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EAN : 9782385770570
256 pages
Editions Récamier (04/01/2024)
3.59/5   121 notes
Résumé :
" Ce roman est constitué de faits et d'imaginaire comme un corps de chair et d'os. " - Régis Jauffret

De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l'incarnation du mal absolu. Pour la première fois, la mère du monstre prend la parole sous la plume magistrale de Régis Jauffret, et nous confie le récit de sa grossesse funeste.
Neuf mois de violence et de religiosité étouffante, desquels naîtra ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
3,59

sur 121 notes
« Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l'enfant qu'elles ont porté. On nous accusera d'avoir concocté neuf mois durant un assassin, un monstre, un être qui fera regretter Dieu d'avoir créé Adam et on nous reprochera d'avoir engendré ces fratries asphyxiées aux cendres dispersées, fumant la terre des potagers dont la récolte nourrira les bambins des bourreaux, et nous prêtant le pouvoir de divination des sorcières, on nous blâmera de n'avoir pas cousu nos vulves afin de les préserver de l'existence et du supplice. »

Le prologue est saisissant, le reste du roman le sera tout autant. Et le sujet l'est encore plus. Sans jamais le nommer, Régis Jauffret raconte la gestation d'Adolf Hitler à travers sa mère, Klara, la narratrice. Il fallait oser. le résultat est un texte puissamment hors norme que j'ai lu avec une gravité estomaquée.

Hitler a toujours renié ses origines qui l'auraient desservi politiquement car l'histoire de sa famille, n'a rien de glorieux : misère, enfants illégitimes, consanguinité quasi incestueuse, ascendance douteuse du moins inconnu. Comme le montre la bibliographie fournie en fin de livre, Régis Jauffret s'est énormément documenté pour trouver les cadres concrets de son récit. Klara était une employée de maison au service d'un cousin ou oncle ( selon les versions ) qu'elle finit par épouser à la mort de sa deuxième épouse. Alois Hitler était agent de douanes dans l'empire austro-hongrois.

L'auteur navigue ainsi entre les éléments tangibles dont on dispose actuellement sur la généalogie de Hitler et la description réaliste d'un quotidien rude dans le Waldviertel, une des régions les plus reculées et inhospitalières d'Autriche. Au squelette de nos connaissances sur la famille d'Hitler, il ajoute de la chair. Dans sa solitude, Klara raconte un mari tyrannique et violent lui imposant un devoir conjugal proche du viol, une vie de labeur sans répit, l'omniprésence de la mort avec des épidémies qui déciment les foyers ( sur ses six grossesses, seulement deux enfants atteindront l'âge adulte ). Seule l'écriture clandestine de ses pensées semblent lui apporter un peu d'apaisement.

Dans ce déroulé factuel très sombre, j'ai apprécié que Régis Jauffret ne rajoute pas du psychologisant qui essaierait d'expliquer pourquoi Hitler est devenu ce qu'il était à cause de sa famille. C'était donc fondamental que le récit s'arrête à sa naissance ou plutôt son baptême.

C'est Klara qui mène le récit à la première personne. Elle parle beaucoup, presque sans filtre malgré la crainte d'être découverte par son mari. On est à la fois très proche d'elle par ce robinet ouvert de flux de pensée qui nous assaille, et en même temps, très loin d'elle, comme repoussée par les tourments qu'elle exprime.

« J'ai du mal à mettre de l'ordre dans cette cervelle. Tout caracole là-dedans. Je n'ai jamais vu un tel troupeau de pensées. Elles m'emportent l'une après l'autre, quand elles ne galopent pas vers les quatre points cardinaux comme des chevaux cravachés par le bourreau pour écarteler un condamné. »

Régis Jauffret a trouvé un formidable moyen narratif pour faire le pont entre les questionnements habituels d'une femme enceinte et ce qu'est devenu cet enfant en gestation, en la décrivant comme terriblement tourmentée par le péché originel, par l'enfer, persuadée qu'elle est une pécheresse qui pourrait transmettre son infamie à sa progéniture ou qu'une vengeance divine pourrait indélébilement tachée son bébé. Son confesseur est complètement dépassé par la violence presque blasphématoire des propos de son ouaille.

