ce foyer hors du commun, un patron communiste, une infirmière faiseuse d'ange, Jules trouvera-t-il son équilibre, sa joie de vivre, de revivre, lui l'enfant abandonné par ses père, mère, et même grands-parents qui l'ont confié à l'assistance publique ? Non, je ne vous en dirais pas plus. Je vous invite à suivre le parcours de « l'enragé ».

Merci Mr Sorj CHALANDON pour votre récit, cruel, brutal mais empreint de tant de réalités, de vérités, de non-dits. Vous affichez aux yeux de tous la tristesse de ces soi-disant refuges pour âmes à la dérive. J'ai appris, au cours de ma lecture que Jacques PRÉVERT a dédié un poème a ces malheureux mutins; il était en villégiature à Belle-île-en-mer , lors de cet épisode tragique. (Le livre de Sorj CHALANDON me rappelle « Le gosse » de Véronique OLMI. de l'orphelinat, à la prison de la petite Roquette le gosse sera placé à la colonie pénitentiaire de Mettray…Je vous recommande également cette lecture qui dénonce des abus sociétaux). Je vous souhaite une bonne journée et de très belles lectures.
(26/03/2024).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Bagne pour enfants-maltraitance-violence.
Jules Bonneau surnommé la Teigne sera envoyé dans ce bagne pour enfants sur Belle île en Mer car il aura été abandonné par sa mère à 6 ans, son père sera incapable de l'élever et les grands- parents ne veulent pas s'en occuper. Une vie d'enfermement, de violence, de sévices en tout genre.
En 1934, 56 enfants vont s'échapper, c'est la chasse à l'enfant, ceux ou celles qui en ramèneront un gagneront 20 francs.
Un seul ne sera pas retrouvé, Jules. Une histoire qui prend aux tripes, de douleur, de noirceur, de violence.
Une plume magnifique qui ressort toute l'horreur de l'âme humaine; Sorj Chalandon a cette écriture qui nous bouleverse. On aimerait tellement prendre Jules dans nos bras et lui donner un peu de tendresse.
On ne sort pas indemne de cette lecture.
« Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements ?

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant… »
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Véritable livre du destin, pris au hasard sans en lire le moindre mot, c'est un bouleversement inattendu qui a pris mon âme de lectrice en otage pendant des heures qui se sont ensuivies sans aucune trêve.
Ce livre narre la destinée de Jules Bonneau, qui dès sa naissance, fut marqué par la vie et poussé à l'évidence : il ne fera rien de bien de sa vie, il ne sera rien d'autre que la Teigne, enfant terrible dont la société ne veux pas, et exclus.
Dans ce bagne pour enfants dans lequel se terrent insidieusement lorsque des regards étrangers s'y posent, et explosent à l'abri de ces regards, toutes les noirceurs humaines imaginables. Puis, un jour, une évasion. Enfin, un survivant. Et sa revanche sur la vie.
L'amplitude des émotions que procure ce livre est remarquablement grande, et participe à cet effet étrange qui rend un récit imbibé de noirceur, une merveille de beauté, beauté gravée et taillée dans ce diamant, lorsque la justice reprend sa place et que Jules se réalise. Aux côtés de Jules, ceux qui l'accompagnent. Meurtris et blessés. Leurs vies insignifiantes, jusqu'à ce que Jules arrive en elle, comme un messager. Dont la rencontre permets le miracle, et ce livre de devenir un incontournable témoignage d'espoir et d'amour.
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La colère baigne presque chaque page de ce roman.
Les bagnes pour enfants, leur infamie.
Leurs petits reclus, des victimes majuscules.
Le fait d'être orphelin, traité comme un délit..
Chalandon fait le portrait de cette société
qui est la nôtre et, qui pour protéger
les bien pensants, les possédants
met ce qui dérange derrière des murs.
Nous y croisons Jacques Prévert, les Croix de feu.
Alors que Guernica explose sous les bombes...
Nous sortons de la Grande Guerre,
mais l'Espagne est déjà à feu et à sang
L'ordre reste militaire .
Dans ce récit qui s'étire trop longuement
il y a presque du manichéisme dans l'air
De beaux portraits sensibles
comme Chalandon en a le secret .
Une lecture passionnante mais longuette.


