[Le saint, qui veille sur les intérêts d'un brave homme mis à l'épreuve par un roi païen en raison de sa foi superstitieuse dans les mérites d'une statue du saint, apparaît à trois voleurs qui se sont emparés du trésor placé sous la protection de cette effigie, et leur intime, sous peine de châtiments, l'ordre de rapporter leur butin; ce qu'ils se décident de faire, à regret...]
SAINT NICOLAS.
Malfaiteurs, ennemis de Dieu, allons ! vous avez trop dormi ; vous allez être pendus sans nul espoir de salut. Vous avez eu tort de voler le trésor, et l'hôte a mal agi en le recelant.
PINCEDÉ.
Qui est-ce qui nous a éveillés ? Dieu ! comme à cette heure je dormais profondément !
SAINT NICOLAS.
Fils de putain , vous êtes tous morts ; à cette heure le gibet est prêt, car vous avez forfait votre vie, si vous ne croyez mon conseil.
PINCEDÉ.
Prud'homme qui nous a effrayés, qui es-tu, toi qui nous fais telle peur ?
SAINT NICOLAS.
Jeune homme, je suis saint Nicolas qui remet dans la voie les égarés. Remettez-vous tous en chemin ; rapportez le trésor du roi. Vous avez commis un très grand crime quand vous osâtes jamais penser à le prendre. L'image qui était placée sur le trésor aurait bien dû le protéger : ayez soin qu'elle y soit remise aussitôt, ainsi que le trésor, si vous tenez à vos corps, et mettez l'image dessus. Je m'en vais, sans plus tarder.
PINCEDÉ.
Par le signe du saint crucifix ! Cliquet, qu'en pensez-vous ? et vous, qu'en dites-vous, Rasoir ?
RASOIR.
Quant à moi, il semble que le prud'homme dise vrai ; j'en suis en grande frayeur.
CLIQUET.
Il m'est avis que j'en sens grande douleur ; je ne craignis jamais homme autant.
LE TAVERNIER
Messieurs, je n'en prends rien sur moi, si vous avez commis quelque méfait ; mais videz-moi vite ma maison, car je n'ai cure de tel gain.
PINCEDÉ.
Hôte, vous fûtes (notre) complice, puisque le temps vient de dire la vérité ; et vous devez avoir une part égale du péché et du gain.
LE TAVERNIER.
Hors (d'ici), fils de putain, gloutons ! Voulez-vous me couvrir de blâme ? Caignet, va vite leur faire payer leur dû, puis mets-les hors de ma maison.