Ses confessions prennent aux tripes et mordent le ventre parce qu'évidemment, le lecteur ne peut s'empêcher de projeter sur le génocide à venir tant la Shoah est en chacun de nous parce que nous en savons.

Pour accroître cette tension, L'auteur a l'idée -géniale- de mêler aux divagations religieuses terrorisées de Klara des passages délirants qui s'invitent dans son récit malgré elle : ainsi surgissent sans qu'on s'y attende des paragraphes composées de phrases longues, sans ponctuation convoquant les gémissements de Juifs mourant de faim dans les rues des ghettos, les hurlements des enfants poussés dans les chambres à gaz, ou encore les prières s'échappant des wagons surchargés menant à Treblinka ou Auschwitz.

Des flashs hallucinés prémonitoires qui assomment et restent en suspens durant tout le texte jusqu'aux prochains, comme si Klara était contaminée par les idées de l'enfant qu'elle porte. Comme si Hitler était déjà Hitler lorsqu'il était en gestation. Comme si Klara portait en elle une bombe à retardement dont la déflagration exploserait près de cinquante ans après.

Un roman assez fou, d'une puissance évocatoire dérangeante et impressionnante. Troublant et marquant.


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« Les femmes sont grosses de l'avenir du monde. » Un avenir parfois funeste, comme dans le cas de Klara Hitler, lorsque de juillet 1888 à avril 1889 elle porte dans son ventre celui qui s'avèrera la « bête immonde ». Comblant par la fiction les pointillés dessinés par une riche documentation historique, Régis Jauffret raconte cette gestation que, certes ignorante du mal qu'elle porte en germe, il nous présente traversée de sombres fulgurances extralucides, en une implacable superposition d'un présent mortifère, asphyxié par l'obscurantisme religieux et par l'autorité violente du mari, et de visions subreptices d'un futur innommable que lui et nous connaissons.


L'auteur que, depuis son livre Papa consacré à son père emmené par la Gestapo, l'on sait douloureusement marqué par cette époque, a rassemblé tout ce que l'on sait des parents d'Hitler avant de choisir de donner la parole à la mère. Il imagine qu'elle avait pour habitude de se confier à un tableau noir, sitôt couvert de ses mots fiévreux, sitôt effacé dans un réflexe craintif de silence et de soumission. Cette femme dont le récit ne donne jamais le nom, d'abord servante puis épouse, après dispense ecclésiastique, de son oncle, vit terrifiée sous la double emprise de cet homme mesquin, rigide et autoritaire, et d'un curé obscurantiste qui la renvoie à un coupable et inférieur statut féminin justifiant toutes les tyrannies.


Son récit plante le décor cauchemardesque d'une histoire familiale trouble, entre naissances illégitimes et origines incertaines, inceste et consanguinité, le tout confit dans les mentalités arriérées d'une petite ville d'Autriche-Hongrie tolérant toutes les turpitudes pourvu qu'elles portent le masque d'une bienséance bigote et fondamentaliste. Viennent s'y imprimer les terrifiantes confessions intimes d'une femme asservie par la peur et la maltraitance, convaincue jusqu'à la folie de sa coupable infériorité féminine et donc entièrement soumise à l'entreprise de châtiment et d'expiation qui la poursuit dans tous ses gestes et dans le moindre recoin de ses pensées. Tandis qu'elle s'efforce de se conformer au rôle que ses tortionnaires lui assignent – celui d'un ventre répugnant mais muettement soumis aux pulsions de son mari et aux besoins de la reproduction –, se glissent dans son esprit déjà halluciné les flashes de visions qu'elle a toutes les raisons de croire nées de sa diabolique mauvaiseté, mais qui parlent tout autrement au lecteur post-Shoah.


