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Jean-François Crochet (Traducteur)
EAN : 9782264013842
255 pages
Christian Bourgois Editeur (08/07/2006)
4.08/5   31 notes
Résumé :
Lorsque John Medley, ancien agent immobilier et respectable citoyen à la vie tranquille et routinière découvre un matin le corps d'un homme dans son jardin, il ne s'agit pour les inspecteurs Ramos et Caban que d'un cadavre de plus dans une série de morts inexpliquées.
Toutes les victimes avaient une bonne raison de mettre fin à leurs jours mais à chaque fois l'hypothèse du suicide doit être écartée. La police de Tucson se lance alors sur la piste d'un mystéri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
BROWN (Fredric), La Bête de miséricorde, [The Lenient Beast], traduit [et préfacé] de l'anglais (États-Unis) par Emmanuel Pailler, Paris, Moisson rouge/Alvik – Points, coll. Roman noir, [1956, 2010] 2011, 217 p.


(Attention : à terme, ce compte rendu est bourré de SPOILERS, je vous préviendrai le moment venu...)


NOIRE GUEULE DE BOIS


Finalement, je crois que mes quelques allers-retours en train durant l'été et plus si affinités s'accommoderont bien mieux de quelques chouettes polars çà et là que de la relecture de la au mieux médiocre « Légende de Hawkmoon » (la quatrième de couverture du Dieu fou m'a beaucoup trop effrayé pour cela – non que celle du roman qui va nous intéresser aujourd'hui soit forcément bien meilleure, elle contient des erreurs étranges...). Dans ce genre que je connais fort mal, voire pas du tout, j'ai évidemment plein de choses à lire, dont quelques titres empilés au fil des ans dans ma bibliothèque de chevet et qui y ont pris la poussière depuis, c'est scandaleux.


Aujourd'hui, Fredric Brown – un maître, à n'en pas douter. Je l'avais découvert avec ses oeuvres de science-fiction, d'abord les romans Martiens Go Home ! et L'Univers en folie, puis ses excellents recueils de nouvelles en Folio-SF (j'avais, il y a fort longtemps, évoqué sur ce blog Fantômes et farfafouilles, Lune de miel en enfer et Une étoile m'a dit), car, c'est notoire, l'auteur a tout particulièrement excellé dans la forme courte, et même, le cas échéant, vraiment très très courte : il figure à n'en pas douter au pinacle des auteurs de short short.


Mais Fredric Brown n'a certes pas oeuvré que dans la science-fiction, ayant régulièrement livré des polars de très bonne facture. Une dimension de l'auteur que je n'ai découverte que plus tard, quand le roman déjanté Rouge gueule de bois, de Léo Henry, m'a incité à lire La Fille de nulle part, que j'avais beaucoup aimé (et qui est très lié, ai-je l'impression, à La Bête de miséricorde, dont je vais vous parler aujourd'hui), et j'ai également lu, un peu plus tard, La Nuit du Jabberwock, qui est bien un polar en dépit de son titre lewiscarrollien (pas gratuit pour autant), et qui m'avait parfaitement convaincu sur le moment, mais dont je n'avais guère conservé de souvenirs, je dois bien le reconnaître.


La Bête de miséricorde est un autre fameux titre de Fredric Brown dans le registre du roman noir. Une quatrième de couverture aguicheuse (mais en fait un brin douteuse…) m'avait incité à en faire l'acquisition, il y a fort longtemps de cela, mais ce n'est donc que maintenant que j'ai trouvé le temps de le lire. On notera pour la forme que le roman a été adapté au cinéma et « francisé » par Jean-Pierre Mocky en 2001, mais je n'ai aucune idée de ce que ça vaut (j'ai du mal avec le peu de Mocky que j'ai vus, j'avoue). Je m'en tiendrai donc ici à l'oeuvre originale, publiée en anglais en 1956.


TRADUTTORE, TRADITORE


La Bête de miséricorde avait été traduit en français une première fois en 1967, par Jean-François Crochet, bizarrement (?) chez Dupuis, que nous connaissons plutôt comme éditeur de BD gravitant autour de Spirou, etc. Sous une couverture avec une accroche parfaitement racoleuse et improbable, au passage. Cette même traduction avait été reprise en 1980 chez NéO.


