AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782723461351
351 pages
Glénat (20/09/2007)
4.21/5   7 notes
Résumé :

Première expédition automobile transafricaine, la Croisière noire est un défi lancé par André Citroën à ses concurrents de l'époque. Déjà en 1923, la première traversée du Sahara en automobile avait permis de relier Touggourt à Tombouctou. La Croisière noire se révèle plus audacieuse encore que l'aventure saharienne. Au raid sportif se substitue une course de fond de 20 0... >Voir plus
Que lire après La croisière noire : Sur la trace des explorateurs du XIXe siècleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En 1923-24, André Citroën propose de traverser l'Afrique du nord à l'afrique occidentale en autochenilles. En coopération avec Haardt et Audouin, ils veulent démontrer que l'automobile est le moyen de locomotion de ce siècle.
Mais cette endurance est avant tout pulbicitaire. Citroën veut prouver que ces usines fabriquent des voitures solides et qui peuvent aller n'importe où.

Cette expédition se double d'une équipe scientifique. Dans le livre, on y trouve quelques extraits des carnets de bord ainsi que de nombreuses photos et quelques croquis.

L'expédition se scinda en 4 groupes. Audouin et Haardt s'étant réuni à Madagascar avant de rejoindre le reste des équipes au Cap.

C'est tout de même une magnifique aventure littéraire, scientifique et visuelle.

En consultant l'ouvrage, on s'aperçoit que l'Afrique d'hier et d'aujourd'hui à peu évoluer.... du moins pour celui qui visite l'Afrique profonde. Les danses tribales, les "vêtements", les cases.... on a l'impression que peu de choses ont évolué en 90 ans.

Et pourtant...
Commenter  J’apprécie          170
Belle rétrospective de cette aventure que fut la "croisière noire", ce livre vaut surtout pour les extraits du journal de voyage de Louis Audouin Dubreuil, père de l'auteure et chef en second de l'expédition. C'était un sacré personnage, mais aussi un excellent écrivain.
On appréciera aussi les quelques photos d'archives qui agrémentent le parcours, et surtout, un cahier central de superbes lithographies du peintre Iacovleff qui accompagna le voyage... seul témoignage coloré d'une époque révolue.
On sent des explorateurs intelligents, passionnés par cette Afrique, assez humanistes pour être partisans d'une "colonisation raisonnée". Mais on sent surtout des hommes bourrés de paradoxes, qui tirent la sonnette d'alarme sur le trafic d'ivoire et le danger d'extinction des fauves (oui, déjà en 1925 !) tout en participant à des chasses où ils tuent lions, éléphants et hippopotames pour les empailler ; qui se lamentent sur la perte d'authenticité qu'ils constatent déjà dans certaines tribus où ils trouvent que les Africains, heureux quand ils étaient sauvages, deviennent tristes lorsqu'ils s'européanisent, tout en fustigeant certains administrateurs français qui selon eux ne font pas assez d'efforts pour civiliser les zones dont ils ont la charge, comparé aux admirables Anglais et Belges qui font vraiment du bon boulot !
