Darius Conn, imprimeur de son métier, a commis le meurtre parfait : il a tué sa femme il y a de cela un an et a été disculpé sans peine. Depuis, il a décidé d'améliorer un peu son ordinaire en produisant de faux billets. Mais voilà, une simple transaction opérée par sa secrétaire va mettre le feu aux poudres, l'obligeant à commettre un double meurtre pour dissimuler ses activités...
Voilà qui plaira à tous ceux qui aiment les récits à chute dont
Fredric Brown a manifestement le secret. J'avais adoré
La fille de nulle part, lu il y a quelques années.
Meurtres en filigrane n'est pas un coup de coeur mais il se situe dans la droite lignée des nouvelles telles que Erreur fatale ou encore
Cauchemar en jaune du recueil
Fantômes et farfafouilles, jubilatoires !
Tout au long du récit, qui s'avère de plus en plus prenant, on se demande avec délectation où les plans bien fignolés de Darius Conn vont pêcher, et on se doute que sa trop grande assurance le perdra.
Fredric Brown sait à merveille se glisser dans la peau de ses personnages et les rendre crédibles, jusque dans l'expression de leurs pensées ; il sait imaginer les préoccupations d'une jeune secrétaire de vingt-trois ans comme celles d'un mécanicien sur le point de convoler ou celles d'un assassin frustré. L'auteur semble d'ailleurs avoir une prédilection pour les hommes mûrs désabusés, malheureux en amour et dotés d'un fort penchant pour la bouteille. Cet univers un peu glauque peut rebuter au premier abord, ce n'est d'ailleurs par ma tasse de thé habituellement, mais le jeu en vaut la chandelle ! le récit est ponctué de traits d'humour noir, caractéristique de cet auteur : « Il mangea un sandwich au comptoir et dut se retenir pour ne pas l'engloutir en trois bouchées, tant il était énervé et pressé de retourner à l'imprimerie, bien qu'il sût parfaitement qu'il lui faudrait tuer le temps. Avant que n'arrive le temps de tuer. »
Pour un premier contact avec cet auteur, je vous conseille néanmoins
La fille de nulle part dont je parlais un peu plus haut, qui est pour moi son chef d'oeuvre, à mi-chemin entre le polar et le roman sentimental...