AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782709671231
234 pages
J.-C. Lattès (21/08/2024)
3.96/5   24 notes
Résumé :
Lyon, 1948. Atteint d'un mal contagieux, Marcel, 15 ans, doit quitter sa mère pour rejoindre le sanatorium de S. Là-haut, nichée sur le plateau d'Assy, il découvre une société à part où rôde la tragédie mais règne le confort. Dans ce lieu d'enfermement, l'adolescent expérimente la liberté en compagnie de l'excentrique Scala et de Valentine, occupée à repeindre le mur de la crypte.
Que lire après L'Île du là-hautVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 24 notes
5
5 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Alors qu'il vivait tranquillement à Lyon, Marcel voit sont univers s'écrouler, à l'annonce du diagnostic de la maladie, la peste blanche comme on l'appelait à l'époque. Il est décidé alors de l'isoler et on l'envoie au plateau d'Assy, face au Mont Blanc. Déjà attristé parce qu'il n'a pas pu dire au revoir à son ami d'enfance Andréa, au nom de la contagiosité, il se retrouve isolé de son milieu familial et amical, et exilé loin, très loin.

Après un trajet difficile, il se retrouve au pavillon S, avec des adultes, pavillon que sa mère à choisi pour la qualité des soins, et isolé dans sa chambre pour ne contaminer personne. Seule Gabrielle, l'infirmière lui apporte soins et réconfort. Mais, Marcel a seulement quinze ans, alors, isolé (une fois de plus) au milieu des adultes.

Quand il sort enfin de sa chambre, il faut faire connaissance avec les lieux et les autres patients. Étrangement, lorsqu'il franchit le seuil de la salle à manger, il découvre une poire en cire et il met alors en place un mécanisme de défense : les soins coûtent cher, sa mère (mère célibataire) ne peut pas selon lui payer les soins, alors peut-être s'agit-il d'une attention de son père, dont il ne sait rien ?

Marcel va se faire deux amis, Scala un artiste extravagant qui travaille la cire et Valentine qui est chargée de décorer la crypte (chaque sanatorium a une chapelle pour que les patients puissent se recueillir, prier) tandis que sa soeur malade reçoit des soins dans l'établissement.

A travers l'histoire de Marcel, la dureté de l'isolement, de la solitude des affres de l'adolescence, le sentiment amoureux qui le fait rêver mais souffrir, Adrien Borne nous raconte l'histoire du Plateau d'Assy et des sanatoriums, en axant son récit sur trois périodes qui s'entrecroisent : 1948 avec l'arrivée de Marcel au pavillon S, 1970 avec la catastrophe du Roc des Fiz, où un éboulement massif a entraîné la montagne et le sanatorium, faisant 71 morts dont 53 enfants, et 2018 où un vieux médecin désabusé se souvient de la splendeur passée du plateau.

Evidemment, en 1970, un technocrate, imbu de lui-même parachuté du haut niveau de L'État, décide de tout transformer : il n'y a plus de tuberculeux, alors plus besoin des bâtiments, qui coûtent trop cher alors transformons, transformons, économisons, (la gestion comptable de la médecine était déjà à l'oeuvre) …

J'ai adoré ce roman, comme j'ai aimé « Mémoire de soie » et « La vie qui commence » d'Adrien Borne, le ton quasi chirurgical par moment, et la pudeur lorsqu'il aborde les émotions des personnages. J'aime beaucoup le titre : « L'île du Là-haut », qui décrit bien la situation du lieu, le côté isolé de la terre et des hommes et rappelle au passage qu'on surnommait les sanatoriums « les paquebots ».

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C Lattès qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.

#Lîledulàhaut #NetGalleyFrance !

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          300
Énorme Coup de Coeur !

"L'île du là-haut" est un roman d'apprentissage poignant, mais aussi une somptueuse fresque semi-historique inoubliable, emprunte de poésie !

de 1948 à la catastrophe du Roc des Fiz en 1970 jusqu'à sa destruction en 2018, Adrien Borne ressuscite l'âge d'or du sanatorium sur le plateau d'Assy en Haute-Savoie et, contre l'effacement des lieux et des êtres, fait résonner les destins de ceux qui n'ont pas eu le temps de vivre.

