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sur 954 notes
J'ai attendu que la fièvre médiatique soit passée pour découvrir le dernier roman de Christine Angot, auteure dont, je l'avoue, je suis vraiment client. J'aime son écriture sèche, nette, sans fioriture, narcissique diront certains, mais ô combien intransigeante et par là-même vraie, ne me laissant jamais indifférent. La rumeur d'une réussite m'a fait ouvrir le livre avec envie.... surtout que cette fois-ci, un éclairage était donné à une pièce manquante mais majeure de son histoire, sa mère , qui jusqu'à présent n'apparaissait qu'en ombre fugace dans son parcours.
Si je prends le roman au premier degré, ma déception est énorme. A part quelques pages sur la fin vraiment prenantes et émouvantes, le reste fut un parcours jalonné d'incompréhension. L'histoire en elle même, retracée avec minutie et sobriété, est implacable de banalité. de la rencontre de la petite employée, Rachel, avec Pierre homme cultivé et bourgeois, à leur passion intense qui donnera naissance à Christine, à la vie de mère célibataire dans une ZUP de Châteauroux puis de Reims jusqu'à la découverte de l'inceste, tout y est retracé simplement. Ce n'est pas cette vie simple qui m'a ennuyé mais la façon extrêmement dépouillé du style de la relater.
Une fois terminé, le livre a cheminé dans ma tête et j'ai commencé à percevoir ce que Christine Angot a voulu faire avec ce texte : retrouver les mots vrais de sa mère, issue d'un milieu populaire, faire entendre un parler qui n'a jamais cours en littérature, recréer un style sans le regard professionnel de l'écrivain, aller au plus prêt d'une réalité. C'est bien tenté mais pour moi, romanesquement, c'est raté ! Si je peux passer sur les maladresses de langage de sa mère qui en plus se répète souvent, j'ai beaucoup plus de mal à saisir l'intensité de ces nombreux dialogues, certes quotidiens, mais d'une platitude extrême. Je sais bien qu'en 1959 dans le Berry, les gens du peuple ne parlaient pas comme dans le salon de Mme Verdurin, mais cette accumulation de détails prosaïques, cette indigence stylistique, même toute empreinte d'amour, m'a ennuyé. le pompon étant les accents retranscrits : La version italienne ( une chanson de Dalida) donne "Notrre histoireu c'est l'histoirreueu... d'un ammourrr." et l'accent teuton de la femme du père "C'était un éfénement, tu fois, ce chour là."( et sur plusieurs pages, quasi illisible!). Je n'ai pas compris l'intérêt de ce jeu phonétique qui n'apporte pour moi que lourdeur et incrédulité. Tout ce dispositif narratif aurait du créer de l'empathie mais, au final, cela nous éloigne des personnages.
Et je me suis pris à penser que ce portrait, rendu désagréable par cette envie de ne surtout pas lui donner un apparat littéraire, ressemble à une punition, voire une vengeance ( inconsciente ? ) même
si dans la dernière partie, lorsque les deux femmes se retrouvent enfin pour dire leur amour l'une pour l'autre, où Christine Angot saisit admirablement ces variations de jugements au fur et à mesure que l'on avance dans la vie, le roman émeut. Bizarrement, juste sur ces pages là, la mère parle bien, comme le personnage de roman qu'elle aurait dû être... Mais très vite, elle revient à son parler répétitif et assommant, surtout que sa fille lui a asséné une explication argumentée et sociale à son inceste qui laisse un peu rêveur.
La fin sur le blog
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N°971– Octobre 2015

UN AMOUR IMPOSSIBLE – Christine Angot – Flammarion.

Nous sommes dans les années 50 et Rachel Schwartz, 26 ans, employée à la Sécurité Sociale depuis déjà plusieurs années rencontre, dans une cantine de Châteauroux puis plus tard dans un bal de société, Pierre Angot, traducteur à la base américaine de la Martinerie. Ils se sont revus puis, bien entendu, ont couché ensemble. Bien sûr ils s'aiment, ils sont libres, ils sont beaux, mais le mariage qui devrait couronner cette relation est jugé impossible par Pierre simplement parce qu'il n'appartient pas à la même classe sociale que Rachel, n'ont pas la même culture, la même fortune. En effet les familles des deux amants sont bien différentes et que notamment le père de Rachel est juif et pas très paternel mais Pierre ne voulait surtout pas d'une mésalliance comme celle de son frère. Pourtant Pierre est seul, sans ami et ne refuse pas d'avoir un enfant avec elle. Rachel tombe enceinte, ce qui n'est point original et Christine grandit sans beaucoup voir son père, un peu comme sa mère avant elle. Il veut bien avoir un enfant avec Rachel mais refuse de l'épouser, se contentant de venir les voir de temps en temps, de participer financièrement à l'éducation de sa fille. Rachel sera donc fille-mère, ce qui, à l'époque avait quelque chose d'infamant et l'absence de son père a été traumatisant pour la petite fille, « née de père inconnue ». Leur amour ne sera donc jamais conjugal, pire peut-être, Pierre se mariera avec une autre, différente de Rachel, lui fera un enfant, reconnaîtra cependant Christine, mais pas sans hésitation puisque sa vie est désormais ailleurs. Est-ce à ce moment-là, au moment où sa fille change de nom pour porter le sien qu'il choisit non seulement de rejeter sa mère mais surtout de violer Christine qui pendant des années n'en a rien dit.

