L'arrache lecteur : Recueil de nouvelles

Christian Brissart flirte sans retenues aucunes avec les lignes de ce que notre société considère dorénavant comme des murs infranchissables.
Dans la vendeuse de beignets :
"Amoureux fou. Bien sûr un soir elle l'avait laissé faire, un soir que le petit rosé du bord de mer l'avait emporté sur le chagrin."
Il nous raconte également l'histoire de cette prof de l'Ardèche et de son élève de seize ans. L'anti Gabrielle Russier...
"Nous vécûmes heureux et eûmes plein de petits ardéchois car Armelle la sensuelle m'avait attendu à la sortie de la prison, un bouquet de coquelicots à la main, le rose perle à ses lèvres et la ligne bleue des Vosges au-dessus de ses yeux gris."
La culture est vue sous des angles opposés, contradictoires, mais peut-être complémentaires. Quels liens unissent-ils, un élève du 9.3, un gardien de musée, le visiteur du même musée qui cherche les toilettes afin d'éviter le drame qu'il pressent..., un esthète aristo qui vit dans la région de Dijon, des élèves d'un CAP coiffure d'un Lycée Professionnel de la ville de Vierzon. Sans tomber dans le piège de l'ostracisme social, celui qui conduit certains tel Houellebecq à déclarer « Niort, l'une des villes les plus laides qu'il m'ait été donné de voir ».
"permettez que je recharge la cuisinière, nous sommes un des rares musées encore chauffés au bois."
"Jocelyn de Berugiers, à Dijon, Médiateur de l'art de demain. Que dire de ce phallus de métal qui défonce une surface usée."
"À Vierzon, la jungle se paie cash. À coup de pressions qui diluent les pensées qui flottent comme un papier gras sur le canal pour enfin s'échouer sur les rives de deux mille deux."
Brissart se situe au-delà...il décrit ce qui est sans peur des mots et surtout sans craindre de choquer.
Dans une de ses nouvelles, Ali, choisi de faire payer ceux qui viennent le conspuer. Succès garanti pour tous les racistes de la planète. Quand l'affluence est à son comble; devinez ce qu'il advint d'Ali et des autres...
"Il est en forme Ali !...Encore plus hideux ! Encore plus basané ! Encore plus sale !!"
Une autre nouvelle nous montre un naufragé qui regarde ses potentiels sauveteurs scotchés à l'écran de leur portable, comme les badauds assistant à un drame préférant filmer pour BFM TV plutôt que d'appeler les secours ou d'intervenir eux-mêmes...
"Criez face à un écran, appelez au secours, personne ne viendra."

Brissart tente de faire la démonstration que toutes les bien-pensances se valent.
Ceux qui parlent de bien pensance pour s'en offusquer ne souhaitent-ils pas simplement que les autres pensent comme eux ?
Ne veulent-ils pas tout simplement imposer leur bien-pensance ?

Des différentes idéologies à l'oeuvre aujourd'hui, aucune ne reflète à elle seule la réalité de notre société, elles ne font que proposer une représentation conforme à la réalité qu'elle souhaite voir s'imposer.

"Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux."
"Déculpabiliser. D'abord.. Ça parait freudien et abscons, mais on ne peut rien faire, sans déculpabiliser."

Un recueil de nouvelles décapant...