A découvrir chez @Audiolib grâce à l'interprétation très juste, riche en émotions, de Xavier Baur qui donne une vraie plus-value au roman !

Lyon, 1948. À quinze ans, Marcel est atteint d'un mal contagieux que l'on appelle la peste blanche. Lui, qui a grandi sans père, doit aussi quitter sa mère, Louise, pour rejoindre le luxueux sanatorium de S., sans même un dernier au revoir à son ami d'enfance, Andrea

Là-haut, à 1300 mètres d'altitude face au mont Blanc, Marcel découvre une société à part, un monde en suspens, où il est le seul adolescent et où rode la tragédie malgré le confort et l'abondance. Un lieu d'enfermement, mais aussi de liberté pour l'adolescent car, dans les interstices laissés par les soins, grâce à l'excentrique Scala et la lumineuse Valentine, c'est la vie qui palpite avec les premiers émois amoureux.

Un monde ambivalent, un temps suspendu entre lac et montagne, entre vie et mort, en lutte perpétuelle contre un mal qui lui donne sa raison d'être, chahuté au fil des décennies par les progrès contre la maladie. Et quand elle sera vaincue, quelle trace restera-t-il de ce que Marcel et ses semblables ont vécu ?

Je remercie @Audiolib et @NetGalleyFrance pour ce livre audio magnifique très réussi qui donne envie d'être réécouté.

Tout d'abord, j'ai adoré le titre très poétique qui est déjà, à lui tout seul, une invitation au voyage. Il associe deux éléments, le ciel et l'eau, la montagne et le lac, comme si le sanatorium était un bateau qui dérive entre deux mondes. Il témoigne aussi un profond sentiment d'isolement puisque ces malades contagieux étaient considérés comme des pestiférés.

La structure narrative très bien maitrisée alterne entre trois temporalités (1948-49 ; 1970 et 2018), ce qui permet de donner du rythme et de préserver le suspense jusqu'au dénouement très émouvant. Trois récits enchâssés centrés sur celui de l'âge d'or du sanatorium avec l'arrivée de Marcel en 1948.

De plus courts épisodes s'entremêlent au récit de Marcel : un médecin témoigne du déclin du sanatorium, suite à un glissement de terrain et à l'éboulement de la montagne le 16 avril 1970. Cette catastrophe du Roc des Fiz fera 71 victimes dont 53 enfants, l'une des plus meurtrière du 20ème siècle en France.

Je tiens à féliciter l'interprétation magistrale de Xavier Baur qui incarne les différents personnages avec beaucoup de justesse, ce qui les rend vraiment attachants. le jeune Michel utilise peu de mots, mais ces mots simples expriment beaucoup et ils nous vont droit au coeur. Un parler franc, celui des petites gens, comme l'infirmière qui le soigne, Gabrielle.

L'émotion est omniprésente dans ce livre à la plume sensible et délicate qui traduit parfaitement la pudeur des premiers émois d'adolescence car Michel n'est plus un enfant et pas encore un adulte, naufragé entre deux mondes. J'ai trouvé que le rythme saccadé, les phrases elliptiques, révélait bien l'état de santé précaire de Michel qui est souvent "à bout de souffle".

