Ce que je me rappelle aussi, c'est que durant les quelques années où ma mère m'a donné des leçons de violon, j'en ai éprouvé un grand plaisir. Ou, plus exactement, aimant l'entendre lorsqu'elle faisait de la musique, chose qui me paraissait alors tout à fait naturelle, j'appréciais moi-même de jouer.
C'est pourquoi sans doute je ne me consolerai jamais d'avoir dû arrêter. Et lorsqu'il m'arrive d'entendre un enfant jouer du violon, comme il y a quelques années dans une rue d'Avignon, à l'époque du festival - c'était pourtant un pauvre violon et une interprétation de quatre sous- , mes yeux immanquablement s'embuent et je sens le chagrin m'envahir.
On ne se console pas de ce qui nous a été irrémédiablement arraché durant l'enfance et qui demeure comme une plaie ouverte à jamais au plus secret de soi. (P.143)
Il est faux de croire que l'on gouverne sa vie. Il n'y a nul hasard, il y a seulement des rencontres, des appels du pied un peu insistants du destin auquel il est vain de vouloir se soustraire. (P.105)