Mais on a appris à se méfier des traductions françaises un peu poussiéreuses dans le genre policier… Et à vrai dire au moins autant en SF, si l'on n'en parle pas ici. Il y a plusieurs « syndromes », souvent associés à la Série noire, mais en fait endémiques dans l'édition de genre alors : les coupes sèches par l'éditeur ou le traducteur lui-même, et parfois très conséquentes, les erreurs de compréhension en veux-tu en voilà, débouchant parfois sur des passages surréalistes, et autres soucis typiques du travail de traducteur quand il n'est pas exactement accompli dans les meilleures conditions, ou encore la « localisation » du style qui en rajoute dans le vieillissement (quand les policiers ricains, pardon, les inspecteurs divisionnaires ricains des années 1950 parlent tous comme des personnages d'Audiard, caves et grisbi à tous les étages), ce genre de choses.


Quand Moisson rouge a lancé le projet de rééditer La Bête de miséricorde, Emmanuel Pailler a donc compulsé parallèlement le roman original et la traduction française de 1967. Au premier abord, c'était semble-t-il bien mieux que ce que l'on pouvait craindre : pas de coupes drastiques, pas de confusions majeures, une langue fluide et propre… Sauf que, bizarrement, c'était peut-être un peu le problème : Emmanuel Pailler semble avoir rencontré une unité de ton guère à propos dans ce roman choral, et, plus généralement, une tendance à enjoliver le texte tout en aseptisant l'expression – ce qu'il suppose être le résultat des exigences d'un éditeur qui, via la BD et notamment Spirou, était habitué des contraintes particulières des publications destinées à la jeunesse. Je ne sais pas ce qu'il faut en penser... Mais La Bête de miséricorde ne relève certainement pas de ces dernières : sans être ordurier, pas le moins du monde en fait, c'est un roman « dur », avec une thématique sociale marquée, qui envisage des sujets parfois rugueux (alcoolisme, racisme, violences conjugales…), avec des protagonistes adaptés et bien caractérisés – et les flics de l'Arizona en 1956 ne disaient probablement pas « Saperlipopette », même ceux d'ascendance mexicaine (aheum). Il y avait donc bien un travail de retraduction à effectuer, simplement d'un ordre différent de ce à quoi on pouvait s'attendre, afin de coller bien davantage au ton de l'original – ce qui fait partie du style de Brown, par ailleurs limpide et sans fioritures (probablement pas là où il brille le plus, mais du moins est-ce fonctionnel, et c'est bien l'essentiel).


La préface d'Emmanuel Pailler est très intéressante à cet égard – mais sa nouvelle traduction est-elle irréprochable ? C'est un terrain sur lequel je préfère ne pas m'aventurer, même si j'ai cru relever, çà et là, quelques bizarreries qui m'ont fait hausser le sourcil. Cela dit, je suppose que le ton est bien là – rugueux parfois, donc, pas édulcoré, mais connaissant des variations au fil de la succession des narrateurs : c'est un roman choral, à la première personne, chaque chapitre ayant son propre narrateur – sauf erreur, ils sont cinq à alterner ; et le rendu de leur personnalité est assez convaincant.


L'ART DU NOUVELLISTE DANS UN ROMAN


Je ne sais pas s'il serait finalement si pertinent que cela de dire que Fredric Brown était plus un nouvelliste qu'un romancier, même si on l'a souvent affirmé – je suis porté à le croire, mais, malgré un certain nombre de lectures tout de même, je ne me sens pas assez compétent pour en juger. Cependant, l'écrivain visiblement roublard a pu user dans ce roman de méthodes pouvant faire penser à son art de nouvelliste. le premier chapitre en est à vrai dire une démonstration éloquente, presque une leçon.


Bien sûr, il y a tout d'abord ce goût de l'attaque en force. le roman s'ouvre sur ces mots : « En fin de matinée, je trouvai un cadavre dans mon jardin. » Pas de chichis, c'est du direct… « Je », ici, c'est un certain John Medley, paisible retraité qui vit seul dans une maison tout ce qu'il y a de banal sise à Tucson, Arizona – ce quand bien même il touche de temps à autres quelques revenus issus de la spéculation immobilière. le vieux bonhomme un peu excentrique, et grand amateur de musique classique, prévient alors la police, et deux inspecteurs se rendent sur place, Fern Cahan, un bonhomme pas très fin mais probablement bien plus que ce que l'on croit, et Frank Ramos, qui a le mauvais goût d'être tout à la fois flic, « érudit », et d'origine mexicaine – ce qui fait beaucoup trop pour un seul homme (demandez donc au capitaine Walter Pettijohn ce qu'il en pense).