Nous sommes en présence d'un roman autobiographique où l'implication de l'auteure se sent à toutes les pages et pas seulement dans l'emploi de la première personne [Elle ne prend même pas la précaution de se cacher sous un nom d'emprunt mais se nomme elle-même]. Je ne connais pas l'oeuvre de Christine Angot, c'est le premier roman que je lis d'elle. Il me paraît poser le problème de l'écriture qui, en principe, a un effet cathartique, en principe seulement car écrire sur soi n'est pas aussi facile qu'il y paraît et le livre est avant tout un univers douloureux. Je pense de plus en plus, pour l'avoir personnellement éprouvé, que l'écriture n'est pas un refuge et que mettre des mots sur ses maux n'est pas forcément la solution. Nous savons tous combien pernicieuse est l'écriture quand il s'agit de se confier à la page blanche et bien plus dur encore est le fait de se mettre soi-même en scène. D'ailleurs, elle en note la difficulté puisque l'apaisement attendu ne semble pas au rendez-vous. Christine a vieilli, elle vit avec Claude et ils ont ensemble une petite fille Léonore. Ce genre de situation, le temps qui a passé et la mort de son père auraient pu gommer les choses. Au contraire pourtant, Christine reste marquée par son enfance, son adolescence au point d'être durablement déstabilisée, de ne plus savoir si elle aime réellement Claude et surtout de rejeter définitivement sa mère dont elle dénonce l'égoïsme au point qu'elle et Pierre l'ont délibérément sacrifiée. Elle se sent profondément seule parce que, même si on est soutenu, on est toujours seul face à une épreuve. Elle réagit comme elle le peut, se réjouit presque de la mort de son père mais cette absence, désormais définitive, lui ferme la porte des explications, la laissant seule face à ses questions. du coup elle s'en prend à la seule personne qui lui reste, sa mère qu'elle rejette, refusant à son tour la possibilité d'une réconciliation et bien entendu du pardon. Elle décide de renoncer à l'hypocrisie qui a été longtemps une règle de vie pour sa mère qui n'a jamais songé à se remettre en question. Faire encore semblant comme auparavant l'épuise désormais. Elle songe même au suicide et juge durement l'attitude de sa mère qui se dérobe. Elles sont désormais deux étrangères et ni les cadeaux ni l'argent ne peuvent racheter aux yeux de Christine ces années d'abandon, ces années perdues et l'amour qui n'existe plus désormais entre elles. le principe même de l'amour n'existe plus pour Christine qui ne sait plus ce que c'est à cause de cette enfance délibérément sacrifiée. A la fin, il y a une tentative d'explication comme si le pardon était au bout mais personnellement je n'y crois pas. Il y a trop de logique froide là-dedans et, même si Christine réussit à décortiquer cette situation, à démontrer la responsabilité de son père, à expliquer sa conduite jusque dans l'inceste, rien, à mes yeux, ne peut justifier celle de sa mère. Tout ce temps perdu ne peut se rattraper, même avec la meilleure des volontés et les dés étaient pipés dès le départ. Ce « happy-end » me paraît trop artificiel. Comme le disait Léon-Paul Fargue « On ne guérit jamais de son enfance »

Une autre piste de réflexion que ce livre m'inspire est le fait de reproduire le modèle malgré soi et malgré le désir qu'on a de l'éviter. le père de Rachel était très absent, comme le sera celui de Christine. Christine sera donc élevée par sa mère avec seulement la famille maternelle, comme Rachel avant elle. de même Rachel a rejeté Christine en lui opposant son silence, sa volonté de ne rien voir et, à son tour, Christine rejettera sa mère comme cette dernière l'avait été par son père puis par son amant. L'appartenance à deux milieux sociaux différents, à une culture et une fortune différentes (et surtout la judéité de Rachel et la supériorité affichée de Pierre) portait sans doute en germe cette exclusion, cet échec de la liaison entre Rachel et Pierre qui n'a pas débouché sur autre chose que sur un fiasco, le mariage en pouvant se faire de la volonté même de Pierre.

Je n'ai pas été emballé par le style que j'attendais plus littéraire. de plus le texte est parfois difficile à suivre. C'est pourtant un livre bouleversant non seulement à cause de l'histoire personnelle de l'auteure mais surtout à cause des questions qu'il pose. J'ai eu du mal à y entrer au début puis, sans doute à cause de mon expérience personnelle pourtant bien différente et malgré la forme que je n'ai guère goûtée je suis allé jusqu'à la fin. Elle ne m'a pas pour autant paru convaincante.

