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Freddy Michalski (Traducteur)
EAN : 9782743611804
317 pages
Payot et Rivages (07/11/2003)
4.06/5   77 notes
Résumé :
Dans ce roman écrit en 1970, James Lee Burke raconte l'odyssée d'un jeune homme dans la région la plus pauvre des Appalaches, avec en arrière-plan, les luttes meurtrières entre mineurs et patrons, les grèves sanglantes et la contrebande de whisky. Perry Woodson Hatfield James, descendant des célèbres frères James et protagoniste du livre, apprendra la révolte et la haine pour tenter d'échapper à cet enfer.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Avec pour titre " Vers une aube radieuse ", le roman annonce la couleur de l'ambiance : noire.
La vie des mineurs dans les Appalaches, dans les années qui suivirent la seconde guerre mondiale, n'est guère plus enviable que la vie des mineurs de Germinal. C'en est une version américaine pour la violence, pour les croyances mais avec la nature toujours présente en toile de fond.
L'écriture du roman est nerveuse : un pas vers une vie radieuse, trois pas vers une descente aux enfers.
James Lee Burke nous fait partager la déchirure du jeune personnage principal entre le maintien de l'esprit familial dans cet enfer ou s'enfuir vers des hospices radieux (goût de l'Amérique).
Ce qui m'a étonné dans ce roman noir, ce n'est pas que les propriétaires des mines, les syndicalistes et la religion soient pourris car c'est base des romans noirs, mais que tous les fonctionnaires : Shérif, travailleurs sociaux, instructeurs, soient intègres et appliquent l'esprit des lois.
Le roman m'a plu pour le style d'écriture, ainsi que pour la découverte de cet épisode de l'histoire des Etats-Unis et de cette région.
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Il est des romans comme celui-ci, desquels l'on serait totalement passé, sans un peu de hasard – ici pour valider un état dans mon challenge États-Unis -, et dont l'on pourrait regretter finalement le fait de ne les avoir pas lus.

Vers une aube radieuse est en effet un grand roman social, qui raconte avec âpreté le Kentucky des années 60 : les conflits violents, allant de la grève aux attentats, voire aux assassinats, entre syndicats et entreprises pour le travail dans les mines de l'état ; la contrebande de whisky de maïs fabriqué à la sauvette dans des caves ou des grottes secrètes, transporté dans d'autres états pour sa vente ; la misère, déjà présente, qui s'accentue avec les grèves et les difficultés de trouver du travail ; le désespoir, qui pousse par exemple Perry, protagoniste du roman, jeune homme même pas encore majeur, à enfreindre à plusieurs reprises la loi, et pour nourrir sa famille, et pour répondre à son besoin viscéral d'adrénaline et de violence.

Le récit est efficace, les descriptions détaillées, le propos percutant, et finalement, en peu de pages, une partie de l'Amérique des laissés pour compte – les ouvriers miséreux ici -, ceux que l'on ne décrit pas souvent, surtout en littérature, est racontée magistralement, dans toute sa crudité et sa véracité, dans toute sa désespérance, de plus en plus forte et de plus en plus indigne, jusqu'au dénouement, qui amène un peu de lumière, et rapproche Perry, justement, d' »une aube radieuse ». Où l'on prend conscience également du décalage tout aussi indigne concernant le droit du travail aux États-Unis, puisque ce roman, de ce qu'il décrit des mines, fait grandement penser à Germinal, publié quant à lui par Zola en … 1885 !

