Câbles : Fiction Scientifique

Enfant d'ingénieur en fibres optiques, je m'apprête à rédiger une critique de nouvelle. Bref mais ambitieux, ce texte à l'architecture poétique (un rapprochement est fait entre scientifique et artiste vers la fin) se veut un conte philosophique. C'est sa prétention, et je dois avouer si cela veut dire quelque chose que je trouve ce texte un peu prétentieux. Un style très beau à lire, très réflexif, mais on sent (peut être le sent on un peu trop) que chaque mot est un prétexte à montrer une certaine réflexion.

L'autrice, une chercheuse attachée à une école de commerce, nous écrit donc une nouvelle "de SF" (j'y reviendrai), datant d'après le covid, au sujet d'un confinement mondial (finalement très peu évoqué)... dû à une "panne" de fibres optiques, et donc plus d'internet. On suivra les tribulations d'un ingénieur en fibre optique sillonnant l'océan, et le passage sur sa faune et sa flore (notamment les méduses, fascinant notre chercheur) est d'un poétique et d'une beauté. le chercheur est présenté comme parfait (intelligent mais pas prétentieux, volontaire, un "honnête homme" aimant les lettres et les sciences...). Il est question de toutes sortes de sujets, notamment liés aux entreprises et aux start up, que notre autrice semble connaître (je ne connais pas exactement le champ de ses recherches académiques), ainsi que, à un moment, de "parade digitale" pour la drague en ligne, chose bien trouvée (même si je n'étais pas d'accord avec l'autrice, mais cette notion de parade je l'ai appréciée). D'autres réflexions sur le statut juridique de l'animal ou sur la matérialité de la fibre optique qui est brusquement apparue à la connaissance des gens.

Le style très élaboré et complexe compte aussi des termes scientifiques et se fait presque journalistique. Je dirais que c'est une nouvelle de SF, même si le résumé et le corps du texte s'en défendent, en partant du postulat que toute SF est dystopique, là où ce livre sans être utopique se veut optimiste. Alors certes, c'est poétique, bien écrit quoiqu'un peu prétentieux, et c'est très ouvert, on ouvre le champ des possibles et le possible est le thème du livre. Et puis le rapprochement entre science et art peut concerner l'art de la science fiction. Mais prétendre sortir de la SF pour être original (et créer une "fiction scientifique", ce qui soi dit en passant a existé avant le terme SF (ex. Wells)) c'est à mes yeux oublier que la SF est plurielle et est un genre plus noble qu'on ne le pense.

Je me sens comme une femme-grenouille lorsque je découvre ce livre peu connu et le commente, j'ai l'impression d'explorer quelque chose. Mais je ne peux dire avoir été conquise, car à mon sens l'autrice veut faire de l'art et produire de la réflexion mais on s'en rend trop compte, chose que je trouve dommage.

Je le conseille tout de même, et ce d'autant plus qu'il est bref et que vous pouvez vous faire votre avis.