J'ai attendu que la fièvre médiatique soit passée pour découvrir le dernier roman de
Christine Angot, auteure dont, je l'avoue, je suis vraiment client. J'aime son écriture sèche, nette, sans fioriture, narcissique diront certains, mais ô combien intransigeante et par là-même vraie, ne me laissant jamais indifférent. La rumeur d'une réussite m'a fait ouvrir le livre avec envie.... surtout que cette fois-ci, un éclairage était donné à une pièce manquante mais majeure de son histoire, sa mère , qui jusqu'à présent n'apparaissait qu'en ombre fugace dans son parcours.
Si je prends le roman au premier degré, ma déception est énorme. A part quelques pages sur la fin vraiment prenantes et émouvantes, le reste fut un parcours jalonné d'incompréhension. L'histoire en elle même, retracée avec minutie et sobriété, est implacable de banalité. de la rencontre de la petite employée, Rachel, avec Pierre homme cultivé et bourgeois, à leur passion intense qui donnera naissance à Christine, à la vie de mère célibataire dans une ZUP de Châteauroux puis de Reims jusqu'à la découverte de
l'inceste, tout y est retracé simplement. Ce n'est pas cette vie simple qui m'a ennuyé mais la façon extrêmement dépouillé du style de la relater.
Une fois terminé, le livre a cheminé dans ma tête et j'ai commencé à percevoir ce que
Christine Angot a voulu faire avec ce texte : retrouver les mots vrais de sa mère, issue d'un milieu populaire, faire entendre un parler qui n'a jamais cours en littérature, recréer un style sans le regard professionnel de l'écrivain, aller au plus prêt d'une réalité. C'est bien tenté mais pour moi, romanesquement, c'est raté ! Si je peux passer sur les maladresses de langage de sa mère qui en plus se répète souvent, j'ai beaucoup plus de mal à saisir l'intensité de ces nombreux dialogues, certes quotidiens, mais d'une platitude extrême. Je sais bien qu'en 1959 dans le Berry, les gens du peuple ne parlaient pas comme dans le salon de Mme Verdurin, mais cette accumulation de détails prosaïques, cette indigence stylistique, même toute empreinte d'amour, m'a ennuyé. le pompon étant les accents retranscrits : La version italienne ( une chanson de Dalida) donne "Notrre histoireu c'est l'histoirreueu... d'un ammourrr." et l'accent teuton de la femme du père "C'était un éfénement, tu fois, ce chour là."( et sur plusieurs pages, quasi illisible!). Je n'ai pas compris l'intérêt de ce jeu phonétique qui n'apporte pour moi que lourdeur et incrédulité. Tout ce dispositif narratif aurait du créer de l'empathie mais, au final, cela nous éloigne des personnages.
Et je me suis pris à penser que ce portrait, rendu désagréable par cette envie de ne surtout pas lui donner un apparat littéraire, ressemble à une punition, voire une vengeance ( inconsciente ? ) même
si dans la dernière partie, lorsque les deux femmes se retrouvent enfin pour dire leur amour l'une pour l'autre, où
Christine Angot saisit admirablement ces variations de jugements au fur et à mesure que l'on avance dans la vie, le roman émeut. Bizarrement, juste sur ces pages là, la mère parle bien, comme le personnage de roman qu'elle aurait dû être... Mais très vite, elle revient à son parler répétitif et assommant, surtout que sa fille lui a asséné une explication argumentée et sociale à son inceste qui laisse un peu rêveur.
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