Certes un tantinet répétitif à la longue et imputant sans doute un peu trop le nazisme à la naissance d'un seul homme, ce texte, mûri par des années de préparation – l'auteur l'a remanié après une première édition italienne début 2023, sous le titre 1889 – et porté par la virtuosité d'une plume merveilleusement travaillée, a la puissance d'un grand livre, terriblement noir et douloureux, construit à partir d'obsessions personnelles profondes sur cette aberration : qu'un foetus incarnant tous les espoirs d'avenir d'une mère se transforme en plus grand génocidaire de l'histoire.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Régis Jauffret nous fait ici le récit de la grossesse de Klara (la maman d'Hitler) . le nom Hitler n'est jamais cité. C'est donc ces 9 mois de juillet 1888 à avril 1889 . Il n'a pu obtenir que de maigres documents officiels. Mais nous savons quand même qu'elle résulte du viol et inceste de l"oncle" sur Klara Il va ensuite pouvoir l'épouser avec l'absolution de l'église.Klara subit la religiosité étouffante et culpabilisante, et le souci des apparences. L'auteur est très virulent envers la religion .Pour se sortir de tout ce quelle subit Klara écrit. Nous sommes plongés dans sa tête et grâce à une superbe écriture Elle a des visions prémonitoires qui permet à l'auteur de rendre un puissant hommage aux victimes de la Shoah. Ce sont des lignes d'écriture sans ponctuation mais avec des majuscules ça et là. Une sorte de poésie morbide écoeurante.
Ce livre est très puissant ,je ne suis pas prête de l'oublier. Il existe aussi une forte tension psychologique .
On ne ressort pas indemne cette lecture .
Bravo et merci Mr Jauffret .J'avais déjà ressentie un peu la même chose après la lecture de "Claustria".
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Habitué à décrire, dans ses précédents romans, des situations de folie et de sadisme, Régis Jauffret choisit de raconter, avec Dans le ventre de Klara, la grossesse de la mère d'Adolf Hitler, à partir des rares documents historiques, apportant ainsi sa contribution à l'Histoire.

Enfermé dans une contrainte extrême, ce portrait de femme du XIXè siècle décrit le chemin vers la folie où sa moindre parcelle de liberté lui sera étouffée. La description des différentes formes de domination répondra aux événements historiques à venir : l'enfant à naître, devenu adulte, va osciller entre venger les souffrances infligées à sa mère et répondre aux volontés viriles de son père. Avec ce roman, l'écrivain revient à la fiction avec un roman âpre, dense et terrifiant à la fois, mais absolument réussi !

Brins d'histoire
Klara raconte sa vie muselée, contrainte, réduite à un esclavage domestique suivant la volonté d'Aloïs. Sa culpabilité, de ne jamais pouvoir le satisfaire, elle la retourne contre elle jusqu'à s'abîmer dans la dévotion. Sa peur de perdre l'enfant qu'elle porte est omniprésente, elle qui a déjà mis au mode d'autres enfants qui sont morts depuis.

Pour échapper à ces émotions mortifères, elle tente de conserver une part de liberté. Elle écrit son ressenti dans des petits carnets, d'une écriture qui, au fil du temps, devient illisible. Son passage de domestique à épouse de l'homme qu'elle appelle Oncle, ne lui donne aucun avantage. Car la loi de l'homme, violent, y règne avec brutalité, en paroles et en actes. La mère d'Hitler vit dans la peur, la soumission et l'enfermement.

Emprisonnée par la domination masculine, Klara garde sa foi vivace. Mais, au lieu d'y trouver le réconfort nécessaire, elle subit, là encore, les diktats de la religion, incarnée par un abbé, étriqué dans ses principes intégristes. Il la soumet aux paroles de dieu en fustigeant ses actions dignes, pense-t-il, du diable.

Dénigrée par son mari et aussi par son confesseur, elle n'a que l'écriture pour trouver un peu de plaisir dans sa vie de misère. Mais, au fil des pages, cette espace de liberté sera restreinte aussi. Aucune colère pourtant, jamais ne s'exprime !

C'est le portrait d'une société enfermée dans un patriarcat absolu et une religion omniprésente où l'antisémitisme y est constant et où le rêve d'une grandeur retrouvée berce les rêves de chacun. Cette partie reculée de l'Autriche, proche de la frontière avec l'Allemagne, porte dans sa société, le contexte de l'acceptation de la dictature à venir.

