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EAN : 9782072844270
104 pages
Gallimard (21/11/2019)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Voyageuse des confins de l’Europe baltique, Anna Ayanoglou y puise la matière de ses poèmes. Un monde de rues désertes «noyées sous le feuillage», aux instants discrets, gardant l’écho lointain des tragédies du XXe siècle. Le «familier» que scrute Anna Ayanoglou court «dans les venelles, dans les cours comme dans des greniers défendus». C’est aussi dans la suite des années, l’expérience de la dissolution amoureuse, celle d’un chemin de vie pas à pas ressaisi dans la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
On est tout d'abord surpris par l'écriture qui déroute et nous entraîne loin. Il faut alors se laisser porter par le texte, les mots, et suivre notre poétesse dans ces villes étrangères, afin de se familiariser avec son univers. Une fois immergé, on savoure l'originalité de ce recueil.
Anna AYANOGLOU, née en France, a fait des études de russe puis est partie enseigner le français langue étrangère à Vilnius (Lituanie) et à Tartu (Estonie). de ces séjours en villes étrangères, elle a rapporté des poèmes qui évoquent la découverte des lieux, au fil des saisons, nuits et jours. Elle nous entraîne sur les chemins enneigés, dans les rues, les maisons, les marchés, les bars, au bord des fleuves et rivières. Elle nous fait humer leurs parfums –hiver, feu de bois, feuillage, verdure …
On y rencontre les habitants, marchands, agriculteurs, vendeurs, musiciens, chauffeurs de taxi…
C'est dans l'un de ces villes qu'elle découvre l'amour, un amour éphémère qui réussit à ancrer le lien que la poétesse tisse avec les lieux.
Au fil de ses poèmes, elle nous livre ses émotions – appréhension, étonnement, tristesse, nostalgie, plaisir, joie …
Son écriture est à l'image des sensations que lui procurent ses séjours. Tantôt rapide, hachée, incisive, ponctuée d'emprunts à la langue orale, tantôt fluide et paisible.
Par petites touches, la poétesse partage ses regards : regards complices, regards amusés, regards imprégnés de tendresse et d'amour.
C'est un texte qui donne de la place au corps, aux corps dans la ville … comment le corps prend peu à peu possession de la ville et l'habite … comment la place d'un être humain dans un lieu s'inscrit dans – et par – le corps.
L'auteure évoque également les traces de l'histoire qui marquent ces villes par leur présence dans l'architecture, dans ces bâtiments de pierre qui suinte l'autorité – celle d'avant
On aime aussi les très belles pages d'amour qu'elle partage avec son lecteur, et surtout le fugitif épilogue : il y a toujours un départ / bercé d'incertitude et d'une étrange douceur ….


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Grâce à l'enjambement, l'auteur réussit à nous transporter dans un monde ordinaire, liquide mais aussi féroce. Parfois inhospitalier où la solitude émerge ; parfois à la périphérie d'une ville, d'un quartier, où les âmes éthyliques errent à la recherche de soi, à la recherche de l'autre. Les silences, les failles, les impasses, c'est tout cela que raconte ce recueil.
Le Fil des Traversées a reçu le prix Apollinaire découverte 2020.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
 
 
[…]
deux ans plus tôt en le sauvant
le traitement lui a pris sa fertilité
– elle reviendra – au téléphone
effarante, sa foi
– bien sûr j’y ai pensé
quand seuls enfin, la porte close
Il demande s’il met – non !
– un murmure
comme on jure allégeance – bien sûr
que j’ai pensé
il n’est plus ce jeune homme
plein de menaces d’enfants
il n’est plus que lui seul – et par seul
j’entends tout
– attends, attends
à ce certain élan et sans rien entre nous
j’ai perdu le sens du fini.
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LE FIL DES TRAVERSEES

De ces années parfois en rêve
quelque chose me revient

Il y a toujours un départ
bercé d'incertitude et d'une étrange douceur

c'est l'aube, le crépuscule
toujours la fin et le début
mais je ne sais pas de quoi -

simplement que je dois
prendre place dans le bus qui s'en va
plein de passagers tièdes, ensommeillés -

que le bus, celui-là, trouvera mon chemin.
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Il y a quelque part une photo – je ne l’ai plus
elle est dans ma mémoire
Je suis au pied d’une femme de granit
immense, aux traits à peine dessinés
un grand cône d’argent l’empoitraille –
troisième sein qui semble contenir son âme
– la protéger – la projeter
Elle ne trône pas – peu lui importe
elle ne guide pas – elle regarde
à travers les saisons
et je me souviens bien, posant pour la photo
serrant ses hanches j’ai prié
porte-moi.
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La ville, souvent, n’était que ces quartiers
dont l’atmosphère disait : dernière rue
avant le vide
– et elle se poursuivait […]
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De ces années parfois en rêve
quelque chose me revient

Il y a toujours un départ
bercé d’incertitude et d’une étrange douceur

c’est l’aube, le crépuscule
toujours la fin et le début
mais je ne sais pas de quoi –

simplement que je dois
prendre place dans le bus qui s’en va
plein de passagers tièdes, ensommeillés –

que le bus, celui-là, trouvera mon chemin.
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Videos de Anna Ayanoglou (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anna Ayanoglou
Avec Anna Ayanoglou, Joanna Dunis & Sofia Karampali Farhat Dialogue animé par Marie-Madeleine Rigopoulos
Trois poétesses d'aujourd'hui partagent un lien à la francophonie et à la grécité, ainsi qu'un solide ancrage dans l'altérité, qui se manifestent dans leurs vécus intimes et leurs écrits littéraires. Dans le cadre d'un renouveau de la poésie contemporaine irrigué par les femmes, leurs poésies résonnent de manière chorale, dressant un champ littéraire riche de ses variations. Cette discussion et cette lecture croisée à trois voix se propose d'étendre et d'entendre un territoire poétique féminin, entre francophonies et grécités singulières.
Soirée proposée par le Centre Culturel Hellénique.
« Face à la mer, une Reine un jour m'a dit : Pourquoi la Grèce ? J'ai répondu parce que le Tout, les images, et le ciel Et toi, Que deviens-tu ? » Joanna Dunis, Topologies – Contes d'Athènes.
À lire – Anna Ayanoglou, Sensations du combat, Gallimard 2022 ; Appartenir, Castor Astral, 2024 – Joanna Dunis, Topologies, Contes d'Athènes, Castor Astral, 2023 – Sofia Karampali Farhat, Zaatar, éd. Bruno Doucey, 2023. Lauréate Prix Ganzo espoir 2024
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