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Aline Zalko (Autre)
EAN : 9791035205256
176 pages
Editions Thierry Magnier (16/03/2022)
3.78/5   27 notes
Résumé :
À 21 ans, Marie décide de retourner à Noirmoutier, sur les plages de son enfance, dans l’espoir de se libérer de ce poids qui l’empêche de respirer. Plongée dans ses souvenirs, elle tente de comprendre comment naissent la violence et la soumission entre deux enfants devenus adolescents. Un texte subtil, essentiel et actuel sur les relations de domination de classe et de genre.
Le second roman de Sandrine Caillis, autrice du remarqué Les ombres que nous sommes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai lu ce court roman jeunesse dans le cadre de la présélection pour notre Prix Littéraire des Lycées Professionnels, dont je vous parlais déjà l'an dernier. Il s'agit maintenant de l'édition 2023, dont le jury aura lieu au printemps.
Je ne ferai que de rapides retours pour ces lectures, en effet je les parcours très rapidement, notre réunion de sélection pour les finalistes ayant déjà lieu dans 8 jours. Je suis donc un peu "à la bourre" !
L'histoire est racontée par "Marie Rousseau", comme elle se présente de façon un peu scolaire la première fois qu'elle va rencontrer Augustin, sa soeur Joséphine et leur petite bande sur une plage de Noirmoutier, l'Anse Rouge qui donne son titre au livre. On est en été 2009, elle a 9 ans, et ce sont les premières vacances de la famille. Sa mère est complètement névrosée et l'empêche de vivre les petits bonheurs d'un enfant sur la plage, de peur qu'elle ne mette du sable sur sa serviette ou qu'il ne lui arrive quelque chose. Bonjour le plaisir des vacances !
Mais voilà qu'une troupe de gamins déboule, et au milieu d'eux, il y a Augustin, solaire, irradiant de charisme, et sa soeur Joséphine, qui incarne l'autorité dans le groupe.
Ils sont un peu plus âgés qu'elle, et bien sûr elle va tomber sous le charme de ces jeunes si différents d'elle, la coincée, celle qui se met toujours en marge de la vie.
Ils vont se recroiser sur l'île tous les deux ans, et Marie va tomber de plus en plus sous le charme d'Augustin. On les suit tout au long de quatre étés, jusqu'en 2014.
Mais la Marie qui raconte a 21 ans, elle est étudiante à Paris, et un soir, après une sortie ratée en compagnie de sa colocataire, elle fuit jusqu'à Noirmoutier pour exorciser enfin ces souvenirs toxiques.

