Ils sont jeunes et riches, ils ont du temps pour fumer, refaire le monde, rêver. Peut-être comme d'autres avant eux mais cette fois ci, ils tentent une mise en pratique. Ils sont des milliers avec des fringues colorées, des fleurs dans les cheveux, une barbe, une guitare, et l'odeur du haschisch. Dès qu'ils ont du temps et un peu de sous, ils se mettent en route vers Katmandou. Avec leur candeur et leurs idéaux se font dépouiller, violer, prostituer, pour finir par une overdose quand ils ne meurent de faim.
Avec une écriture fine et sans caricature,
Barjavel montre l'horreur du Flower Power et de mai 68,
à l'image de cette fille de milliardaire qui quitte son hôtel particulier pour les barricades puis pour la route du Népal et qui finit fusillée par les communistes qu'elle essayait de rejoindre.
Des vaches squelettiques, l'odeur de la merde, des corps dans les rues, des enfants mourants à la pelle,
Barjavel insiste sur le contraste entre le paradis rêvé et le Népal des années 60.
Une liberté sexuelle qui tourne à la prostitution, des drogues qui tuent et emprisonnent, un renoncement à l'argent qui entraîne la faim et la crasse. Tout est dissonance entre le rêve et réalité. C'est à travers des yeux d'Olivier que
Barjavel nous fait découvrir cet enfer, atteri à Katmandou presque par hasard, il offre un regard extérieur aux mouvements hippies et humanitaires.
Barjavel signe là un conte philosophique brillant et terrifiant, une critique acerbe et d'avant-garde sur les mouvements étudiants de la fin des années 60.
Né bien après le temps des barricades, se roman m'a particulièrement plu par sa singularité vis à vis du mythe de liberté qui entoure encore et toujours les années 60.