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On ne présente plus l'auteur Sorj Chalandon qui nous revient en cette rentrée littéraire avec « l'enragé« , un roman aux résonnances multiples qui nous interroge sur notre rapport à la transgression. Que ferions-nous face à une loi inique ? Ou quand l'arbitraire prend le pas sur la « justice » et devient « l'injustice. » Il est question de révolte, de fougue révolutionnaire avec ce jeune garçon qui réussit à s'évader (avec cinquante-six de ses petits camarades d'infortunes) du Centre d'éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer en août 1934. Ce qui est pudiquement qualifié « d'éducation » par les institutions républicaines d'alors est en réalité un bagne où les sévices sont quotidiens. Ils sont d'ordre sexuels, verbaux, maltraitance acceptée du moment qu'elle est dissimulée aux yeux des îliens. On préfère ne pas trop savoir, alors forcément on mène les recherches et très vite les enfants et adolescents sont retrouvés et renvoyés dans leur prison. Seulement, il manque un adolescent à l'appel, il est arrivé en 1927, orphelin malheureux et violenté par son grand père. Accusé du vol de trois pauvres oeufs il est conduit sur cette île cernée par l'océan. le roman nous raconte dans sa première partie le quotidien et les brimades, les humiliations. La colère sourde de celui que l'on surnomme « la teigne. » Un enfant qui s'endurcit pour tenir et ne pas céder aux mal-être bien présent chez-lui. Il va rencontrer dans sa fuite un couple de militants de gauche socialiste ou communiste. L'un est marin pêcheur tandis que son épouse est infirmière. Pour eux le combat, la lutte est une seconde nature. Entouré de cet amour qu'il entrevoit pour la première fois, le jeune garçon se trouble. Il faut dire que le contexte politique est particulier. En février 1934, le 6, les différents mouvements d'extrême droite manifestent à Paris. S'ensuivent des violences entre force de l'ordre et manifestants. A Belle-Île-en-Mer, on est loin de tout cela mais l'arrivée d'un membre des Croix-de-feu du colonel de la Rocque va semer le trouble et menacer le fragile équilibre de l'adolescent. Sorj Chalandon dépeint avec minutie la vie des pêcheurs bretons tout en décrivant le contexte politique dans lequel se déroule cette histoire très bien écrite. Il y a une puissance d'évocation et un souffle certain c'est une évidence. J'ai trouvé ce roman passionnant dans ce qu'il nous dit du besoin de lutter pour préserver les libertés chèrement acquises et non éternelles. C'est, à mon sens, un des romans à lire en cette rentrée littéraire 2023.
Lien : https://thedude524.com/2023/..
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Superbe roman d'aventures du jeune Jules Bonneau qui naît en 1914 et se retrouve, abandonné par ses parents et grands parents soumis à l'arbitraire d'un enfermement peu enviable dans une prison à Belle-île. « La teigne », son surnom de mauvais garçon dans un milieu ou simplement manger et survivre est un combat, lui offre une respectabilité qu'il fait valoir et une carapace où se réfugier et paraître intouchable. Ce traitement indigne infligé aux pupilles de la nation qui a été également illustré par véronique Olmi dans son roman : « le gosse » et les aventures du petit Joseph, nous surprend un siècle plus tard, mais qu'en es-t'il du traitement actuel de ces pupilles ? Sommes nous bien informés ? le roman de Sorj Chalandon est, malgré sa dureté d'une grande sensibilité et d'un optimisme qui réconforte avec la rencontre de la joyeuse équipe de pêche à la sardine, de leur solidarité et de leur fraternité. Gros coup de coeur pour cet évadé qui se voulait « teigne indéfectible » pour se protéger et survivre mais qui parvient à fendre son armure et révéler une grande humanité.
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Voilà. Chef d'oeuvre.
Une fois de plus, lorsque l'on referme un roman de Sorj Chalandon, on reste K.O., à terre.
À chaque fois, on se dit que c'est son meilleur roman.
À chaque fois, on ne voit pas bien comment, après un tel récit, on pourra passer au suivant.
Cette fois encore, les 400 pages d'une écriture fluide, d'une langue belle et précise, se dévorent littéralement.
Sorj Chalandon nous emmène au coeur de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer, sur les traces de Jules Bonneau , le seul enfant parvenu à s'évader de ce lieu de torture dans la nuit du 27 août 1934.
Véritable coup de poing, ce roman est un cri à l'enfance maltraitée.
Un livre essentiel.
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C'est l'histoire de Jules Bonneau, surnommé la teigne. C'est l'histoire d'un enfant abandonné par sa mère, par son père aussi qui le laisse chez ses parents.
Des grands-parents qui n'hésiteront pas à ce qu'il soit conduit et enfermé dans un centre d'éducation surveillé à Belle-Ile-en-Mer dans les années 1930.

C'est l'histoire de la révoltes des enfants, l'histoire de la seule évasion réussie. Au-delà de la violence et la cruauté des hommes, on rencontre aussi dans ce livre des êtres humains et solidaires.

Un livre fort, d'une rare intensité qui m'a profondément ému jusqu'à la dernière page.
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« C'était elle, ma colère, qui allait guider mes pas et me conduire à travers la lande. Elle, qui éclairerait ma traversée de la nuit. Elle, ma colère, qui me libérerait de cette saleté d'île. Je voulais que mes galoches laissent dans sa terre l'empreinte de ma rage. »

Chalandon fait du Chalandon et forcément ça fonctionne.

De 1880 à 1977 (hier), la colonie pénitentiaire de Belle-Ile en mer a "accueilli" des enfants. D'abord construite pour enfermer les communards, ce centre de détention va par la suite emprisonner des gamins pour des délits mineurs. Ce sont de simples petits voleurs, des mendiants, coupables simplement d'être orphelins, d'être pauvres. Entre ces murs, en plus de l'enfermement, ils vont subir l'humiliation et les mauvais traitements. Une violence sourde qui fabrique des enfants enragés.

En 1934, lors d'une mutinerie, 56 enfants passent le mur d'enceinte de la colonie, ils s'échappent ! Mais nous sommes sur une ile. La plus grosse muraille, c'est l'océan. Alors en une nuit, pour 20 francs argent, les bonnes gens, les touristes vont aider la gendarmerie dans cette chasse aux gosses. 55 sont repris. Il en manque 1.
Sorj Chalandon invente une histoire et un destin à cet évadé, Jules Bonneau dit La Teigne - Jules Bonneau comme l'anarchiste mais pas écrit de la même façon.

Quelques facilités larmoyantes au démarrage du récit m'ont un peu effrayé mais par la suite on retrouve toutes les qualités d'écriture de l'auteur, ses mots pudiques pour dire à la fois l'ombre et la lumière, pour rester à la frontière des sentiments théâtraux et finalement nous ensevelir sous l'émotion. J'ai freiné des 4 fers pour ne pas verser ma larmichette mais je me suis encore fait cueillir. On croise des monstres, des salauds ordinaires et des héros ordinaires.

Ce texte devrait séduire tous les amoureux de l'auteur, il lui ressemble et sans doute se cache-t-il un peu derrière Jules, sans doute règle-t-il encore des comptes avec son enfance si peu douce.
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