Finalement, dans tout cela, ce sont les trois artistes : Specht, mais en particulier le cinéaste Poirier et le peintre Iacovleff, qui suscitent le plus la sympathie. Ils sont là pour l'art, l'esthétique et la découverte, et n'ont pas à se sentir comptables d'une mission civilisatrice ou scientifique. Là où Haardt et Audouin abattent les animaux à coups de fusil de gros calibre pour agrémenter les collections du Museum d'Histoire Naturelle, ils préfèrent risquer leur peau à s'en approcher pour les peindre ou les photographier, et ne cachent pas qu'ils préféreraient les voir épargnés. Idem pour les peuplades dites "primitives", où ils préféreront adopter l'oeil de l'ethnologue et ne pas porter de jugements à l'aune des moeurs occidentales.
Un bémol très pratico-pratique, mais pourtant important : ce système de notes reportées en fin d'ouvrage est épouvantable ! Il y a plus de 130 reports sur des mots techniques ou sur des termes africains, qui ne sont vraiment pas du luxe, mais pourquoi ne pas les avoir mis en bas de page ? Ces allers-retours incessants m'ont vraiment été pénibles.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
La forêt équatoriale ? L’homme s’y sent étranger dans un monde hostile. Là, c’est la domination absolue, impérieuse, de toutes les formes d’enlacement. La sève exacerbée n’y connaît plus de loi, elle enfante dans la démence. Cette forêt-là, sombre et silencieuse car à l’exception du reptile et de l’insecte les animaux ne peuvent y survivre, est un véritable temple de l’horreur, un organisme monstrueux qui prolifère sans repos ni trêve, pisant éternellement dans sa propre décomposition les éléments d’une renaissance sans cesse renouvelée. L’arbre y devient la proie de l’arbre. Celui qui meurt chargé de siècles est aussitôt saisi par les cryptogames, dont la chair épaisse et visqueuse sécrète des sucs destructeurs : les mousses et les fougères, qui lui tissent un linceul vivant, hérissé d’innombrables tentacules taraudant son cadavre. Devenu poussière, celui-ci est pompé jusqu’à sa dernière molécule par les jeunes pousses avides de croître à leur tour, et de monter aussi de la nuit qui les enveloppe vers la libération des sommets, vers l’air libre, vers le soleil. Mais elles-mêmes sont enlacées par les lianes. Les orchidées s’y suspendent, des graines étrangères se gonflent dans chaque gerçure de leur écorce, elles retombent et l’humus leur donne une nouvelle forme : la branche devient racine, engendre de nouveaux bourgeons, recommence son effort de libération. Cette lutte pour la vie est la plus cruelle, la plus âpre, la plus obstinée qu’on puisse concevoir. Il en résulte un chaos prodigieux dans lequel les espèces confondues deviennent un seul et même monstre aux formes colossales : cette masse verte, chaude, spongieuse, morbide, pleine de parfums et de puanteurs, est le décor où opère l’homme panthère poussé par son instinct, et qui s’est identifié à son totem le félin.