Fiction pour expliquer l'Histoire
Reconnu pour ses combats contre les manipulations de toutes sortes, Régis Jauffret se propose d'éclairer la personnalité d'Hitler par la personnalité de sa mère, subissant le joug de contraintes extrêmes ne pouvant qu'entamer sa santé mentale.

Ainsi, et Régis Jauffret le rappelle, Adolf est le fruit d'un inceste entre Aloïs et sa nièce, Klara. Malgré cela, l'église a légitimé leur mariage, ce qui renforce la culpabilité de la jeune femme qui se considère comme le diable incarné. Comme un écho à son roman Claustria, paru en 2012, pour lequel il avait été condamné en diffamation pour avoir dénoncé des lois autrichiennes assez liberticides sur l'inceste, Dans le ventre de Klara reprend les faits historiques et envisage leurs conséquences sur ses personnages du XIXè siècle.

L'Oncle ressemble aussi au héros d'un de ses précédents romans, La Ballade de Rikers Island, publié en 2014 sur le prédateur sexuel qu'était DSK. Car, Régis Jauffret terrifie en décrivant les appétits sexuels de cet homme que Klara subit complètement, même avant le décès de sa première femme.

Autant dire que l'univers de ce nouveau roman en exploitant les faits historiques ne pouvait qu'interesser Régis Jauffret !

Une réussite !
L'étau ressenti à la lecture devient de plus en plus insupportable. La domination vécue par Klara, de plus en plus contraignante, étouffe l'espace du lecteur. La narration oblige plusieurs fois à arrêter la lecture pour reprendre son souffle, la puissance fictionnelle devenant insupportable !

L'oscillation entre l'empathie et la répulsion est constante : la sympathie grandit pour la fragilité de cette femme, puis quelques pages plus loin, la colère revient devant cette folie mystique qui semble plus la cadenasser. Son acceptation, que toutes ces violences sont des signes de dieu pour éprouver sa croyance, est insoutenable.

Évidemment, Régis Jauffret aborde l'antisémitisme de la famille et laisse sous-entendre, sans s'y attarder, la possible ascendance juive du futur Führer. Rien n'ayant été prouvé généalogiquement, il lui était difficile de suivre cette thèse.

L'art de la narration de Régis Jauffret n'est plus à présenter. Dans le ventre de Klara, le style est percutant et puissant. Présenter ici comme responsable de toutes les erreurs, le personnage justifie la protection que le jeune Hitler lui a accordée lors de sa jeunesse et la douleur qu'il a ressentie lors de sa mort. Mais, la haine de ce père brutal et violent qui ne cesse de dénigrer ceux qui l'entoure a dû provoquer des envies de violences dont l'homme n'a eu de cesse de se venger.

En conclusion,
La banalisation du mal dont Hannah Arendt a développé le concept s'illustre ici dans le quotidien des brimades et de l'enfermement de cette femme. Fonctionnaire médiocre, Aloïs maltraite, harcèle et dénigre son entourage de façon systématique avec l'assentiment de l'église, sans aucun affect. Il commet les crimes de viols, d'agressions sexuelles, de violences physiques et psychologiques sans aucun ressenti et en toute impunité puisque sa femme est une “moins que rien”, incapable, paresseuse, bête et habitée par le diable…Un quotidien de crimes répétés, inéluctablement, sans répit et sans affect !

Une démonstration implacable, un style maîtrisé, des personnages inoubliables, des clefs de compréhension…Un grand roman assurément !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Bigote naïve à la logorrhée étourdissante, Klara est une femme d'un autre temps, un temps où la considération pour le sexe faible était proche de zéro. Un temps où le devoir de la femme était de servir les besoins de l'homme en étant le récipient de son désir, matrice fertile pour sa descendance, tout en ayant en charge la tenue du foyer. 

