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Marc Schmitz (Autre)
EAN : 9782870039380
160 pages
Couleur Livres (12/04/2024)
5/5   1 notes
Résumé :
En avril 2024, cela fera trente ans ! Une sortie de ce recueil fin 2023 permettra d'être dans les rayons au moment des commémorations. Outre cet anniversaire, cette page d'Histoire continue à intéresser pas mal de monde, chez nous comme en France. Les massacres qui ont ensanglanté le Rwanda en 1994, restent gravés dans les mémoires. L'association Ibuka Mémoire et Justice perpétue le souvenir des victimes, lutte contre l'impunité et les propos révisionnistes. Avec so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Tout d'abord, j'aimerais remercier Babelio et la maison d'édition Couleur livres pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique.

En tant que férue inconditionnelle de fantasy, il est rare que je me plonge dans un autre genre littéraire. Cependant, ce livre m'a permis de redécouvrir l'historique sous un angle poignant et nécessaire : Celui du génocide au Rwanda en 1994.

Le récit commence par poser les bases du drame, en remontant aux événements qui ont précédé le génocide des Tutsis au Rwanda, des décennies avant que le carnage ne se déroule. Cette mise au point est essentielle pour ceux qui, comme moi, n'ont eu qu'un aperçu de ce génocide à travers le programme scolaire. L'auteur réussit à contextualiser le conflit, ce qui permet de mieux comprendre les origines et l'ampleur de la tragédie, incluant l'implication du roi De Belgique et du Pape.

Le livre établit également un lien avec les événements contemporains, notamment la situation qui perdure depuis trente ans au Congo et le génocide actuel à Gaza. Ces parallèles renforcent la pertinence et l'urgence du devoir de mémoire, nous rappelant que de telles atrocités ne sont pas confinées au passé.

Un aspect crucial abordé dans le livre est l'implication – ou plutôt l'inaction – de l'ONU, de la Belgique et des pays occidentaux. Malgré les nombreux avertissements et appels à l'aide, l'ONU a échoué à prévenir le massacre, avec des troupes limitées et des mandats restreints qui les rendaient impuissantes face à l'ampleur de la violence. La Belgique, ancienne puissance coloniale au Rwanda, ainsi que d'autres pays occidentaux, n'ont pas réagi avec la rapidité et la détermination nécessaires pour stopper le génocide. Cette indifférence et ce manque de réactivité ont été dévastateurs pour les populations rwandaises, ajoutant une couche de complexité et de culpabilité à l'analyse historique de cette tragédie.

La deuxième partie du livre est dédiée aux témoignages des survivants et des témoins. On y trouve les récits déchirants des Tutsis, adultes et enfants, qui ont vécu l'horreur, ainsi que les témoignages des Casques bleus présents sur place et du chef de la Croix-Rouge au Rwanda, la seule institution capable de prendre en charge les blessés à ce moment-là. Cette section est particulièrement déchirante, les mots choisis sont d'une puissance évocatrice qui nous plonge au coeur de la tragédie des 100 jours. Les images que ces récits ont gravées dans mon esprit resteront longtemps présentes.

La troisième et dernière partie du livre se concentre sur l'après-génocide. Elle met en scène une journaliste, un magistrat, un collectif de parties civiles, une historienne, et une orpheline rwandaise qui porte un témoignage poignant sur le devoir de mémoire. Car un génocide ne prend jamais vraiment fin pour les survivants, qui portent les cicatrices indélébiles du carnage qu'ils ont vu et vécu.

Ce livre est un rappel brutal mais nécessaire des horreurs du passé et de l'importance de se souvenir pour éviter que l'histoire ne se répète. Rendant hommage aux victimes tout en éduquant les lecteurs sur un chapitre sombre de l'histoire humaine.