Hervé GAUTIER – Octobre 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
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Un roman autobiographique de l'auteur qui nous livre l'histoire d'amour impossible entre Rachel, sa mère et Pierre son père, mais aussi l'histoire d'amour fusionnel qui la lie à sa mère, cette mère qu'elle a un temps rejetée. En effet, elle lui a longtemps reproché le fait qu'elle n'avait pas "vu" ce que lui faisait subir son père.

Je n'avait jamais lu de roman de Christine Angot, quelle découverte bouleversante ! J'ai été happée par ce destin tragique et cette relation incroyable qui unit ces deux femmes.

Connaissant bien les région de Châteauroux et Reims, j'ai également beaucoup apprécié de découvrir cette histoire dans ces décors.
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Elle écrit bien. Mais franchement je suis restée bloquée sur son interprétation finale. Elle expose, sous forme d'un dialogue avec sa mère, une hypothèse tirée par les cheveux sur les agissements de son père et notamment sur l'inceste qu'il lui a fait subir. Je pense que ça va encore mûrir, c'était peut-être un peu tôt pour annoncer son verdict. C'est comme au cluedo faut être bien sur d'avoir toutes les cartes en mains. Perso j'attends le prochain livre pour savoir qui était son père, son arrière-grand père, tout ça...Il doit y avoir un traumatisme ancestral plus qu'un antisémitisme ancestral, enfin je dis ça...je dis rien...Faudrait demander à Tisseron ou Cyrulnick...
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Un roman parmi les centaines d'autres de la rentrée littéraire, ni meilleur ni pire que la grande masse de ce qui paraît. Pas de dithyrambes donc, mais pas d'agressivité non plus vis-à-vis d'Angot, qui a bien le droit d'écrire des ROMANS, car c'est bien une romancière, avec un style fluide, particulier, peut-être même plus intéressant que le contenu en lui-même. Cette fois-ci, elle s'empare de la figure de la mère, et il y a là une douceur, un apaisement qu'on n'associe pas forcément à son personnage médiatique. Vieillir lui réussit, et cela n'est pas donné à tout le monde !
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Retrouvez un extrait exclusif du nouveau roman de Christine Angot "Un amour impossible" sur le site de la rentrée littéraire flammarion 2015.
Lien : http://ma-rentree-litteraire..
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Ce n'est pas un roman sur l'inceste, Angot en a consacré d'autres, plus spécifiquement, à cette blessure indépassable subie pendant son enfance, mais sur la relation à la mère. L'édition que j'ai eu entre les mains ajoute très judicieusement "conférence à New-York" en appendice, qui éclaire magnifiquement les intentions de l'autrice. le style est très simple en apparence, parfaitement adapté à la description du quotidien et des sentiments sous-jacents aux comportements des protagonistes. J'ai été intéressé et ému de bout en bout par cette évocation de l'intime qui parvient sans effort à toucher l'universel.
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J'avais beaucoup regardé Christine ANGOT dans l'émission qui passait le samedi soir et dans laquelle elle était chroniqueuse. Après avoir lu ce premier livre, je comprends mieux son comportement lors de ces émissions, souvent à fleur de peau et s'emportant parfois au-delà du raisonnable sur des sujets qui ne méritaient pas, selon moi, une telle réaction. Christine ANGOT a, à l'évidence, été abîmée par sa jeunesse, à la fois par l'amour sans borne qu'elle vouait à sa mère, mais aussi et surtout par l'absence d'un père qui lui faisait cependant subir lors de leurs rares rencontres des sévices désastreux. Je ne suis pas passionné par l'auteure, je trouve par aileurs qu'elle critiquait bien facilement l'écriture de ses invités alors qu'elle même n'est pas si talentueuse qu'elle aurait pu le laisser croire. Mais ce roman vaut quand même la ecture.
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Livre troublant quant au récit ...le drame vécu par l'héroïne est à peine signalé , on n'a aucun détail, aucune précision mais vu sa teneur on saisit tout à fait l'impact désastreux qu'il a eu dans sa vie ...ce qui m'a paru intéressant c'est la relation mère/fille , une mère(on ne saurait plus douce) qui n'a pas su protéger son enfant et la vilolence de cette dernière à son égard ...transfert sans doute inévitable ...les mots , les phrases , l'expression, ne suscitent pas d'émotion , on ne peut que constater l'ignominie de l'acte et les conséquences qui en découlent ...une histoire de vie !
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Je ne pensais pas apprécier ce livre, en tout cas pas à ce point. Même si je n'adore pas, ni ne le trouve parfait, en partie à cause de la piètre qualité des dialogues. L'écriture est moins plate que dans mon souvenir, même si la virgule est avare, parfois. Il n'en reste pas moins que ce livre éclaire le travail d'Angot, donne une légitimité à l'auto fiction (que je ne pouvais pas encadrer) et SURTOUT aborde la cruauté du père d'une façon fascinante. L'explication sociologique est implacable, je ne la trouve en rien excessive ou caricaturale. Je trouve dommage que l'auteur se fourvoie à la télévision, elle donne d'elle une image qui en fait un bouc émissaire, et ainsi poursuit le travail de sape entrepris par son géniteur. C'est tout autant fascinant que tristement banal.
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