Peut-être pour se préserver de la violence de son quotidien, fait de viols, de coups et de brimades, Klara est dépeinte comme une femme à l'esprit fantasque. Elle se plaît à le laisser dériver au gré de ses réflexions, de ses angoisses, de ses rêves, se repentant sans cesse, à la moindre sortie du cadre, et allant à confesse au moindre prétexte pour expier ses pensées impies, pour le plus grand plaisir d'un confesseur sadique et prompt à condamner ses ouailles…

Alors qu'elle a déjà perdu deux enfants en bas âge, Klara découvre qu'elle est de nouveau enceinte… Aloïs, son oncle, mais aussi le père de son enfant, est sûr que ce sera un fils, un soldat, un commandant, bref un grand homme… Quant à Klara, quoi qu'il devienne, elle sait déjà qu'elle chérira cet enfant plus que tout…


Je dois dire que traiter de l'un des plus grands criminels du XXème siècle en revenant sur sa genèse, alors qu'il n'est encore qu'un embryon en développement, était plutôt une idée de départ originale autant que séduisante! Un récit qui ne cherche pas à disculper, mais seulement à remettre en contexte une histoire méconnue. Fruit d'un remariage et d'une relation incestueuse entre un homme abusif et violent, obsédé par sa réussite sociale et une femme soumise et bigote, on imagine aisément que l'enfance du jeune Adolf n'a pas dû être joyeuse tous les jours…


Néanmoins, ce qui intéresse ici Régis Jauffret, n'est pas tant ce qui grandit “dans le ventre de Klara”, que les conditions dans lesquelles se déroulent cette grossesse. Portrait saisissant d'une femme qui oscille entre folie, culpabilité permanente, frustration mais aussi rêves de grandeur, Klara est un personnage ambivalent que j'ai trouvé profondément agaçant et antipathique. Bien que victime de sa condition, je n'ai pas réussi à être touchée par cette femme éprise de mots et d'écriture, qui tente, en cachette, de s'extraire du joug patriarcal et de libérer la parole, mais qui ne parvient qu'à produire une véritable logorrhée irritante et bien souvent indigeste.


