AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,96

sur 71 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
7 avis
2
3 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pierre Assouline revient,dans ce qui reste un roman,sur la figure de Georges Pâques.Georges Pâques, haut fonctionnaire de la IVe République, dont on apprend un été 1963, qu'il est une taupe… « On lui aurait donné le Bon Dieu sans confession » s'exclame Georges Pompidou, atterré.Ce petit monsieur croisé dans le bus par Pierre Assouline des années après est bien l'espion le plus étonnant de l'après-guerre.On connait les belles biographies de l'auteur,des références, Simenon, Hergé, des sujet à zone d'ombre,de ceux dont les vies recélent le plus de questions probablement.Mais ici c'est plus sur les mobiles que s'interroge l'auteur. Qu'est-ce qui a pu amener cet homme,par ailleurs catholique pratiquant,à travailler pour l'URSS vingt ans durant,depuis la fin de la guerre.

Naît-on espion?L'argent, l'idéologie, le sexe n'ont pas été pour Pâques le moteur de ce qu'il faut bien appeler la trahison. Assouline se livre à une passionnante enquête sur ce personnage,à des années-lumières de l'agent secret de cinéma et de roman.A-t-il pour cela résolu le mystère?Pas tout à fait à mon sens.Nous faisons la connaissance,vingt ou trente ans après,de certains de ses honorables correspondants soviétiques.Le livre avance par à-coups et nous laisse souvent dans un certain flou qui convient parfaitement à son sujet et à cet univers où nous claquent au visages,comment ne pas les citer,ces deux maîtres es brouillard, Graham Greene et John le Carré.Une question d'orgueil,c'est bien d'orgueil qu'il s'agit d'après Pierre Assouline.Georges Pâques, opaque,croit probablement à sa place dans la conduite des affaires du monde.Par antiaméricanisme,presque uniquement semble-t-il,lequel est chez Pâques élevé au rang de vertu cardinale,dixit Pierre Assouline.

Beaucoup de non-dits,c'est normal dans une affaire d'espionnage,au moins des pas vraiment dits,des devinés.Informateur du KGB,ce Philby à la française,par ailleurs d'une vaste culture et d'une grande foi chrétienne,demeure une énigme bien après la lecture du bon roman,car c'en est un,de Pierre Assouline.La vérité sur l'affaire Georges Pâques conserve ses ellipses et se rendez-vous mystérieux,son ambiance anglo-saxonne qu'on a longtemps crue avoir le monopole de la fiction d'espionnage.Croyez-moi,je suis très loin d'avoir tout cerné de notre agent,mais j'en ai aimé la traque/trame littéraire
Commenter  J’apprécie          40
"Lui, un espion ? une taupe du Kremlin à Paris pendant plus de vingt ans ? un agent des Soviétiques infiltré dans les rouages de l'OTAN ? un homme condamné à mort pour haute trahison ? Lui ?" Lui, c'est Georges Pâques, la principale taupe soviétique en France durant la guerre froide, auquel Pierre Assouline consacre l'une de ses enquêtes, à la suite d'une longue interview que le vieil lui a accordée, et qui le plonge dans une fascination presque malsaine pour le personnage. Car Georges Pâques est ordinaire et banal ("Georges Pâques est un climat semi-océanique de plaine typique du Bassin parisien, aux températures modérées, parfois susceptible de précipitations en raison de perturbations atlantiques"), avec un côté amateur presque attachant - voir son incapacité à faire fonctionner les gadgets de la panoplie du parfait espion que ses officiers de liaison s'obstinent à lui fournir.

Au cours des mois et des années, s'installe entre l'auteur et son sujet une intimité d'un genre bien particulier, matérialisée par l'attente du narrateur sous les fenêtres éclairées, de nuit, de l'ancien espion : "je ne sais plus ce qu'il est au fond car plus je le fouille dans sa complexité, moins il est réductible à une épithète", "Georges Pâques me hantait à mon insu". Et de fait, cette radioscopie est bel et bien intrigante ; et quand bien même l'auto-mise en scène du narrateur peut un peu agacer (surtout que sa dimension littéraire est bien moins affirmée que dans le brillant HHhH de Laurent Binet), il reste passionnant de suivre la démarche de l'enquête, du "bricolage" et de la construction du récit, qui n'est, au sens strict, ni vraiment un récit, ni tout à fait une enquête.

