A la croisée entre le roman et la biographie, ce livre de
Pierre Assouline sur Georges Pâques, espion de la guerre froide, m'a passionnée à partir du moment où le personnage du traître prend toute son importance tout en s'enfonçant dans son mystère.
Saura-t-on jamais la vérité, même après cette enquête menée en pointillé mais de façon approfondie, qui privilégie le côté psychologique de ce personnage très complexe, haut fonctionnaire français, arrêté en 1963 et condamné à perpétuité pour renseignements fournis aux Soviétiques, concernant en particulier l'organisation de l'OTAN? Gracié en 1970 par Pompidou, son condisciple de la rue d'Ulm, il est mort en 1993.
Curieusement, l'homme retrouvé par le narrateur, qui habitait à deux pas de chez lui, apparaît, en 1985, plutôt quelconque mais il ne faut pas s'y tromper, ce n'est qu'une apparence.
'orgueil et un antiaméricanisme à toute épreuve, voilà ses mobiles selon
Assouline, et non l'appât du gain ou l'idéologie comme on aurait pu s'y attendre. Il était catholique de droite et non communiste
L'auteur se met en scène lui aussi et ses recherches sont très vivantes ainsi que ses entretiens avec son héros lui-même et avec son entourage, sa femme, ses anciennes connaissances, ses correspondants en Russie où il n'hésite pas à se rendre. En fin de compte, cependant, de cet espion, de ce personnage énigmatique, il me restera essentiellement cette définition:
L'homme que son ombre avait investi de la haute mission de maintenir l'équilibre entre l'est et l'Ouest.
Peu de choses en réalité mais si la personnalité de l'espion demeure floue et lointaine, la lecture de ce livre a été agréable et intéressante.
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