Malgré un sujet intéressant, j'ai trouvé la plume de Régis Jauffret trop factuelle, trop sèche, trop tournée vers le mystique aussi. Bref, j'ai eu l'impression de rester en dehors du texte, même si, objectivement, je pense qu'il a de nombreuses qualités qui peuvent plaire. A réessayer plus tard peut-être! Il y a des fois ou ce n'est juste pas le bon moment, surtout lorsqu'on sort d'une lecture particulièrement enthousiasmante…
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critiques presse (6)
LeFigaro
07 mars 2024
Il aurait été facile de faire de cette femme un monstre. Mais l'auteur ne démontre aucune théorie fataliste et c'est peut-être le plus terrible.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
22 février 2024
Ce qui marque le lecteur [...], ce sont les visions cauchemardesques de son personnage, qui prennent de plus en plus de place à mesure que la grossesse et le texte avancent. Et les questions que pose en creux le roman sur la capacité de la littérature à transmettre par la fiction l’histoire de l’extermination des juifs, après la disparition des derniers témoins.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
02 février 2024
Régis Jauffret raconte les neuf mois de la vie de Klara, enceinte de celui qui incarnera le nazisme et la Shoah.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
31 janvier 2024
Véritable défi littéraire, Dans le ventre de Klara retrace les neuf mois de grossesse de la mère d'Adolf Hitler. Un ouvrage documenté utilisant la fiction pour combler les silences et les vides. Un roman sombre, réécrit trois fois par son auteur, et traversé de visions annonciatrices d'une Shoah inconcevable au moment où se situe l'action.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
31 janvier 2024
Ce qui marque le lecteur de Dans le ventre de Klara, ce sont les visions cauchemardesques de son personnage, qui prennent de plus en plus de place à mesure que la grossesse et le texte avancent. Et les questions que pose en creux le roman sur la capacité de la littérature à transmettre par la fiction l’histoire de l’extermination des juifs, après la disparition des ­derniers témoins.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaProvence
30 janvier 2024
Écrivain du sombre, le Marseillais nous plonge avec "Dans le ventre de Klara" au cœur des souffrances, des espoirs et des hantises de celle qui a porté celui qui allait devenir l'incarnation du mal absolu.
Lire la critique sur le site : LaProvence
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
(…) je suis la rampe de lancement du massacre et à l'instant de la ponte s'est déclenché le compte à rebours de la bombe que j'abritais dans mes entrailles.
un bébé un bambin un chérubin
et grâce à mes soins attentifs mes câlins mes baisers mes caresses il ne fera que croître et embellir et je serai morte au moment de la déflagration et ce sera le plus grand attentat de l'Histoire jamais perpétré contre le peuple élu et les Tziganes et les handicapés et les homosexuels et les témoins de Jéhova et les oubliés des listes et à tout moment j'aurais pu l'étouffer l'empoisonner le poignarder dans son sommeil au lieu de le couvrir d'amour le couver le veiller la nuit quand il avait pris froid et je demeurerai à jamais coupable e l'avoir porté fabriqué créer et les flammes des fours jettent leur clarté sur mon visage (...)
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A la fin de l’année, mes seins s’infectèrent. Je ne pus allaiter Gustav pendant dix jours. Ensuite, mon lait coula clair et puis ne coula plus. Oncle m’ordonna de compenser la dépense que représentait l’usage du biberon par un moindre appétit de ma part qui contre-balancerait l’achat de lait supplémentaire et il amputa mon budget.
Avec ma sœur nous mîmes un point d’honneur à économiser notre nourriture, si bien qu’à la fin de la semaine il nous restait malgré tout quelques pfennigs. Nous les accumulions en silence, regardant au fil du temps grossir avec joie notre pécule. Nous le cachions dans un pot de terre sur une étagère de la cuisine.
Un dimanche matin, Aloïs le fit tomber en présence d’Oncle. Il se brisa, les piécettes se répandirent. Il fallut s’expliquer. J’avouais.
- Puisque je te donne trop, tu auras moins.
Il fit ramasser la monnaie par Aloïs et en souriant l’empocha.
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Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l’enfant qu’elles ont porté. On nous accusera d’avoir concocté neuf mois durant un assassin, un monstre, un être qui fera regretter Dieu d’avoir créé Adam et on nous reprochera d’avoir engendré ces fratries asphyxiées aux cendres dispersées, fumant la terre des potagers dont la récolte nourrira les bambins des bourreaux, et, nous prêtant le pouvoir de divination des sorcières, on nous blâmera de n’avoir pas cousu nos vulves afin de les préserver de l’existence et du supplice.
L’intervention des pères est trop fugace pour les compromettre en aucune façon. Oncle me l’a dit.
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Les phrases décrivent des faits, citent des paroles sans pouvoir restituer l'odeur, le sens de la vie et en donnent une idée fade. Oncle est amour, or il me semble en consultant ma mémoire que sous le glacier des mots il apparaît brutal, injuste, mesquin, La réalité s'aggrave quand on l’a pétrifié. On dirait même qu'on porte le deuil. Ce n'est pas la faute de la noirceur de l'encre car j'écris à présent à la craie blanche. Il est vrai que le tableau est noir comme un rectangle d'enfer car certains disent que là-bas on ressent la brûlure du feu sans bénéficier de sa lumière.
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À propos de l'elevage canin de l'Oncle :

(...) les chiens dressés au carnage comme les soldats et ceux qui ont dressés les soldats et les chiens et les prisonniers tombent au premier coup de dent et ceux qu'on aperçoit dodus comme des moutons près des pyramides de cadavres avec un os humain dans la gueule.
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Videos de Régis Jauffret (64) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Régis Jauffret
Augustin Trapenard accueille Tatiana de Rosnay pour "Poussière blonde", roman qui raconte la rencontre entre une femme de chambre et Marilyn Monroe, paru chez Albin Michel. A ses côtés, Sonia Kronlund présente "L'Homme aux mille visages", l'histoire d'une extraordinaire imposture éditée chez Grasset, François Garde évoque "Mon oncle d'Australie", paru chez Grasset. Régis Jauffret publie, lui, "Dans le ventre de Klara", aux éditions Récamier, et Julia Malye, âgée d'à peine 18 ans, présente son premier roman, "La Louisiane", paru chez Stock.
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