Une plus jolie plume que dans Lutétia dont le sujet était, du reste, passionnante, mais encore cette recherche un peu vaine de la formule ; néanmoins quelques jolies trouvailles, et toujours la multiplication des références (Graham Greene, Simenon, John le Carré, Sorj Chalandon), qui, de fil en aiguille, donne envie de lectures "en rebonds", comme par exemple pour le grand classique du genre qu'est le troisième homme. Surtout qu'Assouline brosse un joli plaidoyer pour une réhabilitation du roman d'espionnage : "Le roman d'espionnage selon mon goût n'existe pas. C'est un microcosme du monde : il englobe tous les mobiles. On peut espionner par amour, haine, cupidité, idéologie, ressentiment, patriotisme, déception, plaisir, parce que le quotidien est ennuyeux, ou parce qu'on se sent supérieur. Mais dans tous les cas, c'est de la vie qu'il s'agit. La vie et rien d'autre. le monde du Renseignement n'est qu'un décor particulier pour la mise en scène de sentiments et de pulsions qui se trouvent déjà dans la Bible et dans Shakespeare."

En bref, une lecture plaisante, en dépit du style et de quelques longueurs, l'analyse psychologique et la sorte de connivence établie dans la perspective biographique, avec empathie assumée, faisant le principal intérêt du bouquin, un peu à l'instar du Limonov de Carrère. Pour prolonger, un chouette roman sous forme de fausse biographie, de Dominique Jamet : Un traître.


"Un archipel de solitudes peuple l'âme de tout espion. Encore que cette qualité accorde une certaine noblesse à celui qu'elle désigne ; nous sommes tous plus ou moins sensible à un certain romantisme de l'espionnage. "Taupe" animalise la fonction sans la bestialiser pour autant ; le rapprochement avec le petit mammifère qui s'ébroue dans les galeries souterraines en est presque charmant ; on en oublierait qu'il est dépourvu d'oreilles apparentes, et qu'il n'y voit rien, ce qui n'est guère indiqué pour un agent de renseignements. "Agent double" sonne déjà moins fièrement qu' "espion", car une double loyauté implique nécessairement une trahison. "Traître" est insupportable : c'est une tache, une insulte, un fardeau. Les circonstances n'y font rien, on ne s'en remet pas. Impossible qu'un tel homme n'ait pas ruminé cela pendant près de vingt ans. "Haute trahison" ? Cela anoblit. Sauf qu'il n'y en a pas de basse."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
Commenter  J’apprécie          30
Georges Pâques, fut l'un des plus importants espions français ayant transmis des informations à l'URSS de 1946 à 1962. Il fut jugé, certaines journées de son procès se déroulèrent à huis clos du fait de l'importance de certains documents confidentiels, et condamné.
Il ne retrouva la liberté qu'après 7 ans de prison. Quelles furent les motivations de cet homme qui transmis des documents sur la défense de la France et de l'OTAN en pleine guerre froide, alors que la menace d'un conflit nucléaire entre le USA et l'URSS était permanente.
Dans ce livre très documenté, Pierre Assouline nous décrit l'orgueil de cet homme américanophobe, agrégé, normalien, « Coeur à gauche, intelligence à droite « , qui le poussa à transmettre ces informations. Ses juges aussi notèrent son orgueil : il voulait éviter à tout prix la guerre atomique entre les 2 grands…et il était persuadé que son action a été déterminante
Pierre Assouline fit un travail d'enquête, tant en France qu'en Russie, après la chute de l'URSS auprès des anciens collègues de Georges Pâques, de ses contacts russes encore vivants, de la documentation de son procès.
Un livre qui se lit comme un polar, un livre que Pierre Assouline dut écrire avec plaisir. Il nous dit son plaisir d'enquêteur : « L'enquête a partie liée avec l'orgasme : une lente montée du désir, la paroxysme d'une jouissance, la plénitude ».
Également une réflexion sur le travail de l'écrivain, sur ses interrogations, son intuition et sa capacité à fabriquer des fiction à partir d'une réalité qu'il adapte : « Un rien sépare l'espion du romancier. Écouter, observer, épier. »
Un bon moment de lecture, des rappels historiques qui m'ont ramené à mon adolescence
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          20
Pierre Assouline - Une question d'Orgueil - *** - fini le 9 mai 2023

Pierre Assouline fait dans les genres très divers (et c'est un grand biographe) mais il se trouve qu'avant celui-ci j'ai lu le Paquebot, qui relatait de manière romancée la vie et la mort du grand journaliste Albert Londres dans le naufrage de son bateau.

