Je les ai vus arriver de moin, je les ai
observés avancer, et au moment où ils sont passés à ma hauteur, je n'ai pas pas bougé.Je n'ai rien dit.Je les ai laissés poursuivre leur chemin tranquillement. (...) j'ai oublié mes parents et mon frère, enfin, pas totalement, mais j'étais bien ici tout seul et je n'avais pas envie de les rejoindre.Je ne pensais pas au souci que je commençais à leur causer.Je ne peux pas dire précisément ce que j'avais dans la tête, mais j'étais content de mon audace, j'étais satisfait de ce pas de côté,
j' appréciais ce temps volé au cadre familial, cet impair aux règles, à ces règles qui vont de soi et qui ne se remettent jamais en question: on part ensemble, on reste ensemble, on rentre ensemble.Je venais de briser le pacte.
Ce dont je me souviens surtout, et c'est banal de le dire, c'est du fort sentiment de liberté que me procurait ce geste.
On n'a pas tous les jours des raisons sérieuses de s'enfuir et d'aller se cacher quelque part. Ou bien, en ce qui me concernait, les raisons sérieuses, sans parvenir à les décrypter vraiment, je les avais déjà. Ce que j'avais fini par comprendre, c'est que j'étais légitime pour sauter le pas, que c'était autre chose qu'une simple lubie, que c'était plus qu'une envie, que ça répondait chez moi, comme on dit, à une nécessité, un besoin. Besoin d'une coupure réelle. Besoin de solitude, oui. Besoin de me retirer du monde, pour quelques jours dans un premier temps. Bien plus qu'une expérience, finalement.
Inédit hors commerce édité par
l' Association de libraires, " INITIALES "....
( Jean- Marc Brunier, Le Cadran lunaire, Mâcon )
Quel Inédit !
Tout de l' univers de Pierric Bailly est contenu là. Tout de son rapport à la nature, son Jura natal, tout de l'enfance et son rapport aux siens, la famille, les amis, et aux autres.
Tout est là, en quelques pages à l'écriture précise et ciselée.
C'est exactement l'esprit de l' Inédit que publie chaque fin d'année l'association des libraires Initiales: vous donner à lire et à et à découvrir un auteur dont nous chérissons le travail.
(...)
Mine de rien, j'étais curieux de savoir comment mon absence a été vécue. Ce qui me tracassait le plus, si je suis vraiment honnête, c'était la peur qu'il ne se soit rien passé du tout.(...) Est-ce qu'ils s'étaient au moins rendu compte de mon absence?
Le mec tellement discret, tellement transparent qu'il peut fuguer dix jours sans que personne ne le remarque.
Au bout du quatrième jour, je me suis mis à penser aux autres, à tous ceux que j'avais abandonnés.Je ne m'attendais pas à ce qu'ils prennent une place aussi importante.Enfin, je ne pensais pas tant à eux qu'à la façon dont eux devaient penser à moi.
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