Je conseille vivement cette version audio qui donne vraiment une plus-value à l'intrigue car le style incisif, la plume délicate et la prose poétique de l'auteur s'y prête parfaitement. Un livre inoubliable où l'art (musique, peinture ou sculpture) permet d'exprimer l'indicible. Un livre percutant qui donne envie d'être réécouté ou relu une fois terminé car il vous hantera longtemps après !
Commenter  J’apprécie          151
Trois périodes jalonnent ce roman qui se déroule au sein d'un sanatorium de standing pour adultes sur le plateau d'Assy, en Haute-Savoie.
De septembre 1948 à février 1949 : Marcel, 15 ans, tuberculeux y est envoyé par sa mère pour bénéficier des meilleurs soins et des conditions de vie les plus confortables possible. Seul adolescent au milieu d'adultes, il noue deux amitiés improbables : avec Scala, un excentrique, la cinquantaine, qui moule des fruits en cire et avec Valentine, dont la soeur est une patiente et qui décore la crypte du sanatorium de peintures.
L'année 1970 qui voit le sanatorium pour enfants être détruit par un éboulement et celui des adultes voué à la fermeture ou à une reconversion suite à la baisse drastique du nombre de malades.
Juin 2018 : l'ancien directeur du sanatorium pour adultes maintenant complètement à l'abandon, 85 ans, se souvient de celles et ceux qui ont espéré, qui ont été guéris, qui sont morts et dont le souvenir habite ces lieux déserts.
Adrien Borne fait revivre la vie quotidienne d'un sanatorium, non seulement son fonctionnement mais les attentes des malades, leur solitude face à une maladie contagieuse qui faisait peur et dont les porteurs étaient traités comme des pestiférés (d'ailleurs la tuberculose était surnommée la peste blanche). Il décrit l'abandon progressif de ces structures au fur et à mesure que la maladie était éradiquée.
Le personnage de Marcel est particulièrement attachant : élevé par une mère célibataire qui refuse de lui dire quoi que ce soit, il est en quête de son père qu'il croit voir dans chaque homme croisé au sanatorium. Seul enfant/adolescent dans un monde d'adultes, il est perdu mais ressentira bientôt amour et amitié qui le soutiendront dans son combat contre la tuberculose.
Le style de l'auteur est très ciselé avec des phrases très courtes pour Marcel comme si le souffle allait lui manquer mais aussi poétique.
Malgré toutes ces qualités, je ne me suis pas laissée entraîner dans ce roman, je m'y suis même par moment, ennuyée, peut-être par ce que la langue est trop travaillée pour laisser mes émotions s'exprimer ou parce que le monde dans lequel évoluent les personnages a heureusement disparu et m'est par trop étranger.
Commenter  J’apprécie          213
COUP DE COEUR !

1948, Marcel, tout juste 15 ans , quitte Lyon direction le plateau d 'Assy au pied du Mont Blanc. Il va séjourner au sanatorium de S, un sanatorium de luxe, de très grand luxe même . Seul enfant au milieu d'adultes il est là pour"guérir " de la peste blanche , bref c'est un tubard au milieu de tubards certes aisés mais tubards quand même.
Pour Marcel c'est le déchirement . Il a tout laissé derrière lui, ceux qu'il aime Andréa, son ami d'enfance et surtout Louise sa mère qui l'a élevée seule; Dieu sait si c'était dur d'être une mère célibataire dans ces années là. Une femme muette sur son passé, elle ne lui a jamais dit qui était son père et d'ailleurs comment ou plutôt qui paye son séjour? ...
Marcel, Scala, Valentine , trois personnages clefs
et la vie continue ou s'essouffle, Les années passent . La tuberculose a trouvé son maitre, le vaccin .
et ...
Je me suis laissée tout d'abord porter par ce récit semi-historique, ce roman d'apprentissage en accéléré. Puis ont surgi les années 70 et j'ai sursauté ... et je me suis retrouvée piégée ...

Chapeau Mr Borne! de vous je connaissais votre très beau Mémoire de soie , vous récidivez dans la qualité. Ecriture, profondeur des acteurs de ce roman, contexte historique ... tout est à sa place.

Un grand merci aux éditions JC Lattès pour ce partage via Netgalley
#Lîledulàhaut #NetGalleyFrance

Parution le 21 août 2024
Commenter  J’apprécie          220
Octobre 1948 à Lyon, Marcel vit avec uniquement sa mère, mais Marcel est malade et doit tout quitter pour le sanatorium de S sur le plateau d'Assy. Envoyé tout là-haut pour essayer de vaincre la tuberculose qui l'envahit, un périple beaucoup trop intense pour un enfant comme lui, surtout qu'il est le seul enfant dans ce sanatorium de "riche". Marcel va petit à petit découvrir les lieux : grand, beau, luxueux, à la recherche de son histoire, et de ce père qu'il ne connait pas.