(Julien Maigret, pour Louis Audouin Dubreuil)
Commenter  J’apprécie          10
Adossé à une porte en bois, un homme est occupé à extraire d’une de ses jambes, énorme et tuméfiée, un long filament blanchâtre qu’il enroule lentement sur une baguette.
Le professeur, ravi, s’approche de lui. Ménageant ses effets comme un vieil acteur, il nous donne de curieux détails touchant les mœurs de ce répugnant parasite.
— Vous connaissez ce crustacé presque microscopique qui pullule dans certaines eaux stagnantes et qu’on appelle le cyclope ? Son intestin est habité par la larve filaria medinensis, ou ver de Guinée. Si vous buvez de l’eau parasitée, ces larves voyagent dans les replis de votre intestin, qui deviendra leur lit nuptial. Ayant alors assuré la conservation de l’espèce, la larve mâle meurt tandis que la larve femelle, négligeant vos voies naturelles, perce, taraude, perfore. Son corps filiforme chemine à travers vos muscles, glisse entre vos aponévroses et gagne votre tissu cellulaire. Il ne lui reste plus alors qu’à vaincre un dernier obstacle : votre peau. Un coup d’emporte-pièce et c’est fait !
Nous écoutons tous, horrifiés.
— Le traitement de cette affection consiste à extirper le ver à la manière dont cet homme le fait. Travail de patience, le parasite peut atteindre plus d’un mètre, et s’il se brise, les conséquences sont graves : phlegmon, gangrène, voire tétanos…
Bergonier s’apprête à nous parler de la filaire de Bancroft, mais Haardt l’interrompt :
— Cher docteur, cela suffit !
Et, tandis que Bergonier déçu s’éloigne, il me glisse :
— Je soupçonne cet homme d’être un pervers.
Commenter  J’apprécie          10
Haardt est pris d’une irrésistible envie de scotch whisky. Mais qui détient la dernière bouteille ? Minutes de lourd silence, regards accusateurs qui finissent par se porter sur Bergonier, dont la mine est suspecte.
— Monsieur, dit-il à Haardt, la science n’est-elle pas plus importante que la satisfaction de nos plaisirs immédiats ? J’ai pris la liberté de disposer de cette bouteille car l’urgence était grande de préserver un spécimen exceptionnel. Sa main droite ramène de derrière son dos un bocal où flotte dans notre whisky un fœtus de biche-cochon.
— Seriez-vous un empoisonneur, Bergonier ?
Haardt fait-il allusion à la dégustation au déjeuner d’un plat confectionné par Bergonier ? Plat exquis, mais dont il a maladroitement commenté la qualité, révélant ainsi son secret aux consommateurs ahuris :
— Pour que des épinards soient aussi fins et parfumés, il suffit qu’ils aient séjourné quelques heures dans une panse d’animal. (…)
Pour l’heure, Haardt, frustré du plaisir de déguster un whisky, (…) fait allusion au dramatique incident de la veille. En effet, quatre Noirs ont bu dans les boîtes qui renfermaient les produits destinés à la taxidermie. Des douleurs fulgurantes les ont abattus au sol, gémissant, hurlant, se contorsionnant. Personne ne comprenait la cause de cette tragédie jusqu’au moment où on vit, serrée dans la main d’un boy, une des fameuses boîtes. Par solidarité, seize hommes qui n’avaient rien bu se roulaient au sol avec leurs camarades. De fortes doses d’ipéca rétablirent l’ordre.
Commenter  J’apprécie          10
Dans son harem des Mille et Une Nuits, Barmou retient cent femmes et supporte cent belles-mères. (…) Les épouses sont conviées à assister au repas de leur seigneur, mais massées dans un coin de la cour et le visage tourné vers le mur de tob. Elles se tiennent silencieuses. Seules leurs hautes coiffures en cimier, cloutées de cabochons d’argent, attirent le regard. Des musiciens rendus aveugles – car tout regard d’un serviteur est une insulte – accompagnent les agapes du souverain de sons très doux, tirés d’instruments à cordes grattées par une plume. L’eunuque musqué Kaka et l’ancienne favorite Iaogari (…) sont autorisés à faire rire le sultan. Poirier, trouvant le profil de Kaka intéressant, lui fait signe de détourner légèrement la tête. Le sultan entre dans une terrible colère : inciterait-on son serviteur à enfreindre la loi du harem et à oser regarder le seigneur ? Le malentendu se dissipe, mais notre cinéaste ressort violemment ému de cette séance.
Commenter  J’apprécie          20
À Mogroum, les explorateurs découvrent le monde fétichiste chez les Sara-Massas. Sur les rives du Logone. Les hommes, de très belle stature, ne portent qu’une peau de chat-tigre fixée sur les reins ; les femmes sont nues ou simplement parées d’une ficelle rougeâtre comme cache-sexe. Elles arborent les déformations rituelles : un plateau métallique de 5 à 6 cm de diamètre incrusté verticalement dans les lèvres ; une paille implantée dans la narine gauche. Plus impressionnantes encore, les Sara-Djingués ont les lèvres déformées par des plateaux de bois dont le diamètre peut atteindre 24 à 26 cm. Toutes leurs dents sont tombées sous la pression du plateau. Lorsqu’elles les ôtent, leurs lèvres pendent, réduites à deux anneaux de chair. Elles se nourrissent de boulettes de viande corrompue qu’elles lancent au fond de leur gosier et boivent de l’eau versée délicatement sur le plateau inférieur.
Commenter  J’apprécie          20

Dans la catégorie : Géographie de l'AfriqueVoir plus
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Géographie générale>Géographie de l'Afrique (179)
autres livres classés : afriqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus




{* *}