Saviez-vous que ce n'est pas le bouddhisme qui a inventé la méditation, qui existait déjà dans la vallée de l'Indus il y a 4 000 ans ? Et qu'avant d'être un moyen de relaxation, la méditation est avant tout un chemin vers la connaissance ? Explications d'Eric Rommeluère, enseignant bouddhiste.
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''Grand'' est la parole vive par excellence, car la grandeur vient de la vie et va à la vie. ''Grand'' n'a pas le sens de haut mais celui de vaste et de large. La grandeur n'est pas une abstraction mais un art de vivre. Dans la tradition de l'éveil (le bouddhisme), ''grand'' exprime que tout commence et que tout finit, ici, dans l'expérience la plus triviale, la plus ordinaire de notre condition. Nous avons toujours des idées et des idéaux sur ce qu'est ou ce que devrait être la réalité, mais nous devons aller plus loin, faire un pas supplémentaire, vers l'ici-même, dans la réalité. Nous y installer, ou plutôt, puisque nous y sommes déjà, nous y réinstaller, mais autrement, pour de bon. La grandeur, c'est déjà simplement commencer par mesurer que nous avons un corps, que nous 'sommes' un corps. Parfois, on pense être comme une âme emprisonnée, nous aimerions pouvoir nous détacher des humeurs, des dérèglements, des limitations de cette enveloppe corporelle, pour vivre dans les espaces illimités de l'esprit qui peut tout imaginer, tout penser. Mais la grandeur n'est pas là. La grandeur ne consiste pas à nous abstraire de ce monde, de ce corps que nous avons, mais à reconnaître que nous sommes, de part en part, toutes ces humeurs, ces dérèglements et ces limitations. Nous devons non seulement les reconnaître, mais les éprouver. Nous nous croyons emprisonnés, nous pensons qu'il nous faudrait quitter ce corps-ci et ce mental-ci, mais que serions-nous une fois dépouillés de toutes ces gangues corporelles et mentales ? Absolument rien. Car notre existence ne s'accomplit que dans ce corps et ce mental. Et nulle part ailleurs (p. 45).
On demanda au maître Linji Yixuan : « Quelle était l’idée de Bodhidharma en venant de l'Ouest ? » Le maître dit : « S'il avait eu une idée, il n'aurait même pas pu se sauver lui-même. »
- S'il n'avait pas d'idée, comment le second patriarche obtint-il la Loi [de lui] ? »
Le maître dit : « Obtenir, c'est ne pas obtenir. »
- Si c'est ne pas obtenir, quelle est l'idée de la non-obtention ? »
Le maître dit : « C'est parce que vous ne pouvez reposer votre esprit qui court en tous sens qu'un maître-patriarche a dit : "Hé, mon vieux, il cherche sa tête avec sa tête !" À ces mots, inversez vous-même le regard et retournez la lumière, sans plus rien rechercher d'autre. Si vous savez que rien ne vous différencie des bouddhas et des patriarches, vous êtes immédiatement sans affaire. C'est ce qu'on appelle obtenir la Loi.
La logique marchande a besoin d'abaisser les seuils de stress, mais aussi de rendre invisible la violence de la compétition généralisée. La méditation de pleine conscience répond pleinement à ce double besoin et peut s'ajouter aux nombreux outils de maintenance de l'individu. Plus sereins, moins réactifs, les employés s'impliqueront toujours plus pour une meilleure productivité. (...)
Le discours sur la pleine conscience permet également de masquer la violence collective. Le stress ou la dépression ne sont jamais en effet présentés comme des productions sociales mais comme les effets d'histoires personnelles. Les réponse seront donc thérapeutiques ou paramédicales, jamais politiques. Le diagnostique de Loy et Purser est sans appel : la méditation, comme pratique individuelle, remplit un rôle social, elle offre aux individus une image positive d'eux-mêmes, elle les intègre et les conforme à l'ordre social dominant. Vécue comme une automédication, elle devient l'outil d'auto-contrôle qui permet à chacun d'accepter ce que l'on attend de lui.
Que faire et pourquoi le faire ? Cet essai vise à déployer, pour nous autres modernes, la puissance morale des enseignements du Bouddha. Car, inlassablement, ils répondent à cette double question. Ils assurent que le soin et le souci sont d’authentiques préoccupations morales. Ils affirment que l’être moral est toujours en situation. L’homme est convié à sonder les ressorts et les lignes de force de chaque situation, il doit en imaginer la grandeur pour en libérer les puissances aimantes. Toutes les épreuves se métamorphosent alors en exercices de tendresse. L’habileté est l’ultime recommandation.
La méditation, comme pratique individuelle, remplit un rôle social, elle offre aux individus une image positive d'eux-mêmes, elle les intègre et les conforme à l'ordre social dominant. Vécue comme une automédication, elle devient l'outil d'auto-contrôle qui permet à chacun d'accepter ce que l'on attend de lui.
Pour les pratiquants du dharma, la méditation est inséparable d'un engagement à bouleverser sa vie.
Lorsque aucune pensée ne s'élève, la réalité tout entière apparait.
L'emploi devenu général et passe-partout du terme "méditation" n'est pas sans créer des malentendus. (...) Il laisse également entendre qu'il y aurait une méthode (ou tout au plus des variantes d'une méthode), alors qu'il existe un grand nombre de pratiques dont les techniques et les finalités ne se recouvrent pas.
Je ne plaide nullement pour un zen light qui serait adapté à nos besoins consuméristes ou à nos désirs narcissiques, mais pour un zen qui serait pleinement fidèle aux enseignements des maitres d'antan tout en s'incarnant dans les temps et dans les vies qui sont les nôtres.
Les termes de mindfulness et son adaptation française de "pleine conscience" traduisent le pâli sati, que l'on pourrait rendre par "vigilance", "attention vigilante", voire "présence d'esprit". Les exercices de pleine conscience s'inspirent en effet des pratiques de l'école theravâda, la tradition bouddhiste du Sud-Est asiatique. Dans cette école, l'établissement de l'attention vigilante (sati) est un prérequis aux exercices méditatifs dits de calme mental (samatha) et de vision pénétrante (vipasana).