L'écriture est belle, riche d'évocations lumineuses par moments, mais souvent aussi elliptique, ne dévoilant qu'une partie des souvenirs. Peu à peu on comprend les raisons de la souffrance de cette jeune femme qui ne s'est jamais remise de ces quatre étés, et ressent le besoin de les revivre pour enfin en sortir. L'accent est mis sur la psychologie des personnages, une soumise, une dominatrice, un manipulateur, mais rien de vraiment caricatural, ce sont des traits qui s'esquissent peu à peu.
Le père par contre est vraiment décrit comme un être faible et mou, cédant d'abord à sa femme, puis ensuite à sa fille. Il m'a excédée !
Le roman est court (167 pages), il se lit très vite, mais m'a laissé un goût d'inachevé, d'un peu bâclé, surtout sur la fin. Certains personnages ne sont là que pour le décor (la mère qui disparaît très vite, la grand-mère d'Augustin et Joséphine qui aurait mérité un peu plus de place, les amis...), et je pense qu'il ne correspondra pas aux goûts de nos lecteurs. Il n'y a quasiment aucune action, et certains passages sont très répétitifs. Je ne le retiendrai pas, pour ma part. Mais il pourrait convenir à une adolescente à partir de 12-13 ans (ce n'est pas du sexisme, mais honnêtement je ne connais aucun garçon qui accrocherait).
Voilà, je poursuis mon marathon de lecture dans le train demain matin !
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Je remercie énormément les éditions Thierry Magnier pour l'envoi, via net galley et en avant-première, du roman Anse rouge de Sandrine Caillis.
À 21 ans, Marie décide de retourner à Noirmoutier, sur les plages de son enfance, dans l'espoir de se libérer de ce poids qui l'empêche de respirer.
Plongée dans ses souvenirs, elle tente de comprendre comment naissent la violence et la soumission entre deux enfants devenus adolescents.
Anse rouge est un texte magnifique, subtil et très actuel sur les relations de domination de classe et de genre.
Marie est une enfant surprotégée, elle ne peut rien faire. Aller à l'école, certes, mais elle ne joue pas avec les autres, sa maman ne la laisse rien faire à part respirer, évidemment.. car elle ne peut l'en empêcher !
Quand Marie arrive à Noirmoutier le temps d'un été, elle fait la connaissance de Joséphine et Augustin, 11 et 10 ans, qui ont une maison de vacances sur l'île.
Ils ont presque le même age mais ne jouent pas dans la même cour ! Immédiatement se joue entre eux un rapport de domination malsain.
Et lors des autres passages de la jeune fille sur l'île, cela ne fera qu'empirer..
A 21 ans, à Paris, Marie a grandit mais depuis ses 14 ans elle traîne un énorme poids en elle.
Alors, suite à un sms de trop, elle prend ses cliques et ses claques. En plein mois de février la voici qui arrive à Noirmoutier sur les traces de son passé, pour l'affronter et crever cet abcès qui la ronge.
Marie nous emmène avec elle dérouler le fil de ses souvenirs. Nous voguons entre passé et présent sans jamais nous perdre. L'adulte que je suis a vu venir certains passages, malheureusement logique. Mais cela n'a pas gâché ma lecture pour autant.
On sent qu'il va y avoir un déclencheur pour son mal-être, c'est là, latent et on ne peut pas l'en empêcher.. Par moment j'avoue avoir retenu mon souffle.
Marie est une adulte touchante, une enfant apeurée qui aimerait juste être aimée. Elle va tomber sur deux jeunes gens manipulateurs qui vont profiter d'elle.
J'ai été très touchée par le personnage de Marie, par sa façon d'être été enfant, de voir les choses. J'ai moi aussi été surprotégé étant enfant, moins qu'elle certes, mais ce qui lui ai arrivé aurait pu également m'arriver quand j'étais enfant ou ado. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie envers elle.
Les sauts dans le passé sont bien emmenés et je les attendait pour savoir où Marie allait m'emmener.
Il n'y a pas de scènes hyper violentes, sanglantes ou inappropriées pour les adultes et jeunes adultes ; public visé ici.
Au contraire il y a beaucoup de sensibilité et de subtilité dans le texte de Sandrine Caillis, dont l'écriture est très belle.
J'ai été charmée par ma lecture, je trouve que ce roman devrait être lu par tous et il mérite un énorme cinq étoiles.
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Marie est jeune adulte de 21 ans qui étouffe sous le poids de ce qui semble être un passé douloureux, et elle décide du jour au lendemain de fuir Paris en voiture pour retourner à Noirmoutier, berceau de son mal-être, et répondre à la demande d'Augustin qui la presse de la rejoindre.

On replongera dans les souvenirs de Marie, de ce premier été où à presque dix ans elle arrive à Noirmoutier pour des vacances avec ses parents qui ne la quittent pas d'une semelle, jusqu'à celui de ses quatorze ans où elle viendra une dernière fois avec son père.

Pendant ces quelques semaines de vacances, elle retrouvera Augustin et sa soeur Joséphine, un binôme magnétique entouré de quelques amis de leur milieu, qu'elle fera tout pour intégrer. Son attirance pour Augustin et le fait que sa soeur comme lui se jouent un peu de cette jeune pré-adolescente naïve qui n'est pas de leur milieu bourgeois, conduiront à un aveuglement sans limites.

[La suite révèle l'histoire]

C'est difficile de parler de ce roman, parce qu'il aborde le sujet du viol et qu'en parler sur un réseau social amène forcément à des postures manichéennes, où toute forme d'échange rationnel est inexistante.

J'ai été très mal à l'aise dans cette lecture pour deux raisons : la première, c'est cet orage émotionnel, cette tempête de sentiments dans la vie d'une adolescente, qui m'échappe depuis toujours et que je n'ai jamais aimé retrouver dans les romans ou dans les films. Étant doté de la palette émotionnelle d'un bigorneau neurasthénique, je suis hermétique à tout ce bruit que je n'ai jamais compris.

L'autre raison, c'est que lorsqu'est apparu en fin de roman la phrase "j'ai été violée" mais première réaction fut de me demander "mais quand ça ?", parce que je n'avais rien lu qui m'avait immédiatement fait songer à l'horreur dun viol. Et quel malaise que de s'interroger sur le ressenti d'une victime déclarée, transgression impensable d'un tabou sociétal. Un court roman jeunesse sur un sujet difficile à aborder avec les ados, mais qui ne m'a pas convaincu sur la forme.

🔗 Service de presse numérique obtenu via NetGalley.
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A en croire sa biographie, Sandrine Caillis prétend être un caillou découvert et adopté au gré d'un chemin, rencontre qui l'aurait, ipso facto, dotée du pouvoir de parole. Dès lors et depuis la parution du remarqué "Les ombres que nous sommes", elle nous est précieuse et on est bien contents de l'avoir trouvée.