Je recommande vivement "Quand l'histoire s'écrit à la machette" à tous ceux qui souhaitent comprendre les mécanismes et les conséquences des génocides, ainsi qu'à ceux qui veulent honorer la mémoire des victimes en portant leur histoire au-delà des pages de ce livre.
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Quand l'histoire s'écrit à la machette, sous-titré, dans cette nouvelle édition, "Seul celui qui a traversé la nuit peut la raconter", est un ouvrage collectif coordonné par Marc Schmitz et qui revient sur le génocide tutsi perpétré par les Hutus entre le 7 avril et la mi-juillet 1994, cent jours où la minorité tutsi va se faire massacrer par d'autres Rwandais, des voisins, des proches, des miliciens avec l'aide de l'État et dans l'indifférence générale.
L'ouvrage est très complet, très abordable et permet de comprendre dans une première partie les causes multiples qui ont conduit à ce génocide. Depuis déjà longtemps, sous divers prétextes (racisme, jalousie ethnique, manipulation, etc.), les Tutsis avaient subi les attaques de leurs compatriotes Hutus ; obligés de quitter le pays à plusieurs reprises, ils avaient acquis un statut minoritaire. Les réfugiés dans les pays voisins espéraient pouvoir retrouver leurs terres. Les premiers textes du recueil expliquent les "36 pièces du puzzle sanglant" qui ont conduit au 7 avril 1994.

La deuxième partie de l'ouvrage offre des témoignages de survivants ou de personnes étrangères témoins du massacre. Les récits sont horribles, on a du mal à concevoir de telles horreurs. le témoignage de Joël Schuermans, Casque Bleu à l'époque, dépasse l'entendement humain par les choses monstrueuses qu'il décrit et a vues. "À la recherche de Fortunée" nous entraîne dans une maison où la famille a été torturée, jusqu'à un bain d'enfants décapités, trempant dans leur sang... image choc et inconcevable qui nous laisse penser que Fortunée n'a pas pu réchapper de cette furie assassine : nous la retrouverons d'ailleurs dans un charnier, à la fin du témoignage.

La dernière partie du livre tente d'analyser et de comprendre. Comment l'ONU, la Belgique, les pays occidentaux comme la France ont-ils pu fermer les yeux et laisser faire alors qu'ils auraient eu les moyens de faire cesser le génocide en cours ? En fin d'ouvrage, une chercheuse du CNRS explique comment elle tente de faire vivre le souvenir au nom des survivants. Elle écrit d'ailleurs que "l'entrée du négationnisme, ce n'est pas le doute, ce n'est pas le mensonge, ce n'est pas l'ignorance : c'est l'abstraction", d'où l'importance de recueillir les témoignages des victimes qui ont pu, en se cachant ou avec l'aide parfois d'un voisin, survivre au pire.

Le livre, publié aux éditions Couleur livres avec le soutien de la Fondation Auschwitz en Belgique, est un document précieux, pédagogique, clair et utile. Il permet aussi de montrer par l'exemple, le témoignage et la réflexion ce qu'est un génocide, qu'il ne naît pas du jour au lendemain et qu'on ne peut pas appliquer ce terme à tous les crimes du monde, en déformant l'histoire. (On ne peut s'empêcher, au passage, d'en vouloir à ceux qui s'approprient les grands mots de l'histoire à des fins idéologiques [voir rhétorique des défenseurs du Hamas depuis le 7 octobre 2023] et qui se plaisent à tout mélanger pour créer le désordre, fabriquant, comme le nomme Céline, un "monde à l'envers"). Pour des raisons racistes, entretenues par de nombreux acteurs depuis longtemps, les Hutus, remplis de haine, sont un jour passés à l'acte.

Le livre offre aussi un ensemble de photographies et de dessins satiriques, ces derniers dénonçant l'inaction des Occidentaux.

Le but des Hutus était vraiment de se débarrasser des Tutsis. Les crimes commis à la machette le prouvent : on ne transperçait pas les ventres, on coupait les bras, les jambes, les tendons, et on violait les femmes pour empêcher la possibilité de la filiation. Ce qui pourrait être qualifié d'inhumain est malheureusement, qu'on le veuille ou non, parfaitement humain... et nous prouve encore une fois la banalité du mal.

Voir aussi le Manoir des lettres.
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L'entrée du négationnisme, ce n'est pas le doute, ce n'est pas le mensonge, ce n'est pas l'ignorance : c'est l'abstraction.
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Quand le moment du monde à l'envers est venu et que c'est être fou que de demander pourquoi on vous assassine, il devient évident qu'on passe pour fou à peu de frais.
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