Oui, c'est bien un cadavre… Pas de papiers, rien sur lui. Tué d'une balle dans la nuque. M. Medley n'a rien entendu ? Non… Même pas le bruit d'un pot d'échappement qui pétarade, ou ce qu'il aurait confondu comme tel ; mais c'est vrai qu'il écoute de la musique sur sa chaîne haute-fidélité, assez fort, et puis il y a ces avions à réaction qui volent bas – la base militaire est toute proche… Bien, ce sera tout pour le moment. le temps d'embarquer le cadavre et de faire le tour du voisinage (relativement distant), et les deux policiers s'en vont.


Et c'est alors que John Medley confesse, au seul lecteur, à la première personne, à demi-mots et pourtant sans ambiguïté, qu'il est l'assassin – dans un ultime paragraphe, comme la chute d'une nouvelle, mais d'une manière étonnamment habile et plus qu'intrigante…

COMMENT ET POURQUOI


D'aucuns se sont plaint, semble-t-il, de ce que l'identité du coupable soit aussi rapidement dévoilée, mais ce n'est clairement pas le propos : s'il n'est pas du tout un whodunit, le roman de Fredric Brown est bien davantage un howdunit, et, peut-être surtout, un whydunit. Même avec un petit bémol, j'y reviendrai.


Ceci étant, seul le lecteur sait donc ce qu'il en est, à ce stade. Les policiers n'en ont pas idée – car Medley est un charmant petit vieux, peut-être un peu excentrique, oui, mais tout ce qu'il y a d'aimable, en tant que tel impossible à soupçonner… Pour Fern Cahan, ou pour le capitaine Walter Pettijohn, cela relève de l'évidence. Mais Frank Ramos est d'un autre avis. D'emblée, il trouve louche ce Medley – au point où sa suspicion se mue en obsession… Bah, rien d'étonnant à cela, sans doute, Ramos est un « intello » aux idées bizarres…





Bon, plaçons ici, à tout hasard, la balise SPOILERS – et il y en aura d'autres plus loin dans cette chronique, jusqu'à la fin, alors tenez-vous-le pour dit si jamais.


Ramos se trompe, donc, c'est obligé. D'ailleurs, voyez la victime – bientôt identifiée comme étant un certain Stiffler, qui ne s'était installé à Tucson que depuis quatre mois à peine. Un pauvre homme… En dépit de sa confession catholique, dans son Allemagne natale, les lois de Nuremberg le qualifiaient de juif, et il a passé dix longues années dans les camps de la mort – tu parles d'une enfance et d'une adolescence… Mais oui : la guerre, c'était il y a dix ans seulement. Depuis, il avait émigré au Mexique, où il s'était rapidement marié et avait eu des enfants ; les affaires ont bien tourné pendant un temps, beaucoup moins bien ensuite, alors il a nouveau émigré, aux États-Unis cette fois, à Tucson, Arizona, donc, au sein de la communauté... mexicaine, relativement importante, et trouvé sur place un emploi passablement de complaisance auprès d'un compatriote (c'est-à-dire un Allemand, cette fois) – c'est que la vie avait toujours été dure, pour le pauvre Stiffler… Et il n'en avait hélas pas fini : il y a très peu de temps, lors d'un accident de la route, il a perdu sa femme et ses enfants – lui seul a survécu, indemne, et d'autant plus rongé par le sentiment de sa responsabilité dans le drame. Depuis, lui qui n'était déjà guère liant, est devenu plus asocial encore – jusqu'à ce qu'on retrouve son cadavre dans le jardin de John Medley.