Là-haut, Marcel découvre une vie d'enfermement, d'attente mais aussi Valentine et ses peintures et Scala, un artiste lui-même, un peu excentrique. A travers le récit de Marcel, quelques chapitres avancent dans le temps pour nous apprendre qu'en avril 1970, la montagne se décroche, en emportant une partie de l'ancien sanatorium.. jusqu'en 2018 où une commissaire priseur encore un homme ayant connu les lieux pour faire la lumière sur des masques retrouvés..

Adrien Borne revient avec cette fresque habilement déroulée pour redonner vie aux sanatoriums et aux fantômes des lieux. Car ce roman est un roman sur la beauté des paysages, la beauté des sanatoriums, sur le temps suspendu, sur les silences, sur l'attente et les émotions. Adrien Borne fait du petit Marcel, un personnage tellement attachant, où l'enfermement ui rend la vie dure mais aussi tellement palpitante auprès de Valentine et Scala.

Happé par l'histoire "semi-historique", par le lieu, par les personnages, j'ai retrouvé la plume que j'avais tant aimée avec "Mémoire de soie" à la fois poétique, tragique, dans l'urgence, où toute la beauté des personnages en sont décuplés. Bref, une nouvelle fois, c'est une réussite, un véritable moment d'évasion à travers le sanatorium de S et cette fin tellement émouvante !
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L’esprit de conquête des bâtisseurs du plateau d’Assy avait acté une évidence géographique, oubliant que ce qui a été pris peut être perdu. Il en va d’un territoire comme d’une vie même si l’histoire montre combien le territoire compte plus qu’une vie. (Catastrophe du Roc des Fiz en 1970)
Commenter  J’apprécie          160
Vivre avec une mère célibataire, c’est apprendre assez tôt à observer les approches mercenaires des cueilleurs de solitude. Quand le manque de tout tournait violent, souvent, sous l’occupation nazie, occupation passée à se calfeutrer et à attendre, le défilé n’en était que plus soigné. Les hommes, Marcel s’en moquait. Mais, d’un homme, il manquait. Son père. Cet interdit. Ce silence.
Commenter  J’apprécie          10
Ici, dans ce colosse de béton et son décor de clarté, il u a de quoi s’extasier parce que c’est beau, grandiose, splendide diront plus tard des médecins, diront encore plus tard des touristes fatigués du quotidien et affectés de tout. Mais à son âge, on retient l’idée d’être un pestiféré avant de s’émouvoir d’une verdure.
Commenter  J’apprécie          10
Ce bruit sourd reste l'un des glissements de terrain les plus meurtriers jamais survenus en France. La montagne s'est rompue. Elle a tué dans des proportions inimaginables ou alors est-ce l'homme qui a tué à trop vouloir s'approcher.
Commenter  J’apprécie          30
— Marie Curie, figure-toi. La grande Mme Curie. D'ailleurs, comme toi, elle s'est évanouie d'épuisement à son arrivée. C'était un peu avant la guerre, quelques années avant.
— La dame des sciences ?
— Oui, voilà, la dame des sciences et du Vadium.
— Vadium ? Radium ?
— Exactement. Une tête solide, cette femme... c'est moi qui lui prenais la température, tu sais. Mais elle voulait toujours vérifier le chiffre elle-même, en tenant le thermomètre dans ses doigts brûlés. C'est la science, la science, la science, ces gens-là, c'est quelque chose, les chiffres jusqu'au bout, même pour si peu qu'une température.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Adrien Borne (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Adrien Borne
Adrien Borne nous parle de ses inspirations et de son nouveau roman, 'î à-.
autres livres classés : sanatoriumVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus
rentrée littéraire 2024



Lecteurs (129) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3805 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..