Sachant l'exercice du second roman toujours périlleux, on ne savait pas si notre pierre précieuse allait briller de nouveau. de toute évidence, elle brille, et de mille feux. Sandrine Caillis et son Anse rouge auront réussi la fusion d'une pierre bien singulière, de celle dont on fait les bijoux et que d'aucuns nomment une pépite. Remercions au passage les Editions Thierry Magnier, toujours aussi inventives, exigeantes et à l'affut des auteurs pointus.

Venons en à l'Anse rouge et à sa forme : on retrouve l'écriture d'une esthétique rare à ce niveau en littérature jeunesse et adulte confondues. L'autrice est dotée d'une inimitable capacité à nous faire vivre les personnages de l'intérieur. le propos embrasse les situations à bras le corps, nous plonge sans complexe dans l'intimité du personnage et dans le décor. Citations, références, descriptions minutieuses, rythme, transitions, dialogues, ellipses, flash back... tout est ciselé et impeccablement mis en place dans cette construction où l'humour n'est jamais loin.

Pour ce qui est du fond : Voici les péripéties de Marie Rousseau, jeune fille issue de la classe moyenne, de ces familles qui louent des mobilhomes en été et s'en vont, panier de plage sous le bras regarder passer les bateaux en sirotant de la grenadine. En vacances à Noirmoutier avec des parents aussi tristes que conventionnels, elle va se laisser séduire et happer par des pairs issus d'une caste qui n'est pas la sienne et qu'années après années, elle retrouvera et tentera de se faire adopter
. Mais Marie a la peau fragile et transparente. Par la grâce de celle qui nous offre cette comédie, les sentiments qui traverseront notre héroïne nous traverseront aussi. Avec l'humour et le désespoir en bandoulière, malgré tous ses efforts et l'intensité de son engagement, Marie ne réussira jamais à à corriger le jeu social qui sous tend les chapitres. Chaque
elle en suffoquant avec des désirs de vengeance, des trous dans le ventre et l'impossibilité de l'oubli.

Anse rouge est un magnifique roman, de ceux qui font pleurer et rire, qui prouvent que la littérature est plus forte que la vie, de ceux qui nous racontent nos propres peines, nos refoulements, nos frustrations, nos violences subies, sans fausse pudeur et avec force. Osons le dire, on a guère fait mieux depuis Marivaux.
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Je remercie Babelio et les Editions "Thierry Magnier" qui m'ont envoyé ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
Marie fût une enfant mise sous une bulle, isolée de ses pairs, par une mère sur protectrice, terrifiée par tous les dangers de la vie. Elle a aujourd'hui une vingtaine d'années et fait ses études à Paris, lorsqu' elle reçoit un SMS avec comme unique message « Viens ». C'est le message de trop qui provoque en elle une véritable implosion. Elle décide alors de rejoindre l'île de Noirmoutier afin de regarder enfin son passé en face et de régler ses comptes avec le traumatisme qu'elle a vécu.
Marie va donc plonger dans « ses décombres oubliés », « dénouer le complot de sa mémoire » qui a si bien déguisé la vérité, se retrouver face à ce qui lui est arrivé, afin de survivre.
En la suivant sur les traces de son passé, nous remontons de l'été de ses dix ans à celui de ses quatorze ans. Alors qu'elle passe ses vacances sur l'île de Noirmoutier avec ses parents, elle rencontre Augustin et sa soeur Joséphine, qui, par leur vivacité, leur confiance en eux, leur liberté et leur autorité vont l'attirer comme un aimant, elle, si mal dans sa peau.
Le personnage de Marie commence dans la vie avec toutes les cartes en mains pour devenir la proie de prédateurs aguerris : la naïveté, l'isolement, le désir d'exister dans le regard des autres, celui de plaire. Elle est prête à tout pour faire partie du groupe, mais qu'en est-il de ceux d'en face ?
Ce roman puissant, délicat, parle de l'emprise et du traumatisme enfoui à l'adolescence mais qui façonne l'adulte en devenir et crée un véritable raz de marée pour qui l'a vécu.
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critiques presse (1)
Ricochet
18 octobre 2022
Le sujet de l’emprise morale, un peu différent du harcèlement, est évidemment très délicat à exprimer. Et pourtant, l’autrice y parvient avec une maîtrise directe des situations, des gestes, des mots choisis, des émotions de son héroïne et narratrice.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je retourne à ce deuxième été, puisque c'est ça que je suis venue faire ici, me vautrer dans l'écosystème de mon désastre, réussir peut-être à le rincer de ses pollutions, assainir l'air ambiant. Je me vois là où je me suis laissée avant mon repas, seule sur cette plage, les émotions gesticulantes et vaines à l'extérieur.
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