À tout prendre, voilà un homme qui avait toutes les raisons de mourir – de se suicider, disons-le. Mais ça ne peut pas être un suicide ! Une balle dans la nuque ? Avec quelques contorsions, ce n'est pas inenvisageable… Mais l'arme, alors ? On n'a pas retrouvé de pistolet à côté du cadavre… Mais il y a bien des moyens d'expliquer sa disparition, sans même se limiter aux seules inventions les plus saugrenues des auteurs de romans policiers (le revolver attaché à la patte d'un hibou que la détonation fait s'envoler, sérieux ?!). Oui, un suicide… Un suicide bizarre, mais un suicide…


Et c'est ici qu'intervient le « bémol » dont je parlais tout à l'heure concernant la qualification de whydunit. Je suppose qu'elle demeure valable, car l'appréhension du mobile dans toute sa complexité est une dimension essentielle du roman jusqu'à sa toute fin. Mais ne nous leurrons pas – ou plutôt, je vais tâcher de ne pas me leurrer : même si je suis très naïf et bon public, aussi ai-je joué le jeu de l'auteur en m'accordant au rythme soigneusement conçu de ses révélations, un lecteur moins naïf ou moins bon public dispose à ce moment-là de bien assez d'éléments pour piger le truc – depuis quelque temps, en fait. Voire depuis longtemps, voire depuis le tout début.


Mais est-ce un problème ? Non – parce que le roman, très habilement, dérive alors dans une autre direction…


UNE TRAGÉDIE EN FORME DE PIÈGE


Celle d'une tragédie en forme de piège inéluctable ! Et ce n'est plus alors, sur le mode classique de l'enquête policière, la résolution de l'énigme qui compte vraiment, absolument pas, mais bien plutôt la fatalité qui s'abat sur notre héros, Frank Ramos… L'intérêt du lecteur n'est plus entretenu via la surprise, le retournement de situation, etc., mais bien au contraire via l'expectation, l'anticipation morbide, inacceptable et pourtant inéluctable, du pire – on pourrait dire que l'on passe du policier au thriller, vu comme ça, et pourtant ça ne me paraît pas être une qualification très pertinente... « Roman noir » a suffisamment d'ambiguïtés et de connotations pour englober toutes les dimensions du roman. le fait demeure : le lecteur qui se réjouissait de la lucidité de Ramos se met à anticiper la suite des événements… et à redouter le pire pour ce personnage auquel il s'était attaché, jusqu'à la fin, comme un horizon plus que menaçant ; tandis que la dimension de drame social s'accentue sans cesse, contribuant à bouleverser l'économie du roman sans pour autant nuire à sa cohérence – parce que c'est une belle mécanique que La Bête de miséricorde, conçue par un artisan madré.


En effet, nous savons depuis le premier chapitre que John Medley est l'assassin, mais, vers le milieu du roman au plus tard (pour qui n'aurait pas d'emblée pigé à la lecture du titre...), nous savons également pourquoi, du moins dans les grande lignes : Medley, qui tient (en privé seulement…) un discours d'essence religieuse éventuellement confus, se considère comme étant cette Bête de miséricorde – il croit que Dieu lui désigne des cibles, qui sont des individus dont la souffrance est telle qu'il vaut bien mieux pour elles mourir au plus tôt, mais qui, justement pour des raisons religieuses le cas échéant, ne prendront jamais eux-mêmes leur vie, car Dieu prohibe le suicide comme un abominable péché (et peut-être surtout pour les catholiques ? On le dit, alors que les protestants ne sont pas forcément en reste...). Les circonstances exactes du meurtre (ou de l'euthanasie, comme Medley voit les choses – à ceci près qu'il ne demande pas leur avis à ses victimes) restent encore à définir, mais le plus important est, à ce stade, acquis.


Le lecteur a sans doute un peu d'avance sur Frank Ramos – dont les soupçons dès le départ s'avéraient bien fondés, mais qui parvient d'autant moins à les asseoir solidement que tout le monde, dans son entourage, ne cesse de répéter qu'il se trompe, et que Medley est juste un gentil vieux bonhomme... La suspicion de Ramos est systématiquement dénoncée comme une obsession à deux doigts du harcèlement, au mieux – au pire, un délire d' « intello », puisque tel est le deuxième stigmate du policier, après son ascendance mexicaine. Et c'est sans doute pourquoi, en dépit de ses soupçons, il est aveuglé un moment par des oeillères – il faudra que sa femme alcoolique (qu'il ne comprend pas le moins du monde, j'y reviendrai) exprime à sa place, et comme en passant, l'idée d'un tueur agissant par compassion, pour qu'il ouvre enfin les yeux sur la nature exacte de sa proie (sinon celle de son mariage)… sans pour autant bien saisir qu'il est toujours un peu plus lui-même, eh bien, la proie de sa proie.


