Avec Viva Cuba libre! Elmore Leonard nous offre un sympathique voyage dans le temps et dans l'espace. En 1898, à Cuba, la guerre hispano-cubaine couve, et c'est le moment choisi par Ben Tyler, un vaquero ancien braqueur de banques originaire de Louisiane pour aller y vendre des chevaux. C'est là que le jeune homme a un véritable coup de foudre pour l'excentrique Amélia, une belle orléanaise maîtresse du puissant planteur créole Roland Boudreaux.
Riche roman polyphonique, Viva Cuba libre explore un territoire peu ou pas arpenté par le genre polardeux, et permet à Leonard de faire se côtoyer les genres et les figures qu'il affectionne, le western, les histoires de braqueurs et de contrebandiers, les personnages féminins inclassables et futés, et les outsiders sympathiques qui finissent par remporter le gros lot. Nous suivons les aventures enlevées de Tyler, l'aventurier américain qui a passé les dernières années à casser des cailloux chaînes au pied, de Boudreaux l'homme d'affaire richissime, d'Amelia la délurée qui fait fi des conventions, de Lionel Talavera, le major de la Guardia Civil, de Virgil Webster, le marin américain embarqué sur l'USS Maine, de Neely Tucker le journaliste yankee, d'Osma, le mulâtre ancien chasseur d'esclaves désormais traqueur de mambis, tout cela à un rythme échevelé, servi par des dialogues dont Elmore Leonard a le secret.
La toile de fond du roman est passionnante. Si toi aussi tu veux t'instruire en t'amusant, viens apprendre l'histoire avec tonton Leonard, c'est une expérience aussi unique que de suivre des cours sur la Floride avec Serge A. Storms dans les romans de Tim Dorsey. On y apprendra tout sur l'explosion de l'USS Maine, qu'un obscur officier anglais du nom de Churchill aimait les cigares cubains, que Fitzburgh Lee, le neveu de Robert, héros de la guerre de Sécession, était consul à La Havane ou que les Espagnols balançaient les cadavres des insurgés dans la fosse aux requins de San Severino. Bref, El Desastre del 98, l'Indépendance de Cuba, et un magot à la clé par Elmore Leonard, El Rey de la Havana!
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Les putains de La Havane, dit Fuentes à Tyler, n'acceptent pas l'argent des soldats espagnols ordinaires, les soldados rasos, qui ne sont payés presque rien. Ce qu'elles font, c'est qu'elles leur demandent cent cartouches de mausers pour coucher avec eux, et comme ça le soldat a l'impression que ça ne lui coûte rien. Fuentes dit que les putains donnaient les cartouches aux insurrectos, c'était une de leurs façons d'obtenir des balles pour les fusils pris aux soldats espagnols qu'ils avaient tués.
Be Cool (2005) | Official Trailer | MGM Studios