« On ne choisit pas sa famille… », dit la chanson. À 30 ans, Louisa apprend la mort du père qu'elle n'a jamais vu et l'existence d'un frère jamais soupçonnée. Et il y a cet héritage sous condition, qui ne sera versé que si Louisa vit un mois avec Matthias, son frère. La jeune femme quitte alors Paris pour Lougeac, village perdu du centre de la France, pour rencontrer un parfait inconnu. Et s'il n'y avait que ça : Louisa est métisse, fille d'une Peule ramenée d'Afrique par un séducteur aventureux et évaporé. Et Matthias n'est pas le jeune frère qu'elle s'attendait à rencontrer, mais un cinquantenaire taiseux et bourru. Alors, vivre un mois dans un environnement hostile auprès d'un homme mutique, cela vaut-il la peine, même pour un héritage colossal ? « Et la vie commune […] pouvait n'être que le rapprochement de deux solitudes qui, bien qu'additionnées, ne se départaient nullement de leur essence. » (p. 67)
Devant la difficulté de créer un lien fraternel, Louisa se demande si la solitude et l'absence de famille n'étaient pas préférables puisque l'état civil et le sang ne suffisent pas à faire d'elle et Matthias une soeur et un frère. « Si la fraternité était une valeur qui rapprochait les êtres, si les proches amis s'en réclamaient entre eux, être frère et soeur pour de bon était un état de fait qui n'avait guère à voir avec les affinités. » (p. 91) L'amour et la confiance demandent du temps, mais Louisa n'a qu'un mois, dans un monde qu'elle ne connaît. « Et si Matthias, simplement, ne savait pas plus s'y prendre avec elle qu'elle ne savait s'y prendre avec lui ? » (p. 94) Et un jour, la pluie se met à tomber et le frère vient à la rencontre de la soeur. Pas de miracle ou d'épiphanie, seulement deux êtres qui se choisissent et qui se reconnaissent comme frère et soeur. Tout ça grâce à une condition suspensive qui est une demande de pardon adressée d'outre-tombe par un homme qui n'a pas su avoir une famille. le testament est une amende honorable, le seul et ultime cadeau d'un père à ses deux enfants solitaires et abandonnés.
J'ai toujours adoré mon frère, notre gémellité y étant probablement pour beaucoup, mais mes petites soeurs (Surtout une… Pardon, poulette…), j'ai dû apprendre à les aimer. Alors, ce titre au futur, ce lien en devenir et à construire, je l'ai parfaitement compris, je l'ai fait mien. Entre Louisa et Matthias, pas de retrouvailles, mais plutôt des trouvailles, comme un trésor que l'on ne soupçonnait pas et que l'on déterre par hasard en cherchant les racines d'un arbre presque mort. Bien qu'issus de la même branche, Louisa et Matthias n'étaient pas assurés que la greffe prenne. Et pourtant, au frère qu'elle n'a jamais eu, Louisa peut enfin dire « Je t'aime ».
Si j'ai aimé ce roman ? Oui, passionnément, bouleversée à chaque page devant les hésitations de Louisa et les peurs muettes de Matthias. Une bande-son n'a pas cessé de tourner dans ma tête durant la lecture, celle de Maxime le Forestier (vous l'aviez reconnu, non ?) qui a si bien su chanter la famille et les liens d'amour. Vous avez des frères, des soeurs ? Vous les aimez ? Vous les détestez ? Vous en vouliez ? Lisez ce roman, il est pour vous.
Commenter  J’apprécie         280
Je pensais que ce livre me plairait, et même si je n'ai pas détesté...il y a un petit quelque chose qui ne m'a pas convaincu. Je ne sais pas trop l'expliquer.
Attention, les réflexions dans cet ouvrage sont intéressantes, les thématiques abordées le sont de façon pertinentes...racisme, relations fraternelles, relations humaines...
J'essaye d'expliquer ici, mon ressenti, mais attention je dévoile des éléments du livre...
L'histoire trop prévisible ? Trop conte de fée ? l'héritage qui tombe du ciel, les relations avec ce frère inconnu qui se mettent très/trop vite en place, le gentil pompier rencontré au bal du village, l'héritage qui permet de racheter la belle maison qui tombe en ruine et l'épicerie du village...c'était un peu trop pour moi, et pourtant j'aime les histoires positives qui permettent de refermer le livre avec un grand sourire...mais là ça n'a pas fonctionné pour moi
Commenter  J’apprécie         10
Depuis quand n'avait-elle pas sauté de joie en reconnaissant une écriture sur une enveloppe ? Quand elle était plus jeune, soit elle les déchirait fébrilement pour lire leur contenu très vite, comme s'il s'agissait de ne pas vivre un instant de plus sans la présence à ses côtés du signataire de la lettre dont la prose se faisait l'intermédiaire, soit elle les réservait pour plus tard, comme un cadeau précieux, pour jouir le plus longtemps possible de l'idée qu'elle avait de belles choses à y découvrir et surtout que quelqu'un, ailleurs, avait pensé à elle et couché des mots sur le papier à son unique attention. (p.12)
« Et si Matthias, simplement, ne savait pas plus s’y prendre avec elle qu’elle ne savait s’y prendre avec lui ? » (p. 94)
« Elle avait choisi pour unique confidente son amie Carole, celle qu’elle considérait précisément comme une sœur parce qu’il avait bien fallu s’en trouver une autour de soi pour compenser la cruelle absence de fratrie. » (p. 25)
Si la fraternité était une valeur qui rapprochait les êtres, si les proches amis s’en réclamaient entre eux, être frère et sœur pour de bon était un état de fait qui n’avait guère à voir avec les affinités. » (p. 91)
« Et la vie commune […] pouvait n’être que le rapprochement de deux solitudes qui, bien qu’additionnées, ne se départaient nullement de leur essence. » (p. 67)
À l'occasion de son épisode Spécial Jeunesse et Young Adult, Livres Hebdo réunit un panel complet de personnalités de l'édition pour cerner les spécificités de cette fin d'année.
Un webinaire animé par Pauline Gabinari, journaliste Livres Hebdo, en direct de la Maison des Histoires, véritable musée à jouer situé au fond de la librairie Chantelivre.
Avec la participation de :
- Sophie Adriansen, Autrice et grand témoin invité de l'épisode
- Yaël Eckert, Directrice éditoriale chez@bayardjeunesse
- Jean Poderos, Fondateur et directeur des @editionscourtesetlongues7634
- Aude Sarrazin, Directrice éditoriale jeunesse chez @glenatmangaofficiel3371
- Hadi Barkat, Directeur et fondateur de HELVETIQ
- Camille Guénot, Responsable éditoriale aux @editionskaleidoscope et coordinatrice éditoriale aux @editionsmargot840
- Natacha Derevitsky, Directrice éditoriale chez @editionspkj3286
- Murielle Coueslan, Directrice chez @RageotEditeur
- Dorine Borghino, Editrice chez @Scrineo
- Maxime Massole, Libraire chez CHANTELIVRE PARIS
+ Lire la suite