Cette avance dont bénéficie le lecteur est justement ce qui rend le roman de plus en plus horrible – car, quand nous en venons à comprendre sans plus l'ombre d'un doute pourquoi Medley tue, cela fait déjà un petit moment que nous voyons l'environnement de Frank Ramos se déliter, avec tous les signes d'un drame familial très proche, quand bien même banal, et qui pourrait très logiquement s'achever sur la conviction de Medley (et peut-être de Ramos lui-même, plus ou moins consciemment ?) que le policier « érudit », à l'instar de Stiffler, a atteint le stade où il souffre trop et où il vaudrait mieux pour lui mourir, ceci alors même qu'il ne saurait, pour quelque raison que ce soit, se tuer lui-même.


Et tout contribue à donner cette impression d'un piège qui se referme autour du héros du roman.


BOUTEILLE ET RESSENTIMENT


Frank Ramos est un homme qui, du fait de la teinte de sa peau, subit bien des discriminations et préjugés de la part de ses compatriotes à Tucson, Arizona, dans les années 1950 – mais ça, j'y reviendrai ensuite.


Ici, le problème essentiel concerne le couple Ramos. Frank a épousé Alice, il y a quelques années de cela. Ils ont sans doute été heureux ? En tout cas, ils ne le sont plus depuis longtemps. Alice a sombré dans l'alcoolisme, et méprise toujours un peu plus son époux. Elle a une liaison, avec un commerçant itinérant, un certain Clyde. Quand elle est lucide, elle n'attend qu'une chose : le courage de partir avec son amant loin de cette ville pourrie, et de ce mariage insupportable, la pire de ses erreurs. Mais elle n'est pas toujours lucide – elle fait quelques vagues efforts pour se contrôler, de temps en temps, mais au fond c'est en vain : elle boit, elle boit… Cercle vicieux.


Et Frank ? Frank ne se montre pas à la hauteur – c'est peu dire. Époux depuis longtemps guère attentif, et parfaitement aveugle à ce qui se passe au sein de son propre couple (tant pis pour le rusé inspecteur de police qui voit toujours juste dans ses enquêtes), il ne sait tout simplement pas gérer l'alcoolisme d'Alice. Ce qui ne le rend pas très sympathique, même si on peut toujours éprouver pour lui une certaine compassion. Car il ne semble intervenir dans l'addiction de son épouse qu'au motif d'une façade de respectabilité qu'il entend bien maintenir contre vents et marées : personne ne doit savoir ce qu'il en est – à part, bien sûr, le patron du bar le plus proche, pour lui c'est trop tard… Seuls la honte et l'embarras, à titre purement personnel, semblent motiver Frank. Il ne fait finalement rien pour comprendre la situation de sa femme, sa profonde douleur, le caractère insupportable de sa terne vie d'épouse délaissée et sans rien à faire, entre
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Ah il en pousse de drôles de plantes dans le jardin de John Medley,comme ce monticule incongru apparu, en cette belle matinée de printemps,qui n'est autre que le cadavre d'un pauvre gus non épargné par les turpitudes de cette chienne de vie, un de ses concitoyens nommé Stiffler. Certes cela ferait du bon compost pour son potager mais John Medley préfère logiquement alerter les autorités de sa petite ville de Tucson en Arizona, une démarche conforme à sa petite vie banale de retraité bien tranquille.
Ainsi un binôme policier,informé de sa petite inconvenance matinale, arrive prestement sur les lieux pour procéder à l'enquête. Ce duo composé de Frank Ramos (expérimenté et rusé) et de Fern "Red" Cahan (plus jeune et un peu naïf) se casseront donc les neurones pour trouver le meurtrier et devront affronter également les aléas survenant dans leur vie personnelle...
Très rapidement Ramos soupçonnera Medley d'avoir la main plus rouge que verte mais pour cela il lui faudra découvrir le mobile et pourquoi s'encombrer d'un corps à domicile?!
Encore une fois je trouve que c'est un bon livre de ce vieux briscard de Fredric Brown qui l'a découpé en courts chapitres présentant le point de vue des différents personnages de l'histoire ( à la "Trône de Fer") où je me délecte de ses petites obsessions (jeu d'échecs, bibine et débine...).
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Les inspecteurs Ramos et Cahan sont confrontés à une série de meurtres déguisés en suicides. Des soupçons commencent à peser sur John Medley, ancien agent immobilier qui a découvert un des nombreux cadavres.
L'histoire, racontée tour à tour par les principaux protagonistes : l'assassin, les deux policiers chargés, en équipe, de l'enquête, la femme alcoolique de l'un d'eux et leur chef direct, est une des plus terribles de tout le roman policier.
En fin observateur des moeurs de son époque, Fredric Brown, sous couvert d'un vrai polar, nous propose ici un pur roman noir. Et notre auteur reste un maître du genre. Il excelle dans l'art de faire ressurgir les angoisses qui sommeillent en chacun de nous.
J'ose le dire, ce bouquin est une pépite du roman noir des année 50. A découvrir ou redécouvrir et faire découvrir absolument

