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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Trahison et incompréhension ! Les mots-clés de la longue enquête dans le temps menée par Pierre Assouline pour découvrir les véritables motifs de la trahison du haut fonctionnaire français, Georges Pâques (1914-1993), qui pendant 2 décennies, de 1944 à 1963, a passé des informations et dossiers secrets dont certains importants au KGB, le service de renseignements soviétiques.

Par des lectures précédentes, entre autres "Le KGB en France" de Thierry Wolton de 1986 ainsi que mon ouvrage de référence "Encyclopedia of Cold War Espionage" de Richard Trahair et Robert L. Miller de 2009, je savais que le nom de Georges Pâques figure à côté de ceux plus célèbres comme Kim Philby, Donald Maclean, Guy Burgess, et (l'ex-sir) Anthony Blunt.

Si les raisons de ces messieurs britanniques pour être à la solde des renseignements soviétiques me paraissaient assez compréhensibles, en revanche, ceux de Georges Pâques m'échappaient. Après tout il ne faisait pas partie de la "Perfide Albion" ?
D'autant plus que Moscou a pu profiter de ses connaissances à peu de frais et que l'initiative d'une telle démarche était en plus la sienne.

Georges Pâques est né en 1914 à Chalon-sur-Saône dans une famille modeste, comme fils de coiffeur. Élève intelligent et ambitieux, il a été admis à l'École Normale Supérieure rue d'Ulm dans le même promotion que Georges Pompidou, en 1935 et a été reçu après à l'agrégation d'Italien. En Italie il s'est marié avec Viviana, une ethnologue italienne, avec qui il a eu une fille, Isabelle.

C'est en pleine guerre, en 1943 à Alger, que Pâques a pris contact avec l'attaché "culturel" de l'ambassade soviétique, en fait l'officier du KGB, Alexandre Gouzovsky, à qui il a offert ses services d'informateur, se disant écoeuré par l'impérialisme américain.

Des informations et documents confidentiels seront ainsi quasi systématiquement communiqués à l'URSS pendant presque 20 ans, jusqu'à son arrestation, le 10 août 1963 à la suite de la dénonciation du transfuge, le major du KGB Anatoli Golitsyne (1926-2008).

Un an plus tard aura lieu son procès spectaculaire et sa condamnation, le 7 juillet 1964, à perpète pour trahison.
En 1970, au bout de 7 ans de prison, il sera gracié par le Président Pompidou.
La taupe française du KGB mourra 23 ans plus tard, le 19 décembre 1993 à Paris.

Pourquoi un homme intelligent et instruit, époux et père modèle, a-t-il pu trahir la France, l'Europe occidentale et les alliés de son pays dans la guerre froide à notre pire ennemi ?

C'est avec le considérable talent qu'on lui connaît que Pierre Assouline répond à cette énigme, après des entrevues personnelles avec le traître et une analyse approfondie et pluriannuelle d'un dossier hautement complexe et délicat.

Personnellement, j'estime que la République française s'est montrée étonnamment clémente envers un citoyen qui, surtout comme haut gradé de l'OTAN, a passé des données vitales de sécurité directement à l'ennemi, notamment en matière de la question stratégiquement épineuse du statut de la ville de Berlin.

Sur internet, il existe un film documentaire russe, sous-titré en Français, qui porte le nom du bonhomme comme titre et qui relève de la pure propagande russe, une spécialité moscovite ! Dommage, car on y voit la fille Isabelle et même la petite-fille Tatiana de Georges Pâques. Voir : dailymotion.com/video/xwh86x.

L'exposé de Pierre Assouline est comme toujours instructif et un plaisir à lire, malgré le thème, avec maintes trouvailles historiques et/ ou littéraires, telle sa référence à la fameuse boutade de Talleyrand "qu'en politique la trahison est une question de date".

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Selon Jacques 4 : 6 "Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles".

Alors pensez vous qu'Il aurait pardonné à "notre traître par orgueil ?"

Il est également dit dans le Proverbe 16:18 que "L'arrogance précède la ruine, et l'orgueil précède la chute" et c'est ce qui est arrivé à "notre héros".

Après de bonnes études, il entre dans un ministère puis la France entre en guerre.

Notre héros participe à sa mission ministérielle dans un premier temps à Bordeaux, puis à Vichy pour finir à Alger dans le gouvernement provisoire aux côtés de Girauc.

Il mène une vie de famille normale, totalement commune et routinière. Il est bien noté par sa hiérarchie mais ne gravit pas assez vite à son goût les échelons.

Par manque de professionnalisme ? Par manque de réseaux amicaux ou professionnels ?

Nous ne le saurons jamais.

Le point de rupture de la trahison de notre héros est la frustration que celui-ci ressent.

Il se "fait approcher" par le service secret soviétique. Dans un premier temps, il donne des "petites informations" sans trop d'importances pour "rendre service" à notre ami à ce moment précis de notre combat contre l'ennemi nazi.

Après guerre, "brinqueballé" de ministères en ministères, il n'est toujours pas reconnu comme un élément de valeur par ses pairs contrairement à ses "camarades" soviétiques.

N'écoutant que son orgueil "il franchit le Rubicon" et "passe" de l'autre côté.

Une fois pris la main dans "la valise", il est jugé et condamné. Sa ligne de défense est simple : oeuvrer pour la paix.

Découvrez quelle est sa vie, ses doutes en lisant cet ouvrage sans concession de Pierre Assouline.

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