Sylvie Caster a collaboré à
Charlie Hebdo de 1976 à 1981. Moi qui ait lu récemment Bête et méchant de Cavanna je ne peux m'empêcher de penser que les collaborateurs de Charlie de l'époque avaient une grande envie de raconter leur enfance, leur parcours.
Le ton est aussi influencé par leur travail au quotidien dans le journal satirique. Là où Cavanna est drôle et rentre dedans,
Sylvie Caster va jusqu'à l'humour grinçant, la provocation. C'est aussi parce que son sujet (une enfance aux côtés d'une soeur handicapée mentale) se prêterait plus à la mièvrerie et aux bons sentiments et que l'auteur ne veut clairement pas tomber là-dedans. Elle en rajouterait presque dans le sordide et l'ironie grinçante, tout en ménageant des moments où la tendresse prend le dessus, mais à chaque fois presque à contrecoeur, parce qu'on ne peut pas faire autrement.
Le style est heurté, fait de phrases courtes auxquelles manquent parfois le verbe ou le sujet. Un certain trouble est entretenu par le mélange entre des tournures clairement populaires et une certaine poésie qui affleure parfois, avec une recherche de figures de style. Ce mélange est perturbant et je n'arrive pas bien à dire si je l'ai apprécié.
En tout cas la lecture est aisée et malgré tout agréable. le partage d'expérience est assez choc car hors de toute bienveillance. La fin du livre permet de mieux sentir l'influence sur une jeune fille du vécu de cette famille brisée par le handicap.