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L'histoire débute avec John Medley, vieux célibataire à la vie bien réglée, qui par un matin comme les autres, après avoir débuté sa journée comme une journée banale de plus va découvrir le corps d'un homme mort dans son jardin. Une fois la police prévenue et après un premier examen de ce corps, il s'avère que cette personne, dont rien ne permet de dire de qui il s'agit, a été tué par balle... L'enquête débute alors, menée par les inspecteurs Cahan et Ramos, qui devront rendre compte de leurs avancées à leur supérieur direct, le capitaine Pettijohn. Et le lecteur de suivre à la fois cette enquête et les vies privées et états d'âme de chacun de ces protagonistes, ainsi que ceux d'Alice Ramos, femme de l'inspecteur.
L'intrigue n'est pas très originale, mais Brown cimente son roman en alternant les points de vue, chaque chapitre développant l'histoire suivant le regard de l'un des cinq personnages principaux. Et finalement, il est plaisant de suivre ce petit monde dans ses bouleversements.
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C'est un roman que je m'étais mis de coté, suite à un coup de coeur de Claude le Nocher. Je ne savais pas de quoi il retournait ; cela s'appelle la confiance aveugle. Datant de 1956, ce roman policier pourrait aussi bien être écrit aujourd'hui, tant il est moderne dans son écriture et dans son analyse psychologique des personnages. Ce roman frise la perfection, menant son intrigue avec une force peu commune, et avec des dialogues parfaits.

John Medley va, un beau matin, faire ses courses. En revenant, il découvre un cadavre dans son jardin et appelle la police. Frank Ramos et Fern « Red » Cahan sont les deux inspecteurs qui vont s'occuper de l'affaire. L'homme a été abattu d'une balle par l'arrière du crâne et aucune arme n'est trouvée dans la jardin. Ils vont fouiller dans le passé de la victime mais aussi dans celui de Medley.

Si on ne lira pas ce roman pour son suspense, car on sait très vite qui a tué, par son attitude réservée et mystérieuse, on le lire indéniablement pour son approche psychologique. Fredric Brown choisit pour cela la forme d'un roman choral, adoptant le point de vue de chaque inspecteur, mais aussi de Medley, du capitaine de police Walter Pettijohn ou de la femme de Frank, Alice Ramos. Il va autant dérouler l'enquête que les vies personnelles des protagonistes, et démontrer sans en rajouter la vie d'une petite ville des Etats Unis.

On se retrouve donc avec un roman qui ressemble beaucoup à une enquête de Colombo, que j'adore, avec l'intervention de chaque personnage. Il est difficile de faire plus simple en étant génial, surtout avec cette fin qui montre la monotonie des vies et ses difficultés. Un petit joyau à ne pas oublier.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« En fin de matinée, je trouvai un cadavre dans mon jardin. »
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Extrait de la conférence "Dialogue entre les morts : Robert Sheckley et Fredric Brown" aux Utopiales 2017 avec J._A.Debats, S.Lainé et X.Mauméjean.
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