Là, dans ce livre de 2012 (dont je n'avais jamais entendu parler), nous sommes dans un « roman » racontant la vie de Georges Pâques, un grand espion au profit de l'URSS. Je me souviens avoir commencé ce livre, avoir bloqué à la page 30 (ce qui m'arrive souvent, une fois passée le plaisir de la « découverte ») puis avoir entendu sur radio classique la chronique de Franck Ferrand sur Georges Pâques. Je me suis dit : « si c'est de lui dont parle Assouline, je continue le livre ». Et c'était le cas…mais sous un angle passablement exaspérant, en mettant constamment à distance le sieur Pâques en question, en multipliant les digressions concernant le narrateur (Assouline lui même ?) qui va jusqu'à flirter avec la petite fille du premier contact russe de Pâques. Pour le reste, les événements sont là mais dans une forme très « psychologisante » avec beaucoup de références et de locutions latines non explicités, comme si nous étions « entre nous »…Assouline rencontra Pâques une seule fois. Résultat, nous avons un roman assez bancal, pas du tout d'espionnage, pas du tout de procès, mais une tranche de vie où Assouline tente à chaque page de comprendre pourquoi une telle défection d'un lettré, et à le mettre sous le compte de l'orgueil, de l'envie d'exister, de compter, Pâques étant persuadé que son action aura évité la guerre entre l'URSS et les Etats-Unis, rien que ça ! Et nous avons en parallèle le « making of » du livre, sa difficulté à l'écrire, l'énigme dans lequel le narrateur est plongée. Sans compter l'absence totale d'humour (Assouline n'a aucun humour, que ce soit dans la vie et dans ses écrits) et il n'y a pas grand chose pour faire passer un récit aride et dont les digressions gâchent tout (on imagine Philippe Jaenada s'emparer de cette histoire), car mettre en parallèle la vie d'espion insoupçonné pendant 40 ans (et qui monte tous les échelons de l'administration !) et la vie d'un narrateur inconnu n'a pas d'intérêt... On se plaît, quitte à faire un roman, à imaginer si Assouline avait fait de Pâques le narrateur de sa propre vie, le fond n'aurait pas été changé, mais l'histoire aurait été bien plus prenante !
Commenter  J’apprécie          10
Les espions ont toujours attiré les écrivains. Graham Greene et John le Carré étant les deux plus prestigieux, au point d'en faire pour le second sa marque de fabrique. Écrire sur ce sujet amène toujours involontairement la comparaison. Les écrivains partagent bien des points communs avec ces personnages de l'ombre. Ils sont en planque, collectionnent les preuves de l'existence de leur héros, qui jouent au moins toujours double jeu, cachent leur intention. Se questionner sur le pourquoi de la trahison est le sujet de ce roman fiction sans l'être. On ne sait guère quelle est la part de l'invention, et d'invention romanesque dans le déroulement de cette histoire . Les protagonistes et le fond de l'intrigue sont celle de l'histoire d'un certain George Pâques, une "personnalité' de la vie politique Française issue du Gaullisme, "insoupçonnable" , et ayant fourni des documents importants aux soviétiques dans les années 50 et 60. Une révélation qui laissera le monde politico- journaliste ahuri. Pâques, ce bon bourgeois tranquille, bien loin des communistes, semblait au dessus de tout soupçon.
Pierre Assouline nous raconte son attachement presque obsessionnel à cette histoire, sa recherche des causes et des aboutissants. Un récit qui semble avoir été envisagé, abandonné, puis de nouveau investi sur le long court, qui vont des années 80 aux années 2000.
Pâques chemine avec lui, comme ces héros de Modiano interlopes, nous laissant dans le champ des interrogations. L'auteur nous parle de sa quête, revient parfois de façon obsessionnelle dans la rue où Georges Pâques habite, cherchant peut être à avoir un nouvel entretien, à moins qu'il ne le redoute. Il faut que cette histoire reste un mystère jamais tout à fait percé, et reste dans une lumière d'aquarelle, comme les agissement des héros de Simenon, qui échappe un jour à leur train train, poussés par on ne sait quelle névrose, ou injonction impérative.
Commenter  J’apprécie          00
Qu'est ce qui pousse un homme à trahir son pays. Si vous ne vous posez pas cette question, vous risquez de vous ennuyer en lisant ce livre. Un tranche d'histoire réservée aux amateurs.
Commenter  J’apprécie          00
Il faut le talent de Pierre Assouline pour se lancer dans la biographie de Georges Pâques cet antihéros de la Guerre Froide qui fût la taupe la plus célèbre de l'Union Soviétique en France.
Pendant près de 20 ans, G.Pâques, haut fonctionnaire surdoué qui occupa de nombreux postes dans différents ministères et notamment à l'OTAN, fournit régulièrement des informations sensibles à ses contacts des Ambassades Soviétiques.Mais Pierre Assouline n'a pas écrit un roman d'espionnage; mais la biographie d'un espion en essayant de trouver les raisons de cet engagement qui sera finalement peut-être qu'une question d'orgueil....grâce au génie de l'écrivain, à son écriture parfaite, à son sens de la mise en scène et à son travail de recherche très personnel, on plonge avec plaisir dans une page récente de notre histoire nécessairement fermée et secrète mais on découvre aussi un étonnant personnage de roman....d'espionnage, évidemment!
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (137) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3238 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}