Ayant plus qu'apprécié la plume de James Lee Burke que laisse pressentir la traduction, ainsi que l'histoire de ce roman, je vais m'atteler à découvrir plus dans le détail cet auteur, peut-être par le cycle Dave Robicheaux.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Nous ne sommes pas en Louisiane ni dans le Montana. Ici, c'est le Kentucky, le pays de l'herbe bleue et du whisky de maïs frelaté et distillé illégalement, le pays qui regarde la chaîne voisine des Appalaches avec envie, car c'est dans les entrailles de celle-ci que se dissimule la richesse. Ici, on pourrait parler d'or noir et, même si ce n'est pas de l'or, le charbon est ce qui fait tourner l'économie. le charbon est extrait par des mineurs exploités par des compagnies toutes-puissantes venues de la côte Est. Perry James, 17 ans, est pris dès le début du roman dans les luttes qui opposent les patrons aux syndicats. Les uns font tourner leurs mines en faisant venir des travailleurs d'autres Etats (qu'on appelle les jaunes), les autres aimeraient devenir la force officielle de représentation des mineurs et imposer ainsi des conditions de travail plus humaines : salaire minimum, équipements de sécurité obligatoires, assurances contre les accidents et les maladies. Bientôt, Perry parvient à saisir une opportunité pour se sortir de cette terre ingrate. Il intègre les Job Corps, qui mêlent formation scolaire et professionnelle ; mais son père meurt dans l'incendie d'une école dans laquelle se tenait une réunion syndicale. Poussé par son sang, Perry quitte les Job Corps et revient au pays, tant pour nourrir sa famille que pour venger son père.

Dans le Kentucky des années 1960, la misère sociale n'est pas un concept abstrait. Des vallons entiers du plateau du Cumberland vivent sous la coupe des grandes entreprises d'extraction de charbon, gourmandes en hommes et jamais avares de refiler à qui la silicose, à qui un coup de grisou. Tout appartient à la compagnie : les mines, bien-sûr, et le matériel qui va avec, mais aussi les baraquements dans lesquels s'entassent les mineurs et leurs familles, et les magasins où l'on se ravitaille à crédit. La vie là-bas a quelque chose du piège dont on ne se sort pas, sauf si on travaille dur, qu'on ne boit pas et qu'on met son orgueil dans sa poche. Seulement voilà : hormis les guenilles et quelques bricoles, l'orgueil est souvent le seul bien que ces mineurs possèdent.

Au croisement du roman noir, de la poésie et de la tragédie, Vers une aube radieuse est aussi brillant qu'il est sombre. La langue de James Lee Burke est celle de la poésie. Qu'importent les filons noirs et humides où l'on respire la poussière à pleins poumons, qu'importe que l'on joue au chat et à la souris avec les agents de l'ABC (Alcoholic beverage control) en transportant des litres de gnôle fabriqués dans des alambics de fortune, qu'importe encore que le pointeur de la mine puisse dire, entouré de deux gorilles armés, que l'on ne sera pas embauché le lendemain. le paysage, bien commun, s'offre à tous, aux pauvres et aux puissants. Page après page, ce sont les montagnes boisées aux odeurs de pins, et les rivières aux cours chantants, et l'herbe bleue et la lune blanche qui distillent un peu de leur beauté. Cette poésie de la nature convient aux caractères entiers des hommes de la région, et plus particulièrement de Perry : intolérant à l'injustice, profondément libre, il est le pur produit de sa terre, bien que son salut doive passer par l'abandon de cette dernière.

Mais les choses ne sont jamais simples. La tragédie s'invite alors, tragédie contemporaine dans laquelle les dieux antiques sont sacrifiés sur l'autel de l'argent. C'est lui, le dollar, le vrai dieu. Il permet de posséder les biens, il permet aussi de faire la loi et d'y soumettre les hommes. L'autre divinité qui tient les ficelles de la destinée de Perry, c'est son propre orgueil, cette parcelle irréductible de l'humanité. L'orgueil va souvent contre la raison : il pousse Perry à abandonner sa formation aux Job Corps, pourtant bientôt terminée ; il pousse Perry à s'aliéner les frères J.W., teignes parmi les teignes, fous dangereux et dangereusement déterminés à ne jamais se laisser prendre en position d'infériorité.

Que tout se finisse bien ou mal, là n'est pas la question. Ce n'est pas important. Ce qu'il importe, c'est de comprendre que Vers une aube radieuse est autant un roman de formation façon brutale (oubliés les atermoiements sentimentaux : ici, ça picole sec, les gosses sont arrachés aux familles qui ne peuvent ni les soigner ni les nourrir, et l'on règle les problèmes à coup de couteaux, de Luger ou par une belle flambée façon bûcher) qu'un morceau de poésie sans chichis dans lequel la nature surpasse l'homme par son inaliénable et intemporelle beauté. Les hommes sont des bêtes et traités comme tel, la trahison et la violence sont dans leur sang. On s'étonnerait tout de même que tout cela se termine heureusement.
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Le meilleur ! Maîtrise de tout: style, écriture, récit. Burke avec Vers une aube radieuse nous décrit de main de maître une époque trouble de l'histoire ouvrière/minière des Etats-Unis dans une de ses régions les plus pauvres.
Luttes ouvrières, radicalisation syndicale, déshonneur, indignité provoquée par un capitalisme sans pitié, une pauvreté sans nom, une exploitation de l'homme par l'homme dégénérant en une violence inouïe. Une époque terrible et sanglante dans laquelle il faut survivre. Avec cette histoire de fierté et de vengeance (nécessaire ou pas) , James Lee Burke a su nous faire comprendre, par la voie de ce roman noir charbon, l'âme malsaine, insalubre, pourrie de cette époque terrible. Mais il en ressort toujours de la part de Burke, cet amour de la nature, du pays, de la justice et de l'homme même s'il n'hésite pas à dénoncer brutalement cet avilissement de l'homme par l'homme. Un bijou, une grande lecture qui ne vous laissera pas sans émois.
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Germinal dans le Kentucky, noir intense !
Peut-être le meilleur Burke que j'aie lu tant le propos est sans fard et ne laisse aucune échappatoire aux personnages. Quelque chose de l'ordre du destin inébranlable est mis en place par Burke dés les premières pages, nul ne pourra sortir de cette histoire sans dommage. On pense vraiment à Faulkner en tournant les pages, surtout à Sanctuaire et à ses distilleries clandestines. Perry fait de son mieux, on pourrait croire à son salut, mais le monde minier est tel que l'inéluctable a tôt fait de le rattraper.
Très bon court roman.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
page 135
Woodson se leva, le visage rigide, les yeux brûlants comme des braises. Ses gestes étaient mécaniques comme s'il marchait dans un rêve. Sa femme le retint par la manche.
- N'y vas pas, Woodson, Je t'en prie. C'est le diable qu'il prêche.
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Un gars pouvait travailler et économiser toute son existence et être incapable de rien pouvoir s'offrir d'une telle terre, se dit-il. Ce n'était pas de ces choses qu'on se gagnait à la sueur de son front. On la possédait pour l'avoir volée aux Indiens, on la gardait en volant les autres de leur dû, en offrant des salaires de misère pour la plantation et la coupe du tabac. Un gars ne se trouve jamais rien qui vaille la peine d'être gardé par son simple travail. On n'arrive même pas à liquider sa dette auprès du magasin. On devient propriétaire d'une terre comme celle-là lorsqu'on est assez malin pour faire faire le travail par d'autres en s'arrangeant pour qu'ils vous reversent leur salaire.
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Un gars pouvait travailler et économiser toute son existence et être incapable de rien pouvoir s'offrir d'une telle terre, se dit-il. Ce n'était pas de ces choses qu'on gagnait à la sueur du front. On la possédait pour l'avoir volée aux indiens, on la gardait en volant les autres de leur dû, en offrant des salaires de misère pour la plantation et la coupe du tabac.
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Et tous les mecs deviennent comme celui-là quand on leur donne un uniforme de soldat? dit Perry.
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S'ils m'attrapent maintenant, se dit-il, ils vont me coller en cellule et souder la porte à demeure. Mais par le Seigneur, il va falloir qu'ils méritent leur salaire avant de me coller derrière le barreaux.
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Vidéo de James Lee Burke
?Robicheaux de James Lee Burke aux éditions Rivages/Noir ??https://www.lagriffenoire.com/1011046-nouveautes-polar-robicheaux.html ? ?Dans la brume électrique de James Lee Burke aux éditions Rivages Noirs ?? https://www.lagriffenoire.com/28333-poche-dans-la-brume-electrique.html ? ? ? Chinez & découvrez nos livres coups d?coeur dans notre librairie en ligne ? ?? lagriffenoire.com ? ? Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv ? ? Notre Newsletter ?? https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter ? Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel ? ? ? #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #sudradio #conseillecture #rentréelittéraire2019 #éditionsseuil #éditionsxo #éditionsbuchetchastel #éditionspocket #éditionsflammarion #éditionsfleuve #